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Le Mystère de Quiberon/14

La bibliothèque libre.
Dujarric et Cie, Éditeurs (p. 199-211).



CHAPITRE XIII

Documents contemporains. — Ordre du jour d’un chef de canton et ordre du jour d’un comité correspondant à l’agence de Paris. — Preuve qui en résulte du conflit entre les partisans de Louis XVII et ceux de Louis XVIII. — Lettre du comte de Talhouët confirmant cette preuve. — Fausse annonce de la reconnaissance de Louis XVIII par le roi d’Angleterre. — Réserve de l’Angleterre sur cette question, établie par les journaux de l’époque. — Persistance des Vendéens et des Chouans à reconnaître Louis XVII. — Une adresse du Comité de surveillance de Nantes. — Un récit d’un chef royaliste attestant la fidélité à Louis XVII en septembre 95.

Il n’est pas impossible, en rassemblant les éléments épars que l’on possède aujourd’hui, de refaire un état des moyens employés pour amener la substitution du nom de Louis XVIII à celui de Louis XVII.

Voici d’abord deux documents importants, tirés des Archives du Morbihan, par M. de Closmadeuc, qui les présente ainsi :

« Des ordres étaient affichés partout dans les bourgades. Voici une de ces affiches :


« Au nom du Roy et du général Puisaye, nous ordonnons à tous les soldats enrôlés dans l’armée catholique de se réunir promptement en rassemblement pour se rendre de suite à Mohon pour 10 heures demain. Les volontaires qui voudront se joindre à la troupe, seront bien reçus du général.


» Signé : Troussier.
» Chef de Canton.
» Membre du Conseil général du Morbihan.
» 3 juillet 1795, l’an 2e du règne de Louis XVIII[1].
» (Corresp. du proc. synd. du départ.
» Ier thermidor an III.) »

« Huit jours après, Puisaye lui-même adressait aux chefs des Chouans, une circulaire dont nous avons trouvé deux copies, l’une qui fut déposée sous une pierre à Pontivy, en face de la maison du citoyen Ruinet, beau-frère du citoyen Boullé, procureur-syndic du département, et l’autre qui fut saisie, trois ans plus tard, chez le chef de Chouans Bellec, au Plumelian :


« 18 juillet 1795, Ire année du règne de Louis XVIII.


   » À Monsieur le capitaine Bellec.

» Monsieur, le Conseil nous charge de vous faire passer copie de la lettre de M. de Puisaye, Général en chef de l’armée royale de Bretagne, dont voici l’extrait :

» Au camp de Carnac, le 11 juillet 1795.

» Ire année du règne de Louis XVIII.

» Je m’empresse de vous apprendre Messieurs, que je viens de recevoir des dépêches d’Angleterre, par lesquelles Sa Majesté Britannique me fait informer qu’elle reconnaît Louis XVIII, roy de France. Cette reconnaissance tant désirée nous annonce des secours de tous genres sur lesquels vous pouvez compter.

» Publiez et proclamez notre nouveau Roy ; faites dire aux rebelles que tous ceux qui rendront des services et remettront des places, qui passeront sous nos drapeaux, peuvent compter sur l’oubli du passé et sur toutes les récompenses. Faites agir les intelligences, et le premier port qui proclamera Louis XVIII, le premier corps qui se rangera à son service, se couvriront de gloire.

» Multipliez les diversions, que toute la province se lève et le triomphe de la religion, de la monarchie et de la paix est assuré.


» Ainsi signé : Comte de Puisaye,
» Général en chef de l’armée catholique et royale
» de Bretagne.

» Demain 19, on publiera cette lettre dans notre paroisse. Nous désirons que vous la fassiez aussi publier ce jour, si elle vous est parvenue.

» Nous sommes avec estime, vos affectionnés serviteurs.

» Les membres du bureau de correspondance de M. de Lantivy.


» Kerarvorec Marot, Horro.

» P. S. — Il vous est aussi enjoint d’afficher la présente. »

(Arch. départ., liasse non classée.)


