Le Piccinino/Chapitre 41

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Le Piccinino
Le PiccininoJ. Hetzel Œuvres illustrées de George Sand, volume 6 (p. 110-114).
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XLI.

JALOUSIE ET RECONNAISSANCE.

La princesse attira le marquis et Pier-Angelo à l’écart pour leur dire que l’abbé était entre les mains du Piccinino et qu’elle venait d’en recevoir la nouvelle par un témoin oculaire qu’il lui était interdit de nommer.

On apporta ensuite de nouveaux sorbets et on se remit à causer. Malgré le trouble et la timidité de Magnani, malgré l’enivrement et les distractions de Michel, la princesse et le marquis eurent bientôt tranquillisé ces deux jeunes gens, grâce à l’intelligente prévenance et au grand art d’être simple que possèdent les gens bien élevés quand le fond du caractère répond chez eux au charme du savoir-vivre. Ainsi, Agathe sut interroger Michel à propos des choses qu’il savait et sentait bien. De son côté, le jeune artiste fut ravi de la manière dont elle comprenait l’art, et il grava dans sa mémoire plusieurs définitions profondes qui lui échappèrent plutôt qu’elle ne les formula, tant il y eut de naturel dans son expression. En s’adressant à lui elle semblait le consulter plutôt que l’instruire, et son regard, animé d’une sympathie pénétrante, semblait chercher, dans celui de Michel, la sanction de ses opinions et de ses idées.

Magnani comprenait tout, et, s’il se hasardait rarement à prendre la parole, il était facile de lire dans sa physionomie intelligente que rien de ce qu’on disait ne dépassait la portée de son esprit. Ce jeune homme avait d’heureuses facultés qui seraient peut-être restées incultes sans sa passion romanesque. Dès le jour où il s’était épris de la princesse, il n’avait cessé d’occuper une partie de ses loisirs à lire et à s’instruire dans l’étude des œuvres d’art qu’il avait pu contempler. Il avait employé ses vacances, que les artisans appellent la morte-saison, à parcourir à pied la Sicile et à voir les richesses que l’antiquité a semées sur cette terre, si belle d’ailleurs par elle-même. Tout en se disant qu’il était résolu à rester humble et obscur, et en se persuadant qu’il ne voulait pas déroger à la rude simplicité de sa race, il avait été poussé à s’éclairer par un instinct irrésistible.

L’entretien, devenu général, fut plein d’abandon, de charme et même d’enjouement, grâce aux saillies de Pier-Angelo et aux naïvetés de Mila. Mais ces naïvetés furent si touchantes que, loin de faire souffrir l’amour-propre de Michel en présence de la princesse, elles lui firent apparaître sous un jour nouveau les quinze ans de sa petite sœur. Il est certain qu’il n’avait pas assez tenu compte de l’immense changement qu’une année de plus apporte dans les idées d’une jeune fille de cet âge, lorsque, croyant encore avoir affaire à un enfant irréfléchi et craintif, il avait, d’un mot, cherché à ruiner toutes les espérances de son cœur. Dans chaque parole que disait Mila il y avait pourtant un progrès bien grand de l’intelligence et de la volonté, et le contraste de ce développement de l’esprit avec l’inexpérience, la candeur et l’abandon de l’âme, offrait un spectacle à la fois plaisant et attendrissant. La princesse, avec ce tact délicat que possèdent seules les femmes, faisait ressortir par ses réponses la charmante Mila, et jamais Michel, ni Magnani, ni Pier-Angelo lui-même, ne se fussent avisés auparavant du plaisir qu’on pouvait goûter à causer avec cette jeune fille.

La lune monta, blanche comme l’argent, dans le ciel pur. Agathe proposa une promenade dans les jardins. On partit ensemble ; mais bientôt la princesse s’éloigna avec Magnani, dont elle prit familièrement le bras, et ils se tinrent, pendant une demi-heure, à une telle distance de leurs amis, que souvent même Michel les perdit de vue.

