La Mer élégante/Au piano

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La Mer éléganteAlphonse Lemerre, éditeur (p. 33-34).
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Au Piano


Hier un parallèle en moi s’insinuait
Tandis qu’au piano — sous l’éclat des bougies
Lustrant ses cheveux bruns et ses tempes rougies —
Elle jouait un Lied après un Menuet.

Ce clavier, me disais-je, est inerte et muet,
Mais les accords joyeux, les molles élégies
Murmurent au contact de ses mains élargies
Comme si tout un chœur d’oiseaux y remuait.


Or ce clavier sonore est pareil à notre âme :
Comme lui blanche et noire , elle a toute la gamme
Des chantantes vertus et des vices grondants ;

Il lui suffit aussi pour qu’elle vibre et pleure
Et donne tout l’amour qu’elle cache au dedans,
Il suffit que la main d’une femme l’effleure !