Ces deux pièces[2] sont manifestement très suspectes, non au point de vue de leur authenticité, qu’on ne saurait mettre en doute, mais au point de vue de l’exactitude des attributions qu’elles énoncent et de la véracité de leur contenu.

D’abord, il est évident que M. Closmadeuc se hasarde beaucoup (par simple inadvertance sans aucun doute) en disant que la seconde circulaire émanait de Puisaye lui-même : il est au contraire infiniment probable que l’agence commettait un faux en empruntant le nom et l’autorité de Puisaye, et un autre faux en supposant une communication qu’elle n’avait pas reçue.

Tout le prouve :

La date indiquée : Au camp de Carnac, le 11 juillet 1795. — Depuis le 6 juillet, les royalistes et Puisaye avec eux, étaient enfermés, « bloqués comme des rats » dans la presqu’île. Puisaye n’a pu, le 11, dater une lettre du camp de Carnac.

La teneur de la lettre : Puisaye aurait reçu des dépêches portant reconnaissance par le roi d’Angleterre, de Louis XVIII comme roi de France. Mais précisément, Louis XVIII, se disant roi de France, se plaignait, à cette époque et longtemps après, de n’être pas reconnu par le roi d’Angleterre, ni par aucun des autres souverains. Et puis ! ce serait en vertu de la reconnaissance de « Sa Majesté Britannique » que Puisaye se croirait obligé et prétendrait imposer aux royalistes de France de reconnaître un nouveau roi ! Et puis encore ce serait Puisaye, si constamment soucieux de ménager les susceptibilités bretonnes, qui viendrait signifier que les secours dès longtemps annoncés et promis par lui, dépendent de cette reconnaissance « tant désirée » !

Non, — il y a là mensonge et maladresse qu’il est impossible d’attribuer à Puisaye, parce qu’ils sont en sens inverse du langage et de l’attitude qu’il avait très politiquement adoptés. Il faut certainement y voir un des actes de cette « longue suite de perfidies » dénoncée à la charge de l’agence par les écrivains de tous les partis.

Ensuite, — et il est assez étonnant que cette remarque n’ait pas été faite par M. de Closmadeuc, — il faut constater que ces deux pièces, telles qu’on les donne, sont tout à fait inconciliables. Si le nom de Louis XVIII eut été à l’ordre du jour de l’armée de Bretagne dès le commencement de juillet, il n’y aurait eu aucune raison de notifier, le 18, qu’on « vient de recevoir » l’avis de sa reconnaissance « tant désirée », et d’envoyer des injonctions pour faire « publier et proclamer le nouveau roy ».

La circulaire du 18 juillet, dans tous les cas et quel qu’en soit l’auteur, apporte toujours une nouvelle preuve de ce fait déjà si clairement établi, que, jusqu’à ce moment au moins, c’était bien pour Louis XVII que se battaient les insurgés bretons.

Un document, auquel personne n’a fait attention, fournit une confirmation bien remarquable de cette preuve.

C’est une lettre du comte de Talhouët, lieutenant-colonel du régiment du Dresnay au colonel titulaire, le marquis du Dresnay. Il lui écrit le 13 juillet :


« … Je me borne aux détails qui concernent votre régiment ; l’esprit en est toujours très bon, je pense même que les sujets sur lesquels nous avions des soupçons, reviennent à l’opinion des véritables royalistes… Nos drapeaux ont été bénis hier par monseigneur l’évêque de Dol[3]. »


Cette lettre se passe de commentaires. Elle complète une série de contre-preuves qui déterminent avec une certitude absolue, le caractère des événements, comme la seconde sommation d’Ellison, au nom de Louis XVIII, donne toute sa signification à la première, faite au nom de Louis XVII ; comme la circulaire du comité de M. de Lantivy, annonçant la reconnaissance de Louis XVIII, donne toute sa signification à la proclamation de Puisaye au nom de Louis XVII, de même la nouvelle bénédiction des drapeaux, qui ne peut avoir d’autre but que de servir à la proclamation de Louis XVIII, donne toute sa signification à celle du 28 juin, qui avait, en réalité, abouti à la proclamation de Louis XVII.