Ce qu’Agathe put dire et confier au jeune artisan, pendant cette promenade, qui parut si longue et si extraordinaire au jeune Michel-Angelo, nous ne le dirons point ici ; nous ne le dirons même pas du tout. Le lecteur le devinera en temps et lieu.

Mais Michel ne pouvait s’en faire la moindre idée, et il était au supplice. Il n’écoutait plus le marquis, il avait besoin de contredire et de tourmenter Mila. Il railla et blâma tout bas sa toilette, et la fit presque pleurer : si bien que la petite lui dit à l’oreille : « Michel, tu as toujours été jaloux, et tu l’es dans ce moment-ci.

― Et de quoi donc ? répondit-il avec amertume : de ta robe rose et de ton collier de perles ?

― Non pas, dit-elle, mais de ce que la princesse témoigne de l’amitié et de la confiance à ton ami. Oh ! quand nous étions enfants, je me souviens bien que tu boudais quand notre mère m’embrassait plus que toi ! »

Lorsque la princesse et Magnani vinrent les rejoindre, Agathe paraissait calme et Magnani attendri. Pourtant sa noble figure était plus sérieuse encore que de coutume, et Michel remarqua que ses manières avaient subi un notable changement. Il ne paraissait plus éprouver la moindre confusion en présence d’Agathe. Lorsqu’elle lui adressait la parole, la réponse ne tremblait plus sur ses lèvres, il ne détournait plus ses regards avec effroi, et, au lieu de cette angoisse terrible qu’il avait montrée auparavant, il était calme, attentif et recueilli. On causa encore quelques instants, puis la princesse se leva pour partir. Le marquis lui offrit sa voiture. Elle la refusa. « J’aime mieux m’en aller à pied, par les sentiers, comme je suis venue, dit-elle ; et, comme il me faut un cavalier quoique nous n’ayons plus d’ennemis à craindre, je prendrai le bras de Michel-Angelo… à moins qu’il ne me le refuse ! » ajouta-t-elle avec un sourire tranquille en voyant l’émotion du jeune homme.

Michel ne sut rien répondre ; il s’inclina et offrit son bras. Une heure plus tôt il aurait été transporté de joie. Maintenant, son orgueil souffrait de recevoir en public une faveur que Magnani avait obtenue en particulier et comme en secret.

Pier-Angelo partit de son côté avec sa fille, à laquelle Magnani n’offrit point le bras. Tant de cérémonie courtoise n’était point dans ses habitudes. Il affectait d’ignorer la politesse par haine pour l’imitation ; mais, au fond, il avait toujours des manières douces et des formes bienveillantes. Au bout de dix pas, il se trouva si près de Mila, que, naturellement, pour l’aider à se diriger dans les ruelles obscures du faubourg, il prit le coude arrondi de la jeune fille dans sa main, et la guida ainsi, en la soutenant, jusque chez elle.

Michel était parti cuirassé dans sa fierté, accusant, in petto, la princesse de caprice et de coquetterie, et bien résolu à ne pas se laisser éblouir par ses avances. Cependant, il s’avouait à lui-même qu’il ne comprenait absolument rien au dépit qu’il ressentait contre elle. Il était forcé de se dire qu’elle était d’une incomparable bonté, et que si, en effet, elle était l’obligée du vieux Pier-Angelo, elle payait sa dette avec tous les trésors de sensibilité et de délicatesse que peut renfermer le cœur d’une femme.

Mais Michel ne pouvait oublier tous les problèmes que son imagination cherchait depuis deux jours à résoudre ; et la manière dont, en ce moment même, la princesse serrait son bras en marchant, comme une amante passionnée ou comme une personne nerveuse peu habituée à la marche, en était un nouveau que n’expliquait pas suffisamment la vraisemblance d’un service rendu par son père à la signora.

