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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Carcasser

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 77).
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CARCASSER, v. n. — Tousser d’une façon qui ressemble au son de la cloche de Saint-Nizier. Nous avons en partie tous nos Lyonnais respectables qui carcassent. On commence par croquer un rhume de cerveau. Des myriades de diablotins font élection de domicile dans vos fosses nasales, et là, de leurs fourches et de leurs griffes aiguës, fouillent, chatouillent, titillent et grabottent, tant qu’enfin vos deux yeux versent plus de larmes que ceux de sainte Magdeleine, et votre nez rend jalouse la fontaine des Trois-Cornets. — Du nez l’inflammation s’étend au pharynx ; du pharynx au larynx ; du larynx aux bronches ; des bronches aux poumons. Le rhume de cerveau est « tombé sur la poitrine », et vous toussaillez tout l’hiver. Jusqu’à trente ans, on dit que c’est un rhume ; de trente à quarante ans, on appelle cela une bronchite ; à cinquante ans, vous vous apercevez tout d’un coup que vous avez un catarrhe. Et vous voici à carcasser pour le restant de vos jours. Tel est le sort que nous font les brouillards lyonnais.

D’un radical carc (v. carcot), plus le suff. péjoratif et agrandissant asser.