Et ici, la symétrie des faits prend une valeur pleine par la concordance des dates. Il devient facile de reconstituer exactement les phases successives que subit la question du dissentiment sur le nom du roi.

On a vu comment ce dissentiment avait commencé pendant la traversée, au moment où fut reçue la nouvelle de la mort de l’enfant au Temple, et comment, après avoir été la cause latente des tiraillements entre les chefs et entre les divers corps de troupes, il s’était manifesté sous une forme plus apparente, à l’occasion de la bénédiction des drapeaux.

Les dépêches expédiées en Angleterre pour réclamer une décision sur le fait du conflit entre les commandants, n’étaient évidemment pas muettes sur la question qui était la cause du conflit.

Sombreuil était arrivé avant la réponse de l’Amirauté ; il avait pu seulement annoncer que cette réponse tranchait la question de commandement en faveur de Puisaye. Mais il avait apporté ses instructions personnelles ; et nous savons par les Mémoires de Villeneuve-Laroche, que la mort de Louis XVII y était donnée comme « officielle ».

Cela parut suffisant à Talhouët et à ceux qui, comme lui, étaient dans ce qu’il appelle l’opinion des « véritables royalistes » pour organiser, le 11 juillet, cette cérémonie d’une seconde bénédiction des drapeaux, qui dut être célébrée à peu près à huis-clos, car on n’en trouve mention dans aucun des Mémoires contemporains.

Ce fut seulement quelques jours après, quand fut parvenue à Quiberon la réponse du Ministère britannique, qu’un comité particulier lança la circulaire au nom de Louis XVIII[4] et que le commodore Ellison fit sa seconde sommation ; ces deux actes sont du même jour, 18 juillet.

Cette réponse contenait-elle donc, comme on le publiait, l’avis d’une reconnaissance officielle par le roi d’Angleterre, de Louis XVIII, comme roi de France ? On peut sûrement affirmer que non, puisque le comte de Provence n’a jamais cessé de se répandre en plaintes acrimonieuses sur le tort que lui faisait et que faisait à la cause monarchique, telle qu’il la comprenait, le refus de reconnaissance.

Le secret des négociations qui furent poursuivies par le prétendant auprès des cabinets de l’Europe, sur cette question, si grosse pour lui, n’est pas encore sorti des armoires réservées des chancelleries. Mais, par l’examen des faits patents, il n’est pas impossible de déterminer dans quels sens elle fut, à ce moment, envisagée et traitée par le gouvernement anglais.

Depuis plusieurs semaines que l’avis était parvenu et confirmé de l’événement du 8 juin, la cour d’Angleterre, qui, aussitôt après le 21 janvier 93, avait pris le deuil de Louis XVI et qui avait toujours considéré et reconnu Louis XVII comme roi de France, était restée sans en prendre le deuil, non pas, — comme l’insinuaient dès cette époque des officieux[5], — en raison de difficultés protocolaires, car par le fait de la Régence reconnue du comte de Provence, les formalités de notification officielle étaient beaucoup plus faciles et plus simples que pour la mort de Louis XVI, mais, très évidemment parce que là, comme ailleurs, la nouvelle de l’évasion avait trouvé plus de créance que celle du décès.

Mais une divergence complète de vues existait entre Georges III et ses ministres, soutenus le plus souvent contre lui par le propre fils du roi, le prince de Galles, aspirant perpétuel à la régence. Georges III était légitimiste. La politique de son ministère était moins sentimentale et moins soucieuse des principes ; elle devait être facilement accessible à la considération des avantages que pouvaient assurer aux intérêts de la Grande-Bretagne quelques concessions faites aux prétentions des Princes, qui ne marchandaient ni les avances, ni les promesses.

Le Moniteur du 6 thermidor publie une correspondance de Londres, très intéressante à ce point de vue :


« Londres, 30 juin.

» Le bruit court que Monsieur vient d’entamer une correspondance officielle avec le cabinet de Saint-James et que lord Grenville a déjà reçu deux gros paquets venus de Vérone ; mais il ne transpire encore rien de ces négociations.

