Le Tour de la France par deux enfants/114

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CXIV. — Paris autrefois et aujourd’hui. — Notre-Dame de Paris.

Paris est l’image en raccourci de la France, et son histoire se confond avec celle de notre pays.

On quitta les Halles et on se dirigea vers la Cité, qui est une île formée par la Seine au milieu de Paris. Pour s’y rendre on traversa la Seine sur l’un des trente ponts que Paris possède. Au milieu, Frantz fit arrêter les enfants.

— Regardez, leur dit-il, voilà la Cité, le berceau de Paris. C’est là qu’il y a deux mille ans s’élevait une petite bourgade appelée Lutèce : on ne voyait alors en ce lieu qu’une centaine de pêcheurs, s’abritant à l’ombre des grands arbres et de la verdure que fertilisait le limon du fleuve. La Seine leur servait de défense et de rempart, et deux ponts placés de chaque côté du fleuve permettaient de le traverser.

Peu à peu Paris s’est agrandi. Son histoire a été celle de la France. A mesure que la France sortait de la barbarie, Paris, séjour du gouvernement, s’élevait et prenait une importance rapide. Nul événement heureux ou malheureux pour la patrie, dont Paris et ses habitants n’aient subi le contre-coup. Et tout dernièrement encore enfants, rappelez-vous que Paris, mal approvisionné, souffrant de la faim et du froid, a résisté six mois aux Allemands quand on ne le croyait pas capable de tenir plus de quinze jours. Séparé de tout le pays par le cercle de fer des ennemis, il n’avait point d’autres nouvelles de la patrie que celles qui lui arrivaient sur l’aile des pigeons messagers échappés aux balles allemandes.

LUTÈCE OU LE PARIS D’AUTREFOIS. — Lutèce était dans une île de la Seine qui est la Cité d’aujourd’hui. Elle était habitée par une peuplade gauloise appelée les Parisiens, d’où est venu le nom de Paris.

— Oh ! j’aime Paris, dit Julien, et je suis bien content de le connaître… Mon oncle, ajouta-t-il ingénument, quand nous serons aux champs, nous ferons pousser du blé nous aussi pour nourrir la France et le grand Paris.

Tout en causant on avait traversé le pont et l’on arriva en face de Notre-Dame, l’église métropolitaine de Paris. Ce fut le tour d’André de dire ce qu’il savait.

L’INTÉRIEUR DE NOTRE-DAME DE PARIS. — C’est une des plus vastes nefs du moyen âge : elle a 180 mètres de long, elle a 31 arcades terminées en courbes élancées et pointues qu’on appelle ogives. Elle est éclairée par 37 fenêtres et par de magnifiques roses en pierre découpées, qu’on nomme rosaces.

— Petit Julien, vois-tu cette belle église tout ornée de dentelles découpées dans la pierre, de statues taillées avec art ; elle aussi a assisté aux premiers jours de la France. La première église de Paris fut bâtie ici il y a quinze cents ans, elle s’appelait Notre-Dame. Lorsqu’elle devint trop petite et commença à tomber en ruines, on entreprit la construction de celle-ci sur la place même où était l’ancienne Notre-Dame, et on mit un siècle à la construire. Les voûtes de Notre-Dame, depuis lors, n’ont cessé de retentir chaque fois que la France était en péril ou en fête. Elles ont été l’écho des soupirs de tout un peuple. Leurs cloches ont sonné non seulement pour la naissance et la mort d’un homme, mais pour les espérances et les deuils de la patrie entière.

— Oh ! dit Julien, entrons donc nous aussi à Notre-Dame, voulez-vous, mon oncle ? et nous y prierons Dieu tous les trois pour la grandeur de la France.