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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Mal

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 219).
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MAL. — Se donner du mal, Se donner beaucoup de peine, beaucoup de fatigue. Nous connaissions un monsieur qui plaidait en séparation. Hum, disait mon maître d’apprentissage (j’ai déjà eu occasion de faire remarquer qu’il était philosophe), c’est se donner bien du mal pour se faire déclarer c…

Être mal en train, Être mal dispos.

D’après Humbert, Se faire mal, Se blesser (elle s’est fait mal au doigt) n’est pas français. Ces « savants » en décident bien lestement. « La bise de Grignan me fait mal à votre poitrine, » écrivait Mme de Sévigné. « Sous prétexte que je me fais mal aux yeux, » écrit-elle ailleurs.

Avoir du mal, des plaies, des ulcères. Le pauvre enfant a du mal par tout le corps.

Le mal vient à cheval et se rentourne de pied, La maladie vient avec rapidité et s’en va lentement.

Avoir mal à la main qui donne. Voyez main.

Pas mal, pour Un assez bon nombre, n’est nulle part signalé par les censeurs. En dépit de Littré, qui cite l’exemple : Il n’y avait pas mal de curieux, pas mal, en ce sens, me semble un gros barbarisme. L’emploi de la locution est inexplicable.

Penser mal de quelqu’un. Un de mes amis avait pour principe qu’on ne doit jamais penser mal de personne. Il était si à cheval là-dessus qu’il me disait un jour : Je prendrais ma femme sur le fait que je ne voudrais pas penser mal d’elle, je penserais plutôt qu’elle ne l’a pas fait par exprès. — Cette expression ne parait pas absolument correcte, encore bien que La Bruyère l’ait employée. Je crois qu’un puriste dirait « Penser du mal de quelqu’un. »