» On dit aussi qu’on attend incessamment à Londres le comte d’Artois, qui viendra en qualité de lieutenant général du royaume de France[6]. »


C’est à la suite de cette négociation que le gouvernement britannique, ne voulant, ne pouvant même en somme, prendre parti sur une question qui divisait les royalistes, mais que les royalistes eux-mêmes évitaient de traiter publiquement, a dû donner l’ordre aux corps à sa solde, qui agissaient comme auxiliaires, de se conformer provisoirement aux résolutions qui seraient prises par les royalistes en face des instructions émanant du prince qui, en l’état de choses était légalement le dépositaire de l’autorité royale.

Et tout prouve qu’en effet, il n’y eut rien de plus.

Du côté de l’Angleterre, il est assez public qu’il n’y eut pas reconnaissance officielle de Louis XVIII comme roi de France[7].

Du côté des royalistes, il est manifeste que cette royauté fut loin d’être reconnue unanimement et que, de la part de beaucoup d’entre eux, la proclamation de Louis XVIII fut acceptée, ou plutôt subie comme une nécessité temporaire, pour éviter l’éclat désastreux d’une scission publique.

Voici un document datant de cette époque, qui prouve même que la résistance à cette nécessité se soutint encore quelque temps.

C’est une adresse du Comité de surveillance de Nantes à la Convention, en date du 29 messidor an III (17 juillet 95). On y lit ces lignes :


« Jusqu’auprès de nos barrières, tous ceux qui passent en petit nombre ou sans armes, sont surpris, arrêtés, assassinés par des guet-apens qui interceptent toutes nos subsistances, s’appuyant sur des ordres de leurs chefs, donnés le plus souvent au nom chimérique d’un Louis XVII[8]. »

Deux mois plus tard, un chef royaliste qui ramenait de Rouen 28 dragons du 16e régiment, recrutés par lui pour passer aux Chouans, avait pris logement à Saint-Martin-l’Aiguillon, chez un M. Dupeiron, qui lui parla des Chouans « comme de bandits, pillards et assassins ». En quittant son hôte, le lendemain matin, il lui dit : « … Si vous vous trouvez quelque jour inquiété par ces bandits de Chouans, dites-leur qu’Alexandre est votre ami et tous ses camarades du 16e régiment de dragons. Vive Louis XVII[9] ! »

Ce qui se passe à Quiberon même est extrêmement significatif.

Sombreuil a apporté un double avis : que le mot d’ordre est de marcher au nom de Louis XVIII ; et qu’une décision va arriver, tranchant, au profit de Puisaye, le conflit de commandement. Et cependant, le conflit de commandement ne cesse pas ; et la proclamation de Louis XVIII se fait dans des conditions singulières de quasi-clandestinité. Une seule explication est possible ; c’est que les Chouans n’acceptant pas franchement Louis XVIII, et Puisaye lui-même n’osant pas se compromettre sans réserve dans ce sens, d’Hervilly, Talhouët et autres « véritables royalistes », selon la formule de M. de Provence, sentaient le danger de ces deux décisions qui leur paraissaient contradictoires.

Elles l’étaient, en effet, et à un degré invraisemblable, si l’on n’admet pas que la véritable intention du gouvernement anglais, influencé peut-être par la volonté royale, était de laisser en définitive au parti des royalistes de l’intérieur que Puisaye commandait et représentait en Bretagne, toute latitude pour la conduite à suivre sur cette question dynastique[10].


  1. L’année 1795 était, depuis le 21 janvier, la 3e du règne de Louis XVII, mais une erreur de cinq mois est assez admissible de la part d’un chef de canton ; il est au contraire tout à fait impossible d’admettre que cette erreur ait pu être faite pour le règne de Louis XVIII, qui ne pouvait tout au plus dater que de quelques jours. Par ce motif, et aussi en raison de mille faits prouvant que la levée des boucliers avait eu lieu au nom de Louis XVII, c’est sous toutes réserves de vérification que cette pièce est donnée ici telle que l’a publiée M. de Closmadeuc ; non pas que la bonne foi de cet honorable écrivain puisse être mise en doute, mais parce qu’il paraît évident que la pièce portait : « 3 juillet, 2e année du règne de Louis XVII », et que quelque archiviste, ou peut-être M. de Closmadeuc lui-même, persuadé de la mort du jeune roi, le 8 juin, a cru voir une faute d’impression dans le nom de Louis XVII et a cru corriger une erreur matérielle en lisant et en transcrivant Louis XVIII. Nous donnerons plus loin la preuve de faits pareils.
  2. Ces deux pièces, ainsi que le texte qui les accompagne, sont tirées de l’ouvrage très documenté : Quiberon, par M. de Closmadeuc.
  3. Correspondance de Charette, Stofflet, etc., et autres chefs royalistes, Paris, Buisson, imp. lib., t. 2, p. 317.
    Le Talhouët qui a écrit cette lettre, n’est pas Talhouët de Bonamour, dont parle Michelet, mais le comte de Talhouët-Grattonaye, qui fut tué à l’affaire du 16.
  4. D’après les règles de l’organisation royaliste en Bretagne, le droit de faire une notification de ce genre n’appartenait qu’au Conseil général du Morbihan. Ce ne peut être que sur le refus de ce Conseil que le « bureau de correspondance de M. de Lantivy » s’arrogeait de tels pouvoirs.
  5. Il est intéressant de constater avec quelle facilité les officieux parvenaient à faire passer partout les versions utiles. C’est dans le Moniteur que se trouve cette extravagante explication. Voici ce qu’on lit dans le n° du 1er thermidor an III (19 juillet 1795) :
    « Londres, le 30 juin. … La cour en prendra-t-elle, ou n’en prendra-t-elle pas le deuil ? Telle est la question qu’on agite avec beaucoup de chaleur. Mais pour que le deuil eût lieu, il faudrait que cette mort fût notifiée officiellement, ce qui n’est guère possible, à moins que ce ne soit quelque ministre britannique auprès d’une cour étrangère qui en donnât connaissance, encore cette notification ne serait-elle pas selon l’étiquette adoptée. »
  6. Il est remarquable que cette note porte la même date que d’autres notes insérées dans plusieurs numéros antérieurs du Moniteur. C’est par calcul, certainement, qu’elles ont été ainsi échelonnées. Celle-ci n’est évidemment pas du même correspondant que celle insérée dans le Moniteur du 1er thermidor. Ici, le comte de Provence est qualifié de Monsieur, ce qui montre qu’à Londres, il n’était encore considéré que comme Régent.
  7. Plus de deux ans après, le duc de Bourbon écrit de Londres, le 28 septembre 1797, au Prince de Condé : « Le duc d’Harcourt m’a dit avoir encore appuyé pour engager les ministres à se décider à reconnaître publiquement le Roi de France ; mais on n’obtient jamais de réponse favorable lorsque l’on traite cet article. » (Hist. des trois derniers princes de la Maison de Condé, Crétineau-Joly, t. 2, p. 199.)
  8. Mellinet : La Commune et la milice de Nantes, t. 9, p. 279.
  9. Ce fait est raconté par ce chef royaliste lui-même, Billard de Veaux, dans ses Mémoires, t. I, p. 123.
    D’après les autres circonstances du récit, l’aventure eut lieu entre le 10 et le 15 septembre 1795.
  10. Cette histoire extraordinaire, que raconte Puisaye, de ses lettres à Louis XVIII, dont aucune ne parvint à celui-ci, mais dont le ministre Whindham se trouve en mesure de lui fournir plus tard des copies, deviendrait ainsi compréhensible. — Ne voulant pas se perdre sans retour auprès de ses Bretons, qui généralement tenaient pour Louis XVII ; ne voulant pas sacrifier toutes chances de fortune du côté de Louis XVIII, Puisaye aurait imaginé cette combinaison ingénieuse, mais vraiment un peu trop subtile, d’expédier à Windham des copies de lettres qu’il était censé adresser à Louis XVIII, — et si le gouvernement anglais suivait le parti indiqué ici, il entrait évidemment dans le jeu de Windham de s’y prêter, avec ou sans entente avec Puisaye.