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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Cafardière

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 69-70).
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CAFARDIÈRE, s. f. — 1. Piège pour prendre les cafards. C’est une petite caisse carré long, où l’on a cloué tout le tour, au bord d’en haut, une bande de ferblanc en pente, la pente en dedans. Dans la cafardière on a mis des braises de pain, des taillons de truffes, des râclons d’hortolage, des culs de salade gâtes, enfin toute espèce de bonnes choses. Les cafards, sans se douter de rien, arrivent, attirés par la bonne odeur. Mais ils n’ont pas plutôt mis le pied sur le ferblanc, patatras, les voilà qui glissent dans la cafardière, où ils font des cra, cra, cra épouvantables toute la nuit, sans pouvoir sortir, par rapport au ferblanc. Le matin venu, on les voit là, des centaines, qui jouent à paume, pour se distraire. Alors, quand votre poêle est bien pris, vous secouez la cafardière dedans. La nuit suivante, il y a autant de cafards, mais aussi ce ne sont plus les mêmes.

2. Urne électorale, parce que les bulletins y tombent comme les cafards dans la cafardière. En 1848, il y avait une cafardière au Palais Saint-Pierre. Nous allons voter, tous deux Cafagnat. Passe une dame de belle corporence, un bel immeuble. Un insolent l’aborde : Madame, pour qui vote-t-on ?Pour mon mari, répond la dame, non sans beaucoup d’à-propos. Tout le monde de rire. En sortant nous rencontrons Pocasson. Figure-toi, dit Cafagnat, que nous venons de voir un mecieu qu’a dit à une dame : « Pour qui votez-vous ! » Et la dame a répondu : « Pour mon mari. » Comme c’est drôle ! Hi ! hi ! hi !

Cafardière à cramiaux, Parlant par respect, Crachoir.