La Mandragore (Machiavel, trad. Périès)/Chanson chantée par des nymphes et des pasteurs

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Traduction par Jean Vincent Périès.
Texte établi par Charles LouandreCharpentier et Cie (p. 4).

CHANSON
CHANTÉE PAR DES NYMPHES ET DES PASTEURS.

Puisque la vie est courte, et que les peines qu’elle traîne à sa suite sont nombreuses, livrons nos années à tous nos désirs ; car celui qui se prive du plaisir pour vivre dans les chagrins et les ennuis ne connaît aucune des illusions de ce monde, et ignore à combien de maux, à combien d’accidents, sont exposés presque tous les mortels.

C’est dans l’espoir d’éviter ces ennuis que nous avons choisi la solitude, et formé une société de jeunes gens joyeux et de nymphes agréables, pour couler nos jours dans les fêtes et dans la joie. Nous venons aujourd’hui dans la seule intention d’honorer et d’égayer par nos chants une fête aussi agréable, une aussi charmante réunion.

Nous avons de plus été attires par le nom de celui qui vous gouverne, en qui l’on voit réunis tous les biens qui éclatent sur le front des dieux. Goûtez en paix cette faveur céleste, et le bonheur de votre condition ; livrez-vous à la joie, et rendez grâces au ciel qui vous en a permis la jouissance.