Il avança d’abord résolument et en silence, se disant qu’il ne parlerait point le premier, qu’il ne se sentirait point ému, qu’il n’oublierait pas que le bras de Magnani avait pu être pressé de la même façon ; qu’enfin il se tiendrait sur ses gardes : car, ou la princesse Agathe était folle, ou elle cachait, sous les dehors de la vertu et de l’abattement, une coquetterie insensée.

Mais tous ces beaux projets échouèrent bientôt. La région ombragée qu’ils traversaient, parmi des terres cultivées et plantées avec soin, était une suite de petits jardins appartenant à des artisans aisés ou à des bourgeois de la ville. Un joli sentier côtoyait ces enclos, séparés seulement par des buissons, des rosiers ou des plates-bandes d’herbes aromatiques. Çà et là des berceaux de vigne jetaient une ombre épaisse sur les pas de Michel. La lune ne lui prêtait plus que des rayons obliques et incertains. Mille parfums s’exhalaient de la campagne en fleurs, et la mer bruissait au loin d’une voix amoureuse derrière les collines. Les rossignols chantaient dans les jasmins. Quelques voix humaines chantaient aussi à distance et défiaient gaiement l’écho ; mais il n’y avait personne sur le sentier que suivaient Michel et Agathe. Les petits jardins étaient déserts. Michel se sentait oppressé, sa marche se ralentissait, son bras tremblait convulsivement. Une légère brise faisait flotter près de son visage le voile de la princesse, et il s’imaginait entendre des paroles mystérieuses se glisser à son oreille. Il n’osait pas se retourner pour voir si c’était le souffle d’une femme ou celui de la nuit qui le caressait de si près.

« Mon cher Michel, lui dit la princesse d’un ton calme et confiant qui le fit tomber du ciel en terre, je vous demande pardon ; mais il faut que je reprenne haleine. Je n’ai guère l’habitude de marcher, et je me sens très fatiguée. Voici un banc sous une tonnelle de girofliers qui m’invite à m’asseoir cinq minutes, et je ne pense pas que les propriétaires de ce petit jardin me fissent un crime d’en profiter s’ils me voyaient. »

Michel la conduisit au banc qu’elle lui désignait, et, encore une fois ramené à la raison, il s’éloigna respectueusement de quelques pas pour aller contempler une petite fontaine dont le doux gazouillement ne put le distraire de sa rêverie.

« Oui, oui, c’était un rêve, ou bien c’est ma petite sœur Mila qui m’a donné ce baiser. Elle est railleuse et folâtre ! elle eût pu m’expliquer le grand mystère du médaillon, si je l’eusse interrogée franchement et sérieusement. Sans doute il y a à tout cela une cause très-naturelle dont je ne m’avise pas. N’en est-il pas toujours ainsi des causes premières ? La seule qu’on ne devine pas, c’est justement la plus simple. Ah ! si Mila savait avec quel danger elle se joue, et le mal dont elle pourrait préserver ma raison en me disant la vérité !… Je la presserai tellement demain qu’elle m’avouera tout ! »



Le Piccinino enjamber adroitement le mur. (Page 115.)

Et pendant que Michel se parlait ainsi à lui-même, l’eau cristalline murmurait toujours dans l’étroit bassin où tremblotait le spectre de la lune. C’était un petit monument de terre cuite, d’une naïveté classique, qui épanchait cette onde discrète ; un Cupidon marin saisissant une grosse carpe, dont la bouche lançait d’un pied de haut le filet d’eau dans le réservoir. L’artisan qui avait exécuté cette figurine avait voulu lui donner l’air mutin, mais il n’avait réussi qu’à donner aux gros yeux de la carpe une expression de férocité grotesque. Michel regardait ce groupe sans le voir, et c’était en vain que la nuit se faisait belle et parfumée ; lui, l’amant passionné de la nature, perdu dans ses propres pensées, lui refusait ce soir-là son hommage accoutumé.

