Le Théâtre des Chinois/Les Passions

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Calmann Lévy (p. 77-93).
DEUXIÈME PARTIE, CHEZ L’AUTEUR


III


LES PASSIONS


Les passions dramatiques n’ont pas, dans notre théâtre, la même inspiration que dans le théâtre français. Dans celui-ci, la passion dominante est l’amour ; toutes les autres forces qui dirigent le cœur humain n’ont qu’une influence secondaire. Toute action, comique ou tragique, a pour mobile l’amour. Notre théâtre n’a pas donné à cette passion une importance dramatique aussi exclusive, par cette raison que nous l’interprétons comme un sentiment. L’amour tourmenté, tyrannisé, paraîtrait à nos yeux une exagération. Ces tempêtes violentes qui s’élèvent dans le cœur et ne laissent après elles que des lendemains sans espoir sont au-dessus de notre imagination, et ne pourraient, dans tous les cas, qu’être très rares dans notre société, où l’autorité paternelle est absolue. Il est donc aisé de comprendre que les grands drames de l’amour n’auraient devant notre public aucune chance de succès. Même présentés comme « fictions », ils ne charmeraient pas : car on ne comprendrait pas ce genre de supplice qui consiste à s’aimer ardemment et à ne pas se marier ; et, pour citer un exemple, je suis certain que nos spectateurs feraient un très mauvais parti à ce stupide vieillard qui vient, au moment le plus agréable de la pièce, faire mourir Hernani et dona Sol. Ce romantisme, puisqu’il faut l’appeler par son nom, ne nous plairait pas.

Les passions de la scène sont plus bourgeoises, et ont plus de rapport avec les réalités de la vie. Nous exigeons que les personnages qui parlent notre langue ne s’écartent pas d’une manière trop invraisemblable des actions ordinaires ; il nous suffit qu'ils mettent en pratique les préceptes de notre philosophe Confucius ou qu'ils les rappellent à nos souvenirs.

Certains auteurs disent : « Il faut montrer les hommes tels qu'ils sont ; » d'autres disent : « Tels qu'ils devraient être. » Ces deux théories se trouvent dans notre système dramatique fondues en une seule ; c'est là son caractère.

On observera, dans la plupart de nos œuvres, l'éloge des concours littéraires. On sait de quel éclat brille dans notre société le titre de lettré ; et, quoique l'on m'ait souvent donné à entendre que ces lettrés ne savaient rien, je ne crois pas cependant que le principe soit mauvais. En règle générale, le jeune premier de notre scène est un jeune bachelier, comme Lindor ; mais c'est un bachelier qui va concourir pour les palmes de la licence. Les rôles d'amoureux ne sont remplis que par des étudiants qui seront reçus les premiers aux examens. Imaginez-vous le n° 1 des écoles spéciales devenu le type des jeunes premiers, sur la scène française, au lieu de ces gommeux qui ne doivent leur situation de soupirants, la plupart du temps, qu’à un titre d’une noblesse quelconque ou à la fortune. Les jeunes premiers sont rarement très intéressants ; ils sont jolis garçons, coureurs d’aventures, à la mode, spirituels autant que possible, bons tireurs ; en un mot, ils sont sortis les premiers de la haute école spéciale des arts d’agrément. C’est leur prestige. Mais ces jolies choses ne valent pas un bon diplôme. C’est, du reste, la faute des ingénues : elles sont trop indulgentes pour le sexe barbu. Elles préfèrent les talents au talent, et ont même une tendance à négliger les jeunes savants que les auteurs, d’accord avec elles, rendent toujours ridicules. Dans le mariage, le vrai mérite consiste à ne pas en avoir, et plus on est ignorant sans trop le paraître, plus on plaît aux femmes. Je n’ai pas vu de pièce où la jeune fille vantât l’esprit et la science de son prétendant. Mais elle vantera toutes les qualités de son cœur, des fleurs bien vite fanées ! Heureusement les ingénues passent maintenant des examens ; elles deviendront peut-être un peu plus exigeantes sur la qualité du mari. Elles lui poseront des questions, examineront elles-mêmes le candidat, et je ne désespère pas de voir, un de ces jours, sur la scène, un concours de jeunes premiers, sous la présidence d'une bachelière. Ce sera la Chine renversée. Si Corneille avait été Chinois, il eût écrit ainsi son fameux vers :


______Sors vainqueur d'un concours dont Chimène est le prix.


En réalité, nous concevons l'ardeur au travail el l'application comme des passions.

Mais la plus importante de toutes, celle qui correspond à nos sentiments les plus intimes et les plus chers, c'est la piété. Je suis obligé d'employer cette expression qui représente très exactement la nôtre, en ce qu'elle généralise toutes les inclinations du cœur humain. La piété ne représente pas seulement l'observation des devoirs particuliers d'un culte, mais aussi la fidélité envers tous les devoirs, et c'en est une très noble et très puissante que celle qui s'est proposé de respecter, d’aimer et de protéger la famille. La piété filiale, la piété maternelle, sont des passions dramatiques actives.

On trouve, dans une pièce célèbre, le Cercle de craie, un exemple frappant de piété maternelle qui est rappelé dans tous nos cours de littérature et qui est curieux à connaître. Deux femmes se disent la mère du même enfant ; elles se présentent devant le juge qui, pour connaître la vérité, ordonne que l’on trace un cercle de craie sur le parquet, et que l’on place l’enfant dans le milieu. Il déclare ensuite qu’il appartiendra à celle des deux femmes qui réussira à l’arracher du cercle. La fausse mère, qui n’a pas la piété, l’emporte sur la véritable qui, émue de compassion, n’ose pas faire usage de toutes ses forces. Le magistrat reconnaît alors quelle est la vraie mère. Cette épreuve a beaucoup de ressemblance avec le jugement de Salomon et pourrait donner prétexte à des dissertations savantes.

Toutes les mères sont capables des mêmes dévouements.

La piété filiale est une passion aussi forte et aussi agissante. Elle inspire les grandes actions, les sacrifices ; c’est la force qui conduit l’action.

Le lecteur trouvera plus loin le premier tableau d’une de nos pièces les plus estimées, le Pi-Pa-Ki, dans lequel sont exposés les devoirs de la piété filiale, tels que les ont définis nos philosophes. Il comprendra, par cet exposé si simple et si touchant, par cette analyse si approfondie des caractères du père et de la mère, quelle doit être, en effet, l’influence de cette passion, puisque, par elle seule, l’espoir peut entrer dans une famille pauvre. Il comprendra quelles joies elle peut causer ; mais aussi quelles angoisses elle entretient dans le cœur des mères qui souffrent toujours des maux de l’absence. Ce sont les luttes intimes de la famille représentées dans un tableau animé, dramatique, où sont dépeints des traits de mœurs exacts.


PREMIER TABLEAU


TSAÏ-YONG, tristement.

Qu'est-ce que ce monde ? (Il chante. ) J'ai tout étudié ; les livres que j'ai lus ne formeraient pas moins de dix mille cahiers ; mais courir après la réputation, les faveurs, oh ! je n'y ai jamais songé. Si je m'afflige d'une chose, c'est de voir que mon père et ma mère commencent à pencher vers le déclin de l'âge : où trouverai-je des fleurs de glaïeul[1] ? Mon cœur se gonfle ; à qui pourrais-je dévoiler mes chagrins ? Mais j'aperçois le seigneur Tchang.

TCHANG.

Mes bons voisins ! mes bons voisins ! ils me regardent tous comme un protecteur sur lequel ils peuvent se reposer. Quoi qu'il arrive dans la famille, c'est à qui viendra m'en faire part ou me demander mon avis.

Il salue Tsaï-Yong, qui rend le salut.


TSAÏ-YONG.

Ah ! seigneur, mes parents sont trop âgés ; décidément je ne puis me résoudre à partir.

TCHANG.

Mon ami, que l’âge avancé de vos parents ou l’isolement dans lequel ils peuvent se trouver devienne l’objet de votre sollicitude, cela se conçoit ; mais avouez du moins que votre père doit souhaiter que son fils illustre sa famille et ses ancêtres. Si vous ne profitez pas de la verdure et des beaux jours du printemps pour vous mettre en route, quand partirez-vous donc ?

TSAÏ-YONG.

Vous désapprouvez ma conduite, seigneur, et...

TCHANG.

Au surplus, voici votre père et votre mère ; expliquez-vous.

MADAME TSAÏ, vivement.

Mon fils, je ne veux pas que tu emmènes ton épouse avec toi. Depuis deux mois qu’elle est mariée, Tchao amaigri de moitié. S’il faut qu’elle habite avec toi pendant trois ans, je prévois qu’à la fin la pauvre femme ne sera guère bonne qu’à mettre en terre.

TCHANG.

Ah ! madame Tsaï, voulez-vous semer la division dans votre famille, entretenir la discorde entre l’époux et l’épouse ?

TSAI, à son fils.

Mon fils, le concours est ouvert. Voici l’époque où le Fils du Ciel appelle à la capitale tous les hommes de talent. Puisque tu as fait tes preuves dans l’assemblée du district, que ne vas-tu concourir pour un grade supérieur ?

TSAÏ-YONG.

Mon père, daignez m’écouter. Ce n’est pas que votre fils se refuse à partir. Hélas ! je ne suis retenu ici qu’à cause de votre grand âge, et parce que je prévois des malheurs. Quand j’aurai quitté la maison, dites-moi où est celui qui nourrira et servira mon père et ma mère ?

TCHANG.

Mes bons voisins, voici mon avis ; c’est qu’on doit exhorter le jeune bachelier à faire un tour à la capitale.

MADAME TSAÏ.

Seigneur, ignorez-vous que je n’ai pas dans ma maison sept fils ou huit gendres pour me servir ? je n’ai qu’un fils au monde, voulez-vous qu’il m’abandonne ?

TSAÏ, à sa femme.

Ma femme, quelles paroles se sont échappées de votre bouche ? Si notre fils nous quitte pour aller subir ses examens littéraires, est-ce que nous n’aurons pas un jour dans notre maison des serviteurs en grand nombre ?

MADAME TSAÏ, en colère.

Stupide vieillard, vos yeux sont obscurcis par l’âge, vos oreilles deviennent sourdes, vous ne pouvez plus ni faire un pas ni remuer vos jambes. Quand vous aurez forcé votre fils à partir, s’il survient une inondation, qui viendra à notre secours ? Vous mourrez de faim, si vous manquez de riz ; de froid, si vous n’avez plus de vêtements. Savez-vous cela ?

TSAÏ.

Paix ! vous n’entendez rien à ces affaires-là. Lorsque mon fils aura obtenu un mandarinat, nous aurons un autre train ; nous changerons d’habitation, de manière de vivre... Il devrait déjà être sur la route de la capitale.

TSAÏ-YONG.

Ma mère a raison ; j’imagine que mon père ne méconnaîtra pas les égards...

TSAï.

C’est cela, c’est cela ; ta mère a raison, ton père a tort, (au seigneur Tchang.) Je devine sa pensée ; je sais maintenant ce qui le retient ici.

TCHANG.

Et qu’est-ce donc, puisque vous le savez ?

TSAÏ.

Les charmes et les agréments de Tchao ont fait une vive impression sur son cœur, (Il chante.) Il ne rêve plus qu’à l’amour et aux douces voluptés de la couche nuptiale. Il ne peut plus s’éloigner du rivage de la mer ; sa vue n’oserait point embrasser un horizon plus vaste.

TSAÏ-YONG.

Mon père, vous me supposez des sentiments...

TCHANG, souriant.

Ah ! ah ! monsieur le bachelier.

Il chante.______

Vous soupirez après l’indissoluble union du Youen et du Yang[2] ; vous êtes comme le phénix mâle qui ne veut pas se séparer de la compagne qu’il aime. Je crains bien que, dans votre aveuglement, vous ne préfériez la stupide immobilité de l’oiseau Ngo au vol audacieux de l’oiseau Pong.

TSAÏ.

Oui, tu ne songes qu’au plaisir, et tu ne crains pas d’argumenter contre ton père.

TSAÏ-YONG.

Ciel ! moi, tenir tête à mon père ? O mes parents, est-ce votre fils qui oserait vous susciter des obstacles ? Hélas ! je le répète, je ne suis retenu ici qu’à cause de votre grand âge. Mon père, supposez qu’une inondation survienne ; que dira-t-on ? On dira d’abord que votre fils a manqué de piété filiale ; qu’il a abandonné son vieux père, sa vieille mère, pour courir après je ne sais quelle place, quelle magistrature ; ensuite on accusera mon père d’imprévoyance, on alléguera qu’il n’avait qu’un fils et qu’il l’a forcé d’entreprendre un voyage long, aventureux. Vraiment, plus j’y réfléchis, plus il m’est difficile d’obéir à vos ordres.

TSAÏ.

Que tu n’obéisses pas à mes ordres, cela dépend de toi ; mais dis-moi un peu ce qu’il faut entendre par ce mot Hiao (piété filiale) ?

MADAME TSAÏ.

Ciel ! vous avez plus de quatre-vingts ans et vous ne savez pas en quoi consiste la pitié filiale ! Eh bien ! mener un vieillard à la lisière comme un enfant, voilà la piété filiale.

TSAÏ.

Femme, que voulez-vous dire ?

TSAÏ-YONG.

Mon père, je vais répondre à votre question. « Le devoir du fils, c’est de prendre des précautions pour qu’en hiver comme en été, ses parents jouissent de toutes les commodités de la vie. Il faut que, chaque soir, il dresse lui-même la couche sur laquelle ils reposent ; il faut que, tous les matins, au premier chant du coq, il s’informe, dans les termes les plus affectueux, de l’état de leur santé ; le devoir du fils, c’est de veiller sur ses parents quand ils marchent ; c’est d’aimer ceux qu’ils aiment, d’honorer ceux qu’ils honorent. Un fils, tant que son père et sa mère vivent, ne doit point s’éloigner de la maison qu’ils habitent[3]. » Voilà la piété filiale des anciens. C’est ainsi qu’ils pensaient et agissaient.

TSAÏ.

Mon fils, tout cela, c’est ce qu’on appelle Siao-tsieï, ou les devoirs vulgaires. Mais il y a plusieurs degrés dans la piété filiale ; tu n’as pas parlé jusqu’ici des grands devoirs, de la piété par excellence.

MADAME TSAÏ, exaspérée.

Malheureux ! vous n’êtes pas encore mort : attendez : c’est seulement alors qu’on pourra le forcer à remplir les plus grands et les derniers devoirs. Pour ce qui est du voyage, qu’il n’en soit plus question.

TCHANG.

Ya, ya, voilà des paroles qui ne présagent rien de bon pour l’avenir.

TSAÏ.

Mon fils, écoute-moi : « Le premier degré de la piété filiale consiste à servir ses parents ; le second, à servir son prince, le troisième à rechercher les dignités. Conserver dans son intégrité le corps que l’on a reçu de son père et de sa mère, éviter avec soin tout ce qui tend à le détruire, c’est le commencement de la piété filiale ; mais parvenir aux dignités, pratiquer la vertu, étendre sa réputation jusqu’aux siècles postérieurs pour illustrer son père et sa mère, c’est la fin, c’est le comble de la piété filiale. » Celui dont les parents sont pauvres, avancés en âge, et qui ne recherche pas les dignités, est dépourvu de piété filiale. Si tu t’élèves par ton mérite au rang des mandarins, et que tu transformes en une maison de plaisance la chétive habitation de ton père et de ta mère, tu auras accompli tous les devoirs qui te sont imposés, ou alors je n’y conçois plus rien.

TSAÏ-YONG.

Mon père, je n’ai qu’une objection à vous faire. Supposez que je m’éloigne de votre domicile, qui peut savoir si votre fils reviendra dans son pays natal avec ou sans les insignes de la magistrature ? Supposez maintenant que j’échoue au concours des licenciés, qu’aurez-vous à dire ? Vous direz que je n’ai pas su servir mes parents, que je n'ai pas su servir mon prince. Quelle effrayante responsabilité ?

TCHANG.

Idées chimériques, monsieur le bachelier ; moi, qui suis un vieux, je me rappelle que les anciens ont dit : « A quinze ans, il faut étudier ; à trente, il faut agir. » L’homme qui cache dans son sein les perles et les pierres précieuses, et enfouit ses talents, n’a jamais aimé sa famille. Monsieur le bachelier, vous avez de la littérature, de l’érudition ; vous ne pouvez manquer d’arriver au mandarinat. Voyez donc...

MADAME TSAÏ.

Assez, assez, seigneur Tchang. Vous ne manquez pas, vous, de magnifiques paroles pour exhorter mon fils à partir.

TSAÏ.

Allons, mon fils, suis mes conseils ; fais vite tes préparatifs de voyage.

TSAÏ-YONG.

Mon père, ma mère, l’homme vit cent ans ; mais d’aussi longs jours vous sont-ils réservés ? Heureusement parvenus l’un et l’autre à la moyenne vieillesse, il faut que votre fils se réjouisse de votre âge et qu’il s’en afflige tout à la fois.

(Il chante.)

O mes parents, votre fils éprouve un sentiment de joie mêlé d’un sentiment de tristesse ; il fait des vœux pour la prolongation de vos jours ; il voudrait que son père et sa mère ressemblassent au pêcher appelé Fan-Tao, qui se couvrit de fleurs au bout de trois mille ans.

TSAÏ.

Mon fils, des sentiments comme les tiens viennent d’un cœur où règne la piété filiale. Mais tout homme, en naissant, contracte l’obligation d’aimer ses parents et de servir son prince avec fidélité : c’est ainsi qu’il acquiert de l’illustration dans le monde.

TSAÏ-YONG.

Puisque vous l’exigez, je vais partir pour la capitale.

TCHANG.

Monsieur le bachelier, n’ayez aucune inquiétude sur le sort de vos parents. Il y a longtemps qu’on dit : « Avec huit cents maces on achète une chaumière ; avec mille, on achète une maison. » Puisque mon habitation peut contenir cinq familles, ayez l’esprit en repos. Partez, partez vite ; et, si votre père et votre mère tombent dans l’indigence, je viendrai à leur secours.

TSAÏ-YONG.

Je vous remercie, seigneur, de vos généreux procédés. C’est à votre garde que je confie mes parents. Mais, quand viendra le jour de ma prospérité, ne seront-ils pas tous les deux accablés par l’âge ? Hélas ! je ne le crains que trop, lorsque je reviendrai dans mon pays natal avec des habits brodés, mon père et ma mère ne me reconnaîtront plus.

TSAÏ.

Mon fils, tu parlais tout à l’heure de notre isolement ; mais, à partir du jour où tu seras mandarin,

(Il chante.)

Les trois espèces de viande et ces mets recherchés qu’on offre dans les grands sacrifices, on me les servira du matin au soir, sur des trépieds à forme élégante ou dans des vases de porcelaine fine. Cela vaut mieux que de manger des fèves et de boire de l’eau. Si tu reviens dans ton pays natal avec des habits brodés,

(Il parle.)

Je mourrai.

(Il chante. )

Mais mon âme sera fière, paisible, joyeuse.

MADAME TSAÏ.

En un clin d’œil on me dérobe la perle que j’avais sur la main ! Va, mon fils ! si, durant ton absence, ton père et ta mère meurent de faim ou de froid, quand même tu reviendrais avec des habits brodés, ta gloire n’en sera pas moins souillée.


  1. Selon les poètes, elles ont le don de rappeler à la vie.
  2. Oiseaux symbolisant l’amour conjugal.
  3. Ce passage est tiré du Livre des rites.