Le Sanglot de la Terre/Devant la grande rosace en vitrail de Notre-Dame

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Le Sanglot de la Terre
Le Sanglot de la TerreMercure de FranceI. Poésies (p. 48-49).


DEVANT LA GRANDE ROSACE
EN VITRAIL DE NOTRE-DAME


Cupio dissolvi et esse cum Christo.


Oh ! l’Orgue solennel entonne
Le Dies iræ du dernier jour.
La Grande Rosace octogone
Plus douloureusement rayonne
D’Adoration et d’Amour.

Avalanches de Roses pâles,
Et de Lys tièdes de langueur,
Déluge éternel de pétales,
Parfums, musiques triomphales
Noyez, bercez, broyez mon cœur.

Je suis le Parfum du martyre,
L’Amour sans but, sans chair, l’Ardeur.
Je veux me parfumer de myrrhe,
Je veux pleurer, je veux sourire
Je veux me fondre de Pudeur !


Nimbés de rubis, de topaze,
Diaphanes et fulgurants,
Les Anges que l’Éternel embrase,
Vêtus d’ineffable et d’extase,
Vont, m’emportent dans leurs torrents !

Gloire ! Douleur ! Douleur encore !
Et devant les Élus des Cieux,
Dont l’âme en montant s’évapore,
Les portes d’azur et d’aurore
Volent sur leurs gonds furieux !

Alleluia ! Douceur ! Faiblesse !
Spasme céleste et sans retour !
Puissants ouragans d’allégresse,
Faites s’enlacer sans cesse
Les soleils parfumés d’amour !

Et le grand Sanglot des choses
Roule sans fin répercuté,
À travers les apothéoses
Des sphères fraîchement écloses
Aux échos de l’Éternité.