Le système nerveux central/09

La bibliothèque libre.
Georges Carré et C. Naud (p. 363-631).


TEMPS MODERNES



Les travaux et les découvertes des grands anatomistes du XVIe siècle, Sylvius, Charles Estienne, Vésale, Fallope, Servet, présentent un caractère de haute originalité. Mais la physiologie du système nerveux central n’était encore que celle d’Hérophile et de Galien. Harvey lui-même n’a pas d’autres idées sur les fonctions du système nerveux que celles du médecin de Pergame. Varoli (1543-1575), de Bologne, est au contraire un fervent disciple d’Hippocrate.

Varoli commence bien par poser en principe que l’esprit de l’homme est chose « inorganique et incorporelle », et qu’il ne faut croire ni Platon ni Galien lorsqu’ils lui assignent dans le corps un siège déterminé (arbitrantes habere determinatam sedem in corpore), car on serait ainsi conduit de nécessité à soutenir que tous les animaux ayant un cerveau ont aussi de l’intelligence, proposition indigne et basse, où à concéder que les animaux possèdent des parties du cerveau qui n’ont pas d’utilité, ce qu’on ne saurait pas plus attribuer aux ouvrages de Dieu qu’à ceux de la Nature. Il ne fait pourtant point difficulté de reconnaitre que l’âme humaine ne peut percevoir les objets matériels qui lui sont extérieurs sans l’intermédiaire de quelque organe matériel, organe où soient transmises, sous forme de symboles, les espèces des choses sensibles. Tous les philosophes affirment en effet ceci : nihil est in intellectu quod prius non fuerit in sensu ; Varoli en convient. Cet organe, c’est le primum ou commune sensorium. Quel est son siège ? Platon,Galien et tous les médecins croient que c’est le cerveau (cerebrum) ; mais tous les Péripatéticiens affirment que c’est le cœur même (cor ipsum). Aristote et Galien conviennent que le primum sensorium doit être l’origine des nerfs (principium nervorum). Mais Galien, de par l’expérience, a cause gagnée : la dissection apprend en effet que le cerveau (et non le cœur) est le principe des nerfs. C’est donc le cerveau qui est le primum sensorium ; c’est lui qui recoit toutes les images sensibles des choses sans leur matière.

Comme sentir c’est souffrir (sentire est pati), le cerveau est fait d’une substance molle, humide, aqueuse, dont la mollesse n’est pas toutefois sans quelque consistance, afin que les impressions y puissent persister et 367

LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

s’y conservent(r). Il attribue la couleur blanche du cerveau à ce qu’il est une pure puissance au regard des autres choses sensibles : voilà pourquoi, dit-il, le cerveau est blanc d’aspect, à l’exception des parties auxquelles arrive le sang par les vaisseaux contenus dans une membrane (pie-mère) où il circule, non seulement à l’extérieur du cerveau et du cervelet, mais au fond des dépressions des circonvolutions, dont la forme est toujours comparée à celle des intestins. Telle est même l’unique raison de cette forme des circonvolutions ; il n’y en a point d’autre ; elle favorise la nutrition de l’organe, voilà tout.

Mais toute nutrition implique une séparation de produits excrémentiels qui doivent être rejetés au dehors de l’organisme. Or ce sont les ventricules du cerveau qui servent de réceptacle ou de « cloaque » à ces excréments (excrementa). Les glandules appendues à leurs cavités sont comme des « éponges » (spongiae) qui collectent les matières excrémentielles provenant de cette origine. « Ce sont, écrit VaRoOLI, ces grappes de glandules qu’avant moi tous les anatomistes avaient dénommées assez inexactement plexus retiformes. Mais il suflit d’ouvrir les yeux pour voir que ce sont des glandes et non pas des artères. » HIPPOCRATE, dont VaroLI invoque les doctrines (2), avait enseigné que « l’homme est constitué par quatre humeurs, assignant un lieu propre à chacune, celui du sang et de l’esprit au cœur, celui de la bile jaune au foie, celui de la bile noire à la rate, et celui de la pituite au cerveau. Or si le lieu de la pituite est dans le cerveau, il faut affirmer qu’il s’y trouve pratiquée quelque cavité capable de la contenir, comme sont les ventricules du cœur, la vésicule du foie, les porosités spongieuses de la rate ». Excepté les deux ventricules signalés par VaroLt, qui rejette la théoric classique des quatre ventricules, il n’existe pas d’autre cavité dans le cerveau, ni grande ni petite : « il faut donc convenir (à moins d’accuser HiPPOCRATE d’être un menteur) que les ventricules du cerveau représentent le lieu de l’humeur pituileuse. Il est connu de tous que la pituite est distillée du cerveau et descend par l’infundibulum au palais, et, si l’on prend garde à la disposition des partics que traverse la piluite, on reconnaitra facilement qu’elle est d’abord rassemblée dans les ventricules (3). » C’est une fin de la nature de consacrer ainsi un lieu spécial à la collection de matières excrémentielles qui puis- (1) Coxsraxrir Varourt, philosophi ac medici Bononiensis, Anatomiae sive de resolutione corporis humani ..... libri IT... Francof., 1801. L. 1, nn. De cerebro. — Cerebrum, membrum molle et aqueum ; « il regorge d’humeur et d’humidité ; » c’est le principe humide et mou. (2) Quum sim acerrimus sectator Iivrocrari in declaranda corporis nostri fabrica. (3) GC. Varouu. ... De nervis opticis nonnullisque aliis practer communem opinionem in humano capite observatis. Patavii, 1573, p. 9.

