Le Château des cœurs/Notes

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Le Château des cœurs
ThéâtreLouis Conard (p. 518-519).


LE CHÂTEAU DES CŒURS.


Achevée en 1863, cette féerie ne fut jamais représentée. Avant de paraître en librairie, elle fut publiée par la Vie Moderne en 1879.

Flaubert se passionna pour cette œuvre, la reprenant et l’abandonnant tour à tour. Dès le début il accepta la collaboration de Louis Bouilhet et de Charles d’Osmoy. Nous citons, à ce sujet, la lettre que lui adressa Bouilhet le 19 juin 1863 :

« Tu parais choqué du féerique, heurtant à chaque pas le réel. C’est, quant à moi, la seule chose qui me charme dans ce travail. Tu veux faire une comédie humaine, et le supernaturel éloigné, séparé, abstrait. Non, je ne vois pas la chose comme cela. J’aimerais mieux alors faire simplement une comédie d’intrigue, sans aucune fée. Mais du moment que tu les admets, il faut, comme Hoffmann dans le Pot d’or, les mêler à chaque acte de la vie, à chaque minute de l’existence… Saïs-tu ce que tu t’exposes à faire avec ton fantastique d’un côté et ton réel de l’autre ? Ce que tu étais sur le point de commettre pour le discours des comices, dans Madame Bovary. Ce n’est qu’en mêlant le comique au sérieux que tu es arrivé à faire une scène légitime, et amusante, surtout… »

Après la mort de ses collaborateurs, Flaubert remania sa féerie, travailla avec le ferme espoir de la faire représenter, et fit auprès des directeurs de théâtre de nombreuses et infructueuses démarches. Découragé, il remit son manuscrit à l’éditeur Charpentier, qui le publia dans la Vie Moderne.

« Peut-être que le Château des Cœurs paraîtra au jour de l’an, avec des illustrations, puisqu’il m’est impossible de lui donner des décors. Cela est un de mes chagrins littéraires (est-ce un chagrin ?) de ne pas voir sur les planches le tableau du cabaret et celui du pot-au-feu. » (Correspondance, IV, p. 375.)