Aller au contenu

Le livre des jeux d’esprit, énigmes, charades, logogriphes/Charades

La bibliothèque libre.
Ch. Ploche — libraire, éditeur (p. 19-30).

Charades.


CHARADE 1.

De mon premier je fais un substantif,
Et mon second le suit comme adjectif.
Que si l’ordre inverse nous tente ;
À notre gré suivons la variante :
Au substantif élevons le dernier ;
Si l’adjectif peut le qualifier,
En échange qu’on le présente
À qui fait et vend mon entier ;
Il nous l’offre soudain, le vante
Pour mon dernier, pour mon premier ;
Mais prenons garde qu’il ne mente.

Madame la marquise de Cl….y.


CHARADE 2.

Mon premier dans les airs lève sa noble tige ;
Mon second s’y propage, et mon tout y voltige.

M. de L’Homandie.


CHARADE 3.

Si tu veux être heureux et bien reçu partout,
Ne sois ni mon premier, mon second, ni mon tout.



CHARADE 4.

De mon premier, dans un ménage,
On craint la présence et la dent ;
Au contraire, on y fait usage
De mon second à chaque instant.
Quand le printemps à la nature
Rend ses charmes toujours nouveaux,
Mon tout achève la parure
De ces jolis sentiers qu’ombrage la verdure,
Et dont l’art de Lenôtre embellit nos coteaux.

Par une dame.


CHARADE 5.

L’éclat de mon premier par mon second s’efface
Volontiers de mon tout chacun se débarrasse.



CHARADE 6.

Mon premier t’achemine et lentement et vite
Où t’appelle une affaire, où t’invite un plaisir :
L’âge, une infirmité, viendront le ralentir,
Et te forcer, lecteur, à rester en ton gîte.

Mon second assez rare a le double mérite,
De toujours bien penser, de toujours bien agir ;
Jamais avec ses jours ne s’éteint sa mémoire :
Dans les annales de l’histoire
Il renaît pour ne plus mourir.

De l’active industrie étalant la richesse,
Mon fastueux entier, où le public se presse
Et souvent ne peut faire un pas,
Fut jadis, pour sauver la Grèce,
Teint du sang de Léonidas.

M. P. J. Charrin.


CHARADE 7.

Mieux que le plus hardi couvreur
Mon premier sur un toit s’élance avec courage ;
Et mon second, fléau dévastateur,
Va jusque sur les toits exercer son ravage ;
Mon tout à la ville, au village,
Élève avec orgueil son toit dominateur.



CHARADE 8.

Mon premier n’a jamais connu la résistance ;
Sur la peau mon second nous plaît par sa blancheur ;
Mon tout marche très-vite et jamais il n’avance :
C’est un mauvais voisin, toujours bruyant, grondeur,
Mais toujours occupé de notre subsistance.



CHARADE 9.

À l’égard de mon dernier,
Mon entier fait mon premier.



CHARADE 10.

On passe mon premier, mon second est passé ;
Mais de trouver mon tout on est embarrassé.

M. de Meude-Montas.


CHARADE 11.

De mon premier l’espèce infiniment varie ;
Une seule produit un travail précieux.
Ainsi qu’un chêne altier, l’herbe de la prairie
Dirige mon second vers la voûte des cieux.
Dès qu’un peuple est conduit par des séditieux,
Il offre de mon tout l’effroyable copie.



CHARADE 12.

Au bord d’un clair ruisseau si mon tout vous arrête,
Amusez-vous à cueillir mon dernier,

Sans aller contre mon premier
Follement vous casser la tête.



CHARADE 13.

Dans la gamme aisément mon premier s’offre aux yeux ;
De mon second, lecteur, j’aime le vert feuillage
Et mon tout, vain jouet des badauds curieux,
Se rencontre perché sur un triste équipage.



CHARADE 14.

Qui tourmente Médor ? il jette mon premier.
Sans doute mon second l’aura pris par l’oreille,
Deviner qui je suis n’est pas une merveille ;
Mais être qui je suis est un vilain métier.



CHARADE 15.

Lecteur, si vous savez votre géographie,
Un château-fort en Picardie
Est mon premier.
Un élément trompeur, nécessaire à la vie,
Qui, dans sa noire perfidie,
À bien des gens l’aura ravie,
Est mon dernier.
Heureux les jours du sage qu’on oublie !
Il les passe sans peur, sans remords, sans envie,
Dans mon entier.



CHARADE 16.

Mon premier plaît aux yeux par sa verte parure ;
Au Palais, mon second parfois gronde et murmure ;
Mon tout est dans nos mœurs, et non dans la nature.

M. le marquis des Six-Tours.


CHARADE 17.

Mon premier, adjectif, convient également
À l’homme, à l’animal, au meuble, à l’instrument
Mon dernier est fatal, précieux, dommageable,
Hardi, désespéré, bon, mauvais, profitable,
Utile, dangereux, mais en voilà beaucoup !
Pourtant d’un seul adverbe est composé mon tout.



CHARADE 18.

Enfant du luxe et de l’orgueil,
Mon premier va comme on le mène,
Et mon second en demi-deuil
Jase souvent à perdre haleine.
Mon tout se plaît à l’hôpital,
Aux champs, de Mars est nécessaire,
Et guérit quelquefois le mal
Que le point d’honneur a fait faire.



CHARADE 19.

L’eau dont s’abreuve mon premier
Le rafraîchit et le féconde ;
Chacun sur la machine ronde
Se distingue par mon dernier,
Et reçoit toujours mon entier
Quand ; il arrive dans ce monde.



CHARADE 20.

Mon premier, dans vos jeux, sert à vous divertir ;
Mon second, à monter sert ainsi qu’à descendre ;
Et mon tout, chez les grands, qu’on veut toujours surprendre,
Fait aller l’intrigant, qui n’y fait que mentir.

Madame la comtesse de Beauharnais.


CHARADE 21.

Chez le peuple romain, aux beaux jours de sa gloire,
On a vu mon premier, de pompe environné,

Servir souvent à rendre, après une victoire,
Les honneurs du triomphe aux héros décerné.
D’un bon cœur mon dernier annonce la présence…
Et de crainte, lecteur, que tu ne cherches mal,
Apprends que dans les champs mon tout prenant naissance
Est le mets favori d’un stupide animal.

Arbelin.


CHARADE 22.

Si mon premier est cher, mon second l’est aussi ;
Mais pour trouver mon tout, il faut le faire ici.

H. L.


CHARADE 23.

Mon premier pris aux fleurs devient miel ou bougie ;
Mon second, cher lecteur, est toujours en procès.
— Bon ; c’est quelque Normand ? Non. C’est donc la Régie ?
— Point ; mon tout, en tout genre, est le lot du Français.



CHARADE 24.

Flexible, souple en mon premier,
Je rampe, me replie et pique,
Douce et fraîche dans mon dernier,
Je tempère l’humeur bachique ;
Tout plein de feu, dans mon brillant entier,
Je vole ou tombe en ligne oblique.

M. Bonnard, ancien militaire.


CHARADE 25.

Dans leurs jeux, leurs combats, portés sur mon premier,
Les Romains volaient à la gloire :
Du méchant qui voudrait opprimer mon dernier,
Périsse à jamais la mémoire !
Un subtil élément dévore mon entier :
Voilà la fin de mon histoire.



CHARADE 26.

En musique eussiez-vous le plus modeste titre,
Dans la gamme aisément vous trouvez mon premier.
Tel démancheur guindé sur son pupitre,
Croyant faire mon tout, fait souvent mon dernier.



CHARADE 27.

Mets excellents dans mon premier
Sont bien accueillis sur ma table ;
Buveur joyeux, j’ai de ma table
Dès longtemps banni mon dernier ;
Au dessert, toujours mon entier,
Chargé de fleurs, orne ma table.

Hilaire L. S.


CHARADE 28.

Mon premier invite au repos,
Et mon second peut inviter à boire :
Mon tout, sur les pas d’un héros,
Conduit souvent les Français à la gloire.



CHARADE 29.

Mon premier, moissonné dans la force des ans,
À notre souvenir laissa des airs charmants ;
Mon second sert d’escorte aux poulardes du Maine,
Et préside aux festins que l’on donne en Lorraine :
Chaulieu, Vadé, Chapelle, et Panard et Piron,
D’être mon tout, lecteur, ont acquis le renom.



CHARADE 30.

Mêlant sa voix divine aux sons de sa guitare,
Le prophète David a chanté mon dernier :
En faisant mon premier quelquefois on s’égare ;
On s’égare toujours en suivant mon entier.



CHARADE 31.

Mon premier offre un insecte rampant,
Et mon second maint être sautillant,
Maint élégant, dansant, valsant ;
Mon tout est l’ordre qu’un pédant,
Le juge, le bailli, l’huissier, ou le sergent,
Intime au pauvre délinquant.



CHARADE 32.

Mon premier, mon second, ainsi que mon entier,
Sont trois empires de l’Asie ;
Si de les parcourir il te prend fantaisie,
Lecteur, crois-moi, désigne un héritier ;
Qui voyage, il est vrai, peut illustrer sa vie ;
Mais il fait à coup sûr un dangereux métier.



CHARADE 33.

Mon premier, au printemps, se couvre de verdure ;
Sur mon second sont peints les sentiments du cœur ;
Et mon tout, d’un ouvrage, ordinaire parure,
Ne fait assez souvent qu’endormir le lecteur.



CHARADE 34.

Personne encor n’a vu mon premier raboteux ;
On tourne quelquefois mon second avec grâce ;
Mon tout, œuvre sublime, est l’ouvrage des dieux,
Et le tout fut toujours renfermé dans l’espace.

M. le B. de P.


CHARADE 35.

Aux chances du premier est bien fou qui se fie ;
Chacun vers mon dernier va toujours en avant,
Et mon entier dans le monde souvent.
Décide du sort de la vie.

J. de B.


CHARADE 36.

En triomphe dans Rome un généreux guerrier
Entre d’abord sur mon premier.
Il parcourt mon second, et puis d’un air tranquille
Il va rejoindre mon entier,
Trouvant que ce dernier métier
Était tout aussi noble et beaucoup plus utile.

M. de Loubaissin, chevalier de Saint-Louis.


CHARADE 37.

Le pilote ignorant dans l’art de mon second
Cherche en vain mon premier pour éviter l’orage ;
Et mon tout, au retour de la belle saison,
D’abord montre ses fleurs, ensuite son feuillage.



CHARADE 38.

Chez les Grecs autrefois de nombreux spectateurs
Admiraient mon premier dans sa course rapide.
De mon second les attraits séducteurs
Touchent souvent une âme où la vertu réside,
Et pour lui rarement, de ma troisième part,
Met-on en jeu le négatif usage.
Dans mon dernier, toujours fait avec art,
À l’être libre on donne l’esclavage,
Soit sur la terre, ou dans l’air, ou dans l’eau ;
Et mon entier, charmant petit oiseau.
Par son emploi, peut se trouver en cage.



CHARADE 39.

Mon premier, mon second, sont en tout ressemblants,
Et mon tout dans Paris ressemble à bien des gens.



CHARADE 40.

Certaine tige assez menue
Fléchit parfois sous mon premier ;

Unité longtemps méconnue
S’offre au lecteur dans mon dernier ;
Si la pointe de mon entier
Blesse, jamais elle ne tue.



CHARADE 41.

Mon premier a sur six faces
Nombre d’yeux noirs et luisants ;
Mon dernier se voit céans
À trois différentes places ;
Mon entier, par ses grimaces,
Fait peur aux petits enfants.



CHARADE 42.

Connaissez-vous ces plaisirs que l’hiver
Voit commenter quand il ne fait plus clair ?
Mon premier est du nombre.
Connaissez-vous le jeu du corbillon
Et toutes ces rimes en on ?
Mon second est du nombre.
Connaissez-vous, pour abréger,
Tous les moyens de voyager ?
Mon entier est du nombre.



CHARADE 43.

Heureux qui loin de mon premier
Vit en paix dans son humble asile !
Heureux qui sait de mon dernier
Faire un emploi toujours utile
Heureux, enfin, celui que mon entier
Soutient et fortifie
Contre les maux nombreux de cette triste vie.

H. L.


CHARADE 44.

Pour chercher mon premier tu cours jusqu’à la Chine ;
Au sein de tes foyers tu trouves mon second ;
Pour monter sur mon tout, souvent un lourd Pradon
De son maigre Pégase a fatigué l’échine,
Et n’a remporté qu’un affront.



CHARADE 45.
À Madame M***, le jour de sa fête.

Source de tous les maux, idole des humains,
Mon premier à tes yeux étale en vain ses charmes ;
Il n’est cher à ton cœur que lorsque par tes mains
Il passe à l’indigent et va sécher ses larmes.
Soutien de la vertu, mon second, jour et nuit,
Veille sur ton bonheur, à tes bienfaits préside ;
Et mon tout, pour ta fête, aimable Adélaïde,
Te réserve la fleur dont il est l’heureux fruit.

M. le Grand, ancien directeur de l’imprimerie de la reine.


CHARADE 46.

Mon premier, dans les mains de la docte Uranie,
Mesure hardiment et la terre et les cieux ;
Et mon dernier dans les plaines d’Asie
Levait jadis un front audacieux.
Mais aujourd’hui dans la poussière
Il incline son front altier,
Et sa splendeur, si célèbre naguère,
N’excite plus que mon entier.



CHARADE 47.

À mon premier sans chef qu’on joigne mon second,
D’un amiral anglais j’offre l’illustre nom ;
Mon second joint à mon troisième
Vaut quelquefois, dit-on, autant qu’un long poëme ;
Et mon entier, véritable étourneau,
Ne se plaît qu’à siffler : auteur, crains cet oiseau.



CHARADE 48.

J’ai, sous un même nom, trois attributs divers :
Je suis un instrument, un poëte, une rue :
Rue étroite, je suis des pédants parcourue ;
Instrument, par mes sons je charme l’univers ;
Rimeur, je l’endors par mes vers.

M. François (de Neufchâteau).


CHARADE 49.

Joyeux enfants, disciples de Momus
Sur mon premier souvent vos fredons se cadencent ;
Et maints auteurs qu’emporte leur Phébus,
Flattent par mon dernier les puissants qu’ils encensent.
De mon entier alors ils offrent ce défaut
Qui rend l’homme d’esprit parfois l’égal d’un sot.



CHARADE 50.

Homme, femme, oiseau, vase, ou bouteille, ou burette,
Insecte ou quadrupède, ont chacun mon premier ;
Voyez comme l’on cloue avec soin mon dernier,
À Bagnolet, Montreuil, où le fruit d’espalier
Donne au propriétaire une fortune honnête.
Au parc ou dans la rue, à la cave, au grenier,
Au milieu de la foule, ou bien dans la retraite,
Il faut être au moins deux pour faire mon entier.