C. VAROLI

365

sent ensuile en être rapidement expulsées. Et c’est précisément le cas pour la pituite, « comme nous le savons tous par l’expérience de chaque jour, car lorsque nous avons dormi sept ou huit heures sans avoir craché, dès notre réveil nous ne tardons point à rejeter une grande quantité de crachats. Quid aliud quaeso dicere possumus, nisi praedictum sputum in aliqua cerebri cavitate prius collectum, atque per totum id tempus relentum fuisse ? » Ainsi, les déchets séparés du sang servant d’aliment au cerveau et devant ètre rejetés au dehors de l’organisme, après s’être collectés dans les ventricules, descendent par l’infundibulum el finissent par arriver au palais en traversant « la glande nommée conarium ». Cette humeur est distribuée par l’uvula au palais, au gosier et à la langue qu’elle lubrifie ; les parties plus grossières, de la nature du mucus, de la pituite distillée par le cerveau sont rejetées par la bouche et par les narines. Rien n’arrive aux ventricules du cerveau que par les glandules tapissant ses cavités ; ils ne communiquent avec le reste de l’économie que par l’infundibulum et sa glande pituitaire. Voilà, selon Varozr, le rôle des « deux grandes cavités du cerveau appelées ventricules ». Quant au III° et au IV° ventricule qui, d’après l’opinion admise, transmettent les esprits animaux à la moelle épinière, ce sont des illusions nées.d’une anatomie défectueuse du cerveau (sunt delusiones ex prava capitis administratione contingentes). Cependant VaroLt attribue encore aux « esprits » les opérations supérieures du cerveau. Quel est le siège des esprits animaux ? Il répond qu’ils résident dans la substance molle du cerveau lui-même ; ils n’ont que faire de cavités ventriculaires. Spiritus enim per quos perficiuntur cerebri operationes optimae resident in substantia molli ejusdem nec cavitalibus indigent (1).

La méthode nouvelle, que revendique Varozt, de disséquer le cerveau par la base, le conduisit à instituer une étude spéciale de l’origine des nerfs. Il pensait avoir découvert l’origine des nerfs optiques et celle des nerfs auditifs dans deux provinces essentiellement distinctes de l’encéphale, le cerveau et le cervelet. Le cerveau, disait-il, est surtout construit pour la vision et le cervelet pour l’audition. C’est que la sensation par excellence, la sensatio princeps, celle qui occupe la place suprême dans l’intelligence, comme il s’exprime, suivant les doctrines traditionnelles d’AntsToTe, la vue, et son acte, la vision, exige un organe mou et de la nature de l’eau, comme est l’œil lui-même. Les sons et l’audition veulent au contraire un organe plus dur et plus sec : le cervelct. Cerebellum est primum audiendi principium : c’est du cervelet que proviennent les deux (1) Anatomiae sive de resolut. corporis kum., 1. IV, 1, get 1ο.

366

LE SYSTÈME NER VEUX CENTRAL

nerfs auditifs {nervt auditorii) passant aux deux côtés de la tête et allant s’implanter dans les organes périphériques de l’ouie. Mais c’est proprement de ce que VaroLt appelle pont du cervelet (pons cerebelli) que ces nerfs « émergent ». Il déclare ne pas répugner a l’idée que, comme les nerfs optiques, les nerfs acoustiques s’unissent ; c’est dans le pont que se trouverait réalisé, en cette hypothèse, cette manière de chiasma des nerfs auditifs, ce qui expliquerait l’unité des sensations du son en dépit de la dualité de leur origine (r). Les deux nerfs auditifs sortent donc latérale-

  • ment du pont ; du milieu du pont, entre chaque nerfs auditif, sortent les

nerfs du goût. Car le cervelet cst le principe de l’audition et de la gustalion, comme le cerveau est celui de l’audition et de l’o/faction. Le cerveau et le cervelet sont à la fois le principe mixte du cinquième ordre de sensations, le toucher. Mais, comme le foucher, en tant qu’il exerce la fonction délicate du tact, est une passio, il dépend plus du cerveau que du cervelet ; la motilité, au contraire, en tant qu’actio, émane plutôt du cervelet que du cerveau : quod enim molhius ad patiendum promptius ; quod vero durius ