Le Monde comme volonté et comme représentation/Dédicaces

La bibliothèque libre.
Traduction par Auguste Burdeau.
Librairie Félix Alcan (Tome premierp. ii).


NOTE DU TRADUCTEUR


Le traducteur s’acquitte d’un devoir en remerciant ici MM. DUBUC et BLERZY, qui l’ont grandement aidé dans sa tâche.




A LA MÉMOIRE
DE MON COLLABORATEUR ET AMI
PIERRE BLERZY
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Nous n’étions pas encore arrivés, mon jeune ami Blerzy et moi, au milieu de ce second volume de notre traduction, lorsque la mort l’a brusquement frappé. Il avait vingt-deux ans, une santé robuste en apparence, mais qu’un excès de labeur avait minée secrètement, une vie intellectuelle très remplie, non par ses seules études de normalien, mais par des recherches et des méditations personnelles. Il voulut encore ajouter à ces travaux le souci de collaborer, pour une part croissante, à la traduction du die Welt. Je cédai à ses instances, à ce charme que ses camarades et ses maîtres ont connu. Ce travail inachevé sera le seul vestige qui restera d’un esprit rare et délicat.

Blerzy avait l’essentiel de ce qui fait les véritables philosophes une curiosité infinie, une sensibilité exquise, une intelligence assez fine pour pouvoir tout pénétrer, assez libre pour vouloir tout embrasser il était doué pour penser d’une manière originale et forte. Ame tendre et naïve, il gardait encore la foi de son enfance serait-il parvenu à la défendre contre le doute ? l’aurait-il échangée contre une doctrine nouvelle ? Ce qui est certain, c’est qu’il n’aurait pas su vivre sans une croyance sincère et approfondie et qu’il l’eût achetée au prix des combats et des efforts intellectuels les plus extrêmes.

La mort nous a pris Blerzy trop tôt pour nous permettre de mesurer l’étendue de la perte que fait en lui la philosophie. Elle a laissé seulement à ceux qui l’ont connu le temps de savoir quel noble cœur elle leur ravissait c’est à peine s’ils peuvent se persuader que tant de jeunesse, tant de grâce et tant d’espérances sont vraiment anéanties.

A.B


NOTE DU TRADUCTEUR


Le traducteur s’acquitte d’un devoir en remerciant ici M. Alekan, élève de l’Ecole Normale supérieure, dont le concours lui a permis de mener à bien sa tâche.