Et pourtant ce murmure de l’eau agissait sur son imagination sans qu’il voulût s’en rendre compte. Il lui rappelait une harmonie semblable, le murmure timide et mélancolique dont la Naïade de marbre remplissait la grotte du palais Palmarosa en épanchant son urne dans la conque ; et les délices de son rêve repassaient devant lui, et Michel eût voulu pouvoir s’endormir là pour retrouver son hallucination.

« Mais quoi ! se dit-il tout à coup, ne suis-je pas un novice bien ridicule ? Ne s’est-on pas arrêté ici pour m’inviter à prolonger un tête-à-tête brûlant ? Ce que j’ai pris pour une froide explication du trouble qu’on éprouvait, cette fatigue soudaine, cette fantaisie de s’asseoir dans le jardin du premier venu, n’est-ce point un encouragement à ma timidité farouche ? »

Il s’approcha vivement de la princesse, et se sentit enhardi par l’ombre de la tonnelle. Le banc était si petit, qu’à moins de l’engager à lui faire place, il ne pouvait s’asseoir à ses côtés. Il s’assit sur l’herbe, non pas précisément à ses pieds, mais assez près pour être bientôt plus près encore.

« Eh bien, Michel, lui dit-elle avec une incroyable douceur dans la voix, êtes-vous donc fatigué, vous aussi ?


Lequel de vous deux voudrait tuer son frère ? (Page 119.)

― Je suis brisé, répondit-il d’un ton ému qui fit tressaillir la princesse.

― Quoi donc ! seriez-vous malade, mon enfant ? » lui dit-elle en étendant vers lui sa main qui rencontra, dans l’obscurité, la chevelure soyeuse du jeune homme.

D’un bond il fut à ses genoux, la tête courbée et comme fasciné sous cette main qui ne le repoussait point, les lèvres collées sur un pan de cette flottante robe de soie qui ne pouvait révéler ses transports ; incertain, hors de lui, sans courage pour déclarer sa passion, sans force pour y résister.

« Michel, s’écria la princesse en laissant retomber sa main sur le front brûlant du jeune fou, vous avez la fièvre, mon enfant ! votre tête brûle !… Oui, oui, ajouta-t-elle en touchant ses joues avec une tendre sollicitude, vous avez eu trop de fatigue ces jours derniers ; vous avez veillé deux nuits de suite, et quoique vous vous soyez jeté quelques heures ce matin sur votre lit, vous n’avez peut-être pas dormi. Et moi, je vous ai fait trop parler ce soir. Il faut rentrer. Partons ; vous me laisserez à la porte de mon parc ; vous irez bien vite chez vous. Je voulais vous dire quelque chose ce soir ; mais je crains que vous ne tombiez malade ; quand vous serez tout à fait reposé, demain peut-être, je vous parlerai. »

Elle voulait se lever ; mais Michel était agenouillé sur le bas de sa robe. Il retenait contre son visage, il attirait à ses lèvres cette belle main qui ne se dérobait point à ses caresses.

« Non, non, s’écria impétueusement Michel, laissez-moi mourir ici. Je sais bien que demain vous me chasserez à jamais de votre présence ; je sais bien que je ne vous reverrai plus, maintenant que vous voyez ce qui se passe en moi. Mais il est trop tard, et je deviens fou ! Ah ! ne feignez pas de croire que je sois malade pour avoir travaillé le jour et veillé la nuit ! Ne soyez pas effrayée de découvrir la vérité : c’est votre faute, Madame, vous l’avez voulu ! Pouvais-je résister à tant de joies ? Agathe, repoussez-moi, maudissez-moi ; mais demain, mais ce soir, rendez-moi le baiser que j’ai rêvé dans la grotte de la Naïade !

― Ah ! Michel, s’écria la princesse avec un accent impossible à rendre, tu l’as donc senti ; tu m’as donc vue ? tu sais donc tout ? On te l’a dit, ou tu l’as deviné ? C’est Dieu qui le veut. Et tu crains que je ne te chasse ? tu crains que je ne te maudisse ? Oh ! mon Dieu ! est-ce possible ! Et ce qui se passe dans ton cœur ne te révèle-t-il pas l’amour dont le mien est rempli ? »

En parlant ainsi, la belle Agathe jeta ses deux bras autour du cou de Michel, et, attirant, sa tête contre son sein, elle la couvrit de baisers ineffables.

Michel avait dix-huit ans, une âme de feu, une organisation inquiète et dévorante, un grand orgueil, un esprit entreprenant. Toutefois, son âme était pure comme son âge, et le bonheur le trouva chaste et religieusement prosterné. Toute sa jalousie, tous ses soupçons outrageants s’évanouirent. Il ne songea plus à se demander comment une personne si austère et qui passait pour n’avoir jamais eu d’amant, pouvait tout à coup, à la première vue, s’éprendre d’un enfant tel que lui, et le lui déclarer avec un abandon si complet. Il ne sentit que la joie d’être aimé, une reconnaissance enthousiaste et sans bornes, une adoration fervente, aveugle. Des bras d’Agathe il tomba à ses pieds et les couvrit de baisers passionnés, presque dévots.

« Non, non, pas à mes pieds, sur mon cœur ! » s’écria la princesse ; et l’y retenant longtemps avec une étreinte exaltée, elle fondit en larmes.

Ces larmes étaient si vraies, elles avaient une si sainte éloquence, que Michel fut inondé de sympathie. Son sein se gonfla et se brisa en sanglots, une volupté divine effaça toute idée de volupté terrestre. Il s’aperçut que cette femme ne lui inspirait aucun désir profane, qu’il était heureux et non agité dans ses bras, que mêler ses larmes aux siennes et se sentir aimé d’elle était un bonheur plus grand que tous les transports que sa jeunesse avait rêvés ; qu’enfin il la respectait jusqu’à la crainte en la tenant pressée sur son cœur, et que jamais, entre elle et lui, il n’y aurait une pensée que les anges ne pussent lire en souriant.

Il sentit tout cela confusément sans doute, mais si profondément et d’une façon tellement victorieuse, qu’Agathe ne se douta jamais du mauvais mouvement de fatuité qui l’avait attiré à ses pieds quelques minutes auparavant.

Alors Agathe, levant vers le ciel ses beaux yeux humides, pâle au clair de la lune, et comme ravie dans une divine extase, s’écria avec transport : « Ô mon Dieu ! que je te remercie ! Voici le premier moment de bonheur que tu me donnes ; mais je ne me plains pas de l’avoir attendu si longtemps : car il est si grand, si pur, si complet, qu’il efface et rachète toutes les douleurs de ma vie ! »

Elle était si belle, elle parlait avec un enthousiasme si sincère, que Michel crut voir une sainte des anciens jours. « Ô mon Dieu ! mon Dieu ! dit-il d’une voix étouffée, moi aussi je te bénis ! qu’ai-je fait pour mériter un semblable bonheur ? Être aimé d’elle ! Oh ! c’est un rêve, je crains de m’éveiller !

― Non, ce n’est pas un rêve, Michel, reprit la princesse en reportant sur lui son regard inspiré ; c’est la seule réalité de ma vie, et ce sera celle de toute la tienne. Dis-moi, quel autre être que toi pouvais-je aimer sur la terre ? Jusqu’ici je n’ai fait que souffrir et languir ; mais, à présent que tu es là, il me semble que j’étais née pour les plus grandes félicités humaines. Mon enfant, mon bien-aimé, ma consolation souveraine, mon seul amour ! Oh ! je ne puis plus parler, je ne saurais rien te dire, la joie m’inonde et m’accable !…

― Non, non, ne parlons pas, s’écria Michel, aucune parole ne pourrait rendre ce que j’éprouve ; et, grâce au ciel, je ne comprends pas encore toute l’étendue de mon bonheur, car, si je le comprenais, il me semble que j’en mourrais ! »