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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Pot

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 276).
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POT, s. m. — Ancienne mesure de vin. Elle a beaucoup varié. Suivant Valous, en 1564, le pot était de 2 litres 8 centil. Mais j’ignore où il avait puisé ce renseignement. En 1889, « l’ancien pot » était de 1 litre 4 centil. et le « pot actuel » de 1 litre 13 centil. 1/2. Aujourd’hui, pot s’emploie pour équivalent de litre.

Boire pot. Locution explétive pour boire. Allons boire pot, Allons au cabaret.

Après pot, boirons feuillette (v. feuillette), Après bouteille nous boirons chopine.

Sourd comme un pot. C’est très juste ; parlez à un pot, il ne vous répondra guère.

Bête comme un pot. C’est faire du tort aux pots. Les pots ne sont pas plus bêtes que les casseroles, les cafetières, etc.

À deux liards le pot. Voy. liard.

Pot à eau. Non français selon Humbert. Il faut dire pot à l’eau. Ô mesureurs du saut des puces ! Mais Littré donne pot à eau et Sévigné dit pot à pâte.

Pot, au jeu de gobilles. Creux que l’on fait dans la terre et où il faut faire entrer sa gobille. Faire son pot, Faire entrer sa gobille dans le pot en la lançant.

Pot de chambre est très bon français, au même titre que vase de nuit. À Lyon nous employons toujours le premier, et à Paris on emploie toujours le second, parce qu’il appartient au style poétique. La raison, je ne la connais point, mais il y a ainsi des mots nobles et des mots roturiers. Du reste, nous disons plus volontiers thomas, euphémisme décent dont on use à Paris aussi bien que chez nous. Mais pourquoi thomas ? — Parce que saint Thomas fut curieux de tout voir. C’est pour cela que, dans mon jeune temps, nombre de thomas en terraille avaient un œil grand ouvert peint au fond. Cet œil immobile, sévère, scrutateur, me causait dans mon enfance une impression étrange, et je ne me serais point assis au-dessus sans quelque terreur mystérieuse.

Je connaissais une dame qui, ayant été un jour dans la nécessité de se servir d’un de ces vases, ne le voulut pas faire sans avoir au préalable, par un sentiment de pudeur qu’on ne saurait trop louer, jeté du marc de café dans le fond.