La Lanterne magique/27

La bibliothèque libre.
Petites Études : La Lanterne magique
G. Charpentier, éditeur (p. 46-47).
◄  XXVI.
XXVIII.  ►
Troisième douzaine

XXVII. — L’ODORAT

La grande et svelte Jeanne vient de partir. Assis dans un large fauteuil, le poète songe, immobile. Bientôt, son rêve l’emmène sur la vaste mer ; il voit les cordages, les mâts élancés dans le ciel d’un bleu intense ; il entend les cris des matelots ; il hume avec joie la brise imprégnée de la senteur du goudron. Le navire qui l’emporte fend glorieusement les flots verts éclaboussés d’or. Enveloppé par l’air tiède, il passe près de vertes îles, d’où lui arrivent les parfums capiteux du musc, du poivre, de la vanille ; et ces suaves odeurs, le poète les savoure et s’en grise en respirant les haleines que tout à l’heure ont mêlées à l’air de sa chambre la chair et la chevelure de sa noire bien-aimée !