Le Théâtre du peuple (Romain Rolland)/Partie I/VII. L’Œuvre des Trente ans de Théâtre et les galas populaires

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VII

L’ŒUVRE DES TRENTE ANS DE THÉÂTRE
ET LES GALAS POPULAIRES


Cette cathédrale, l’Œuvre des Trente ans de Théâtre a prétendu l’édifier en quelques semaines avec les ruines incohérentes du passé.

Il faut distinguer dans l’Œuvre des Trente ans de Théâtre l’œuvre de bienfaisance de l’œuvre de théâtre. De la première il n’y a que des éloges à faire. « C’était originairement une caisse de secours supplémentaire, destinée à venir en aide, directement et immédiatement, non seulement aux auteurs et aux artistes, qui ont leurs sociétés régulièrement constituées, mais à tous les gens de théâtre, auteurs, artistes, critiques, machinistes, décorateurs, etc., qui, après trente ans de travail et de lutte se trouveraient sans ressources, et aussi à ceux que la maladie ou la disparition d’un des leurs laisse dans le besoin. »[1] Rien de mieux, et il est extraordinaire que les Parisiens aient attendu si longtemps pour venir en aide à ceux qui, après les avoir amusés toute leur vie, tombaient ensuite dans la misère. L’initiative d’une telle mesure honore M. Adrien Bernheim, et l’on ne peut que rendre hommage à l’activité qu’il a mise au service de cette cause ; l’homme qui agit, même quand il se trompe, a toujours une supériorité sur ceux qui se contentent de parler, fût-ce admirablement.

Mais il ne s’agit pas ici de la caisse de retraites des comédiens français ; il s’agit du théâtre populaire, que les promoteurs de l’Œuvre prétendent avoir fondé.

L’Œuvre des Trente ans de Théâtre, dont le comité tint sa première séance le 30 décembre 1901, débuta en mai 1902 par cinq représentations aux théâtres de Montparnasse, de Grenelle, des Gobelins, de Saint-Denis, et au Concert Européen de la rue Biot. C’étaient des spectacles coupés, où il y avait de tout : du classique, du romantique, de l’opérette, de la chansonnette, de la danse, mademoiselle Moreno, Fugère, les sœurs Mante, Paulette Darty, Polin, sans parler des conférenciers, dont nos divertissements à la mode ne sauraient plus se passer. En octobre 1902, commencèrent les représentations classiques, avec le concours des théâtres subventionnés et surtout de la Comédie française. Vingt-cinq galas populaires furent donnés dans la première saison, d’octobre à juin. On joua Horace à la salle Wagram, Andromaque et Tartuffe à Ba-ta-clan, le Misanthrope à Belleville, aux Bouffes du Nord, au théâtre Maguéra, au théâtre Trianon, le Malade imaginaire à la salle Huyghens, l’Arlésienne à la salle Humbert de Romans, etc. On donnait aussi des danses, des fragments d’opéras et d’opéras-comiques, et les inévitables conférences. Les noms de tous les auteurs ou compositeurs vivants étaient systématiquement écartés du programme. Selon la formule de M. Larroumet, qui se fit le patron de l’Œuvre, « le grand répertoire allait chercher le peuple chez lui, dans les faubourgs, de temps à autre ».[2]

Voyons comment. Nous avons déjà dit ce qu’il fallait penser des représentations d’Andromaque et de Tartuffe. Je prendrai comme type, cette fois, le vingtième gala populaire, donné au théâtre Trianon, le jeudi 2 avril 1903.

Le tarif des places était le suivant :

Orchestre 
 Francs
3 »
Balcon 
2 50
Première galerie 
2 »
Banquettes 
1 »

Et je ne prétends pas que ces prix soient exagérés ; mais je rappelle, en passant, que les dernières places, au Théâtre Français, sont à 1 franc, et qu’à l’Odéon, elles sont à 0 franc 50, au tarif ordinaire. Que si l’on prend pour terme de comparaison le tarif des prix réduits à l’Odéon, on trouve même qu’il est moins élevé, l’orchestre étant à 2 francs 50, — le balcon, — deuxième et troisième rangs, — à 2 francs, et les galeries à 1 franc 50, 1 franc 25, 0 franc 70 et 0 franc 50.[3]

D’après le plan du théâtre Trianon, que j’ai sous les yeux, il y avait environ 350 places à 3 francs, 180 à 2 francs 50, 190 à 2 francs, et 100 à 1 franc. Au total, environ 530 places au-dessus de 2 francs, et une centaine au-dessous. Ce ne sont pas là, il me semble, des prix bien populaires. Je ne parle pas de l’extrême inégalité des places, si blessante dans un théâtre du peuple, dont la première condition doit être le mélange des classes.

À ces prix venait encore s’ajouter un droit de vestiaire de 0 franc 10 par canne ou parapluie, et de 0 franc 25 par manteau, ce qui, pour une famille de trois personnes, faisait une dépense supplémentaire de plus d’un franc. Cette taxe ne mettait même pas le spectateur à l’abri des exigences des ouvreuses, qui réclamaient avec leur habituelle énergie leur petit profit. Si tout cela est populaire, j’en suis heureux pour le peuple : car c’est la preuve qu’il est fort à son aise.

En fait, ce n’était pas le peuple qui remplissait la jolie salle du Trianon : c’était un public bourgeois, dont l’élégance eût fait envie à l’Odéon. On me dira qu’il est souvent difficile de distinguer à son costume un ouvrier parisien d’un bourgeois. Je le veux bien ; mais il m’est difficile de croire qu’un ouvrier se mette, le soir, en redingote et en chapeau haut de forme, pour aller au théâtre ; or cet uniforme de la bourgeoisie se voyait de l’orchestre aux galeries, et jusqu’aux dernières places. Fait caractéristique d’ailleurs : les places à 3 francs et à 2 francs 50 étaient remplies ; les places à 1 franc étaient presque vides.

Messieurs et dames se lorgnent avec leurs jumelles en attendant le lever du rideau, qui tarde, comme il convient. La conférence obligée commence vers 9 heures ; le spectacle, vers 9 heures et demie ; il est coupé de deux longs entr’actes, et se termine à minuit moins le quart. — Rien de plus populaire, comme on voit, et de mieux combiné en vue du travail du lendemain.

Après la conférence d’un monsieur en habit noir, et le couplet de règle en l’honneur du cardinal de Richelieu et de la Compagnie. — je veux dire de M. Adrien Bernheim et de son Œuvre, — la Comédie française joua le Misanthrope. Le choix de cette pièce pour une représentation populaire m’avait particulièrement attiré. Le Misanthrope est, pour ainsi dire, le Canard sauvage de Molière, l’œuvre pessimiste et ironique, où le grand homme, las de sa lutte contre le monde, après avoir satirisé les autres, se déchire lui-même de ses propres railleries. J’eusse été fort curieux de voir l’effet d’une telle œuvre sur le peuple ; mais de peuple, point. À son défaut, j’observai « l’aristocratie » du quartier. Elle écouta avec une grande attention, avec intelligence, même avec intérêt, mais sans beaucoup de plaisir. Au reste, j’eus l’impression très nette que le public se surveillait et ne montrait pas le fond de sa pensée. Il me semblait, vis-à-vis de Molière et de la Comédie française, dans la situation de petites gens bien élevées, qui reçoivent la visite d’hôtes qui leur sont supérieurs par la situation sociale, ou l’illustration du nom. Ils sont reconnaissants et flattés de l’attention. Ils s’appliquent à les recevoir poliment, se gardent bien de dire s’ils s’ennuient, et applaudissent comme il faut, après que leurs hôtes ont parlé. Mais il ne faudrait pas, je crois, recommencer l’épreuve trop souvent. Et mon impression est ici d’accord avec l’expérience d’un des directeurs des théâtres des faubourgs, M. Larochelle fils, qui disait à M. Bernheim : « Molière et Racine ne réussiront dans nos quartiers, que s’ils sont joués par la Comédie française, et encore pas trop souvent. Croyez-moi. Gardez-vous bien de multiplier ces représentations classiques. Une par saison, dans chaque quartier, c’est-à-dire deux par année, et nous serons largement satisfaits. »[4] Mais deux représentations par an font-elles un Théâtre du Peuple ? Et si ces représentations sont telles que celle que je viens de décrire, sont-ce même là des représentations populaires ?

La représentation de Bérénice au même théâtre Trianon, — vingt-cinquième gala populaire, 17 juin 1903, — est peut-être encore plus caractéristique. Presque toutes les places. — toutes les places de fauteuils et de loges, sans exception. — étaient louées plusieurs jours à l’avance ; et le public était moins populaire encore, s’il est possible, qu’à la soirée du Misanthrope. Nombre de spectateurs en habit, aux fauteuils et aux loges ; et pas un ouvrier. — Cela n’empêcha point le conférencier, M. Auguste Dorchain, de s’adresser à son auditoire distingué, comme à une assemblée de rudes travailleurs, qui ont peiné tout le jour sur leur dure tâche. Et cela n’empêcha point l’auditoire distingué, — dames élégantes et messieurs en habit, — de prendre le compliment pour eux, et de l’applaudir, ravis. — Qui trompe-t-on ici ?

Dans de telles conditions, il est clair que les organisateurs de l’Œuvre des Trente ans de Théâtre pouvaient risquer sans inquiétude le paradoxe étrange de donner en « gala populaire » l’œuvre la plus aristocratique de Racine, une pièce qui semble écrite pour l’éducation des princes, et que les souverains de l’Europe actuelle, — en Saxe, en Serbie, ou ailleurs, — ne feraient assurément pas mal de faire jouer devant leurs fils, — « Pour mes fils, quand ils auront vingt ans », — ou même de méditer pour leur propre compte, — mais dont le peuple n’a rien à faire. — Il faut ajouter qu’on avait pris soin de dorer la pilule, en enveloppant la tragédie entre deux larges tranches de chansons niaises ou égrillardes, et que le triomphateur de la soirée fut, — avec madame Bartet, — M. Polin.[5]

Assurément toutes les représentations ne sont pas du type de celles de Trianon. Le spectacle du 18 février 1903 à la salle Huyghens, par exemple, où la Comédie française jouait le Malade imaginaire, était à des prix plus réduits, et la composition du public était différente. Il y avait aux petites places du vrai peuple, et beaucoup. Toutefois le plus grand nombre des places était occupé par la petite bourgeoisie. Et je veux bien que celle-ci ne soit pas moins intéressante que celui-là, comme l’assure M. Nozière.[6] Encore faudrait-il que ce public prétendu populaire ne fût pas exactement et uniquement le même que celui qui suivait déjà les représentations de l’Odéon et du Théâtre Français : autrement, où serait le progrès ? — Or, j’ai été très frappé par les conversations que j’entendais, à ces galas populaires. À la salle Huyghens, après le Malade imaginaire, on comparait le jeu de Coquelin, ce soir-là, à son jeu habituel, dans le même rôle, au Théâtre Français. À la salle Trianon, mes voisins étaient mieux renseignés encore : ils avaient vu Silvain dans ses différents rôles, et savaient depuis combien d’années Dehelly était à la Comédie française. Il est évident qu’il n’y aurait pas urgence à élever des théâtres du peuple, si le public en devait être composé de gens de cette espèce. — Notez qu’il ne s’agit pas des spectateurs des premiers rangs, mais de places moyennes.

Mais admettons que, public et représentations, tout soit populaire, comme il doit être. Combien avez-vous donné de représentations ? Que prouvent ces quelques essais ? Vous vous hâtez trop de triompher. Souvenez-vous des Universités populaires. On y a chanté victoire. Maintenant la plupart sont vides. Vous ne savez pas observer le peuple. Pourvu qu’il vous applaudisse, vous ne lui en demandez pas plus, et vous ne vous inquiétez pas de ce qu’il pense. Le peuple est respectueux, et il vous fait crédit ; mais ni ce crédit, ni son respect ne sont indestructibles. Il vous épie, et il vous juge. Il y a trois ans, aux lectures des Universités populaires, où je me mêlais parfois au public alors très nombreux, je disais aux organisateurs : « Prenez garde. Ils s’ennuient. » On me répondait : « Ils applaudissent. » On eût presque ajouté : « Qu’ils s’ennuient, pourvu qu’ils applaudissent ! » À présent, ils ne viennent plus. Et je le répète aujourd’hui : « Prenez garde. Ils applaudissent ; mais ils se sont ennuyés. Ils sont venus pour voir. Quand ils seront venus deux fois, trois fois, dix fois, et qu’ils auront bien vu ce que sont vos classiques, votre poignée de classiques, ils ne reviendront plus. » — Je ferais de même. — Je fais de même. Certes j’admire les grands classiques, et du meilleur de mon esprit. Mais qu’ont-ils à faire avec ma vie présente, mes soucis, mes rêves, mon combat journalier ? Comme disait tout à l’heure M. Faguet, « admirable et intéressant sont deux choses extrêmement différentes ». Cette différence, les partisans sincères des antiques ne la nient pas ; mais bravement, ils disent qu’après tout l’intérêt n’est pas essentiel à l’œuvre d’art. « Je dirais, écrit Maurice Pottecher, qu’on peut aller jusqu’à éprouver un peu d’ennui d’une belle œuvre, sans cesser de la tenir pour admirable et d’en sentir la perfection. L’enthousiasme suscité par Eschyle, par Aristophane, par Dante, par Shakespeare, n’a presque rien à voir avec le plaisir sentimental que nous procure une œuvre capable de nous attendrir et de nous divertir jusqu’aux larmes, dans le moment que nous l’écoutons. À ce compte, un vaudeville réussi ou un bon mélodrame serait donc supérieur aux Guêpes ou à Hamlet ? »[7] — Hélas ! il a du moins sur ces chefs-d’œuvre l’inappréciable avantage d’être aujourd’hui vivant. Nulle beauté, nulle grandeur, ne saurait tenir lieu de la jeunesse et de la vie. Au lieu de dédaigner la vie et de la laisser livrée à d’indignes artistes, tâchez d’aller à elle ; mais n’espérez pas l’attirer vers ces sommets lointains, où s’élèvent, à l’abri du présent, au-dessus de l’action, les beaux temples du passé. Osons le dire : votre art désintéressé est un art de vieillards. Il est bien, il est naturel que nous aspirions pour la fin de notre vie, quand nous aurons accompli notre tâche et pris largement notre part de l’action commune, à l’art désintéressé, à la sérénité de Goethe, à la pure beauté. C’est l’idéal suprême et le terme du voyage. Mais je plains l’homme, ou le peuple, qui y arriverait trop tôt, sans l’avoir mérité. Il ne la sentirait pas, et cette sérénité ne serait chez lui que l’apathie de la mort. La vie, c’est le renouveau constant, c’est la lutte. Mieux vaut cette lutte avec toutes ses souffrances, que votre belle mort.

J’entends parler d’un théâtre du peuple, qui n’ait point de parti, qui soit « illimité comme la vie », éternel, universel. Ce sont de nobles rêves. Les générations futures les réaliseront, si elles peuvent, à la fin des siècles. Pour le moment, tâchons de mettre l’éternité dans chaque minute présente, et de vivre avec le siècle. L’art ne peut s’abstraire des souffrances et des désirs de son temps. Le théâtre du peuple doit partager le pain du peuple, ses inquiétudes, ses espérances et ses batailles. Il faut être franc. Le théâtre du peuple sera aujourd’hui social, ou il ne sera pas. Vous protestez que le théâtre ne doit pas se mêler de politique, et vous êtes les premiers, — je l’ai montré à propos de Tartuffe, — à introduire sournoisement la politique dans vos représentations classiques, afin de tâcher d’y intéresser le peuple. Osez donc avouer que la politique dont vous ne voulez pas, c’est celle qui vous combat. Vous avez senti que le théâtre du peuple allait s’élever contre vous, et vous vous hâtez de prendre les devants, afin de l’élever pour vous, afin d’offrir au peuple votre théâtre bourgeois, que vous baptisez : peuple. Gardez-le : nous n’en voulons pas. « Le nouveau est venu ; l’ancien a passé. »

  1. Adrien Bernheim. — Trente ans de Théâtre. 1903.
  2. C’était déjà la une idée de M. Camille de Sainte-Croix. Dans quelques articles de la Petite République, parus en 1887, il proposait que l’on fit jouer les troupes des théâtres subventionnés sur les scènes des faubourgs parisiens ; — un examen plus approfondi de cette idée lui en démontra d’ailleurs l’insuffisance, et il chercha, depuis, à réaliser un projet plus complètement populaire. — La même année, en 1887, M. Ritt, directeur de l’Opéra, présentait au ministre Fallières un projet de théâtre populaire, où il recourait aux troupes et aux répertoires des quatre théâtres subventionnés, délégués plusieurs jours par semaine, et des deux grands concerts symphoniques. Mais il voulait un théâtre fixe, et un personnel de choristes, figurants et musiciens d’orchestre, attachés au théâtre. — Cette idée fut développée en 1902, à la Chambre, par M. Couyba, rapporteur des Beaux-Arts.
  3. Tarif des prix réduits a l’Odéon :
    Avant-scène de première 
     Francs
    6 »
    Baignoires d’avant-scène 
    5 »
    Premières loges de face 
    3 »
    Fauteuils d’orchestre 
    2 50
    Balcon, premier rang 
    2 50
    deuxième et troisième rangs 
    2 »
    Premières loges de côté 
    2 »
    Baignoires 
    2 »
    Première galerie de face 
    1 50
    Deuxièmes loges de face 
    1 50
    Avant-scène des secondes 
    1 25
    Parterre 
    1 25
    Deuxièmes loges de côté 
    0 75
    Deuxièmes et troisièmes balcons 
    1 »
    Avant-scène de deuxième galerie 
    0 50
    Deuxième galerie 
    0 50
    Amphithéâtre 
    0 50
  4. Le Temps, 12 février 1903.
  5. Programme de la soirée :
    1. Chansons de madame Anna Thibaud et de M. Cooper.
    2. Bérénice, de Racine, par la Comédie française.
    3. Chansons, par M. Polin.

    On remarque je ne parle que des représentations littéraires. Des représentations musicales, j’aurais trop à dire. Au moins la Comédie française et l’Odéon, auxquels s’adresse l’Œuvre des Trente ans de Théâtre, ont-ils un répertoire de chefs-d’œuvre. Mais le répertoire musical de nos théâtres subventionnés est encombre d’œuvres prétentieuses et niaises : et ce sont précisément celles-là dont on fait choix pour le peuple ; ce sont des opéras de Meyerbeer, des opéras-comiques d’Adam, etc. c’est-à-dire des œuvres sans conscience, sans sincérité et sans style. Il y a de quoi tuer pour jamais l’esprit musical, déjà si faible, de notre peuple.

  6. Le Temps, 23 février 1903.
  7. Revue d’art dramatique, 15 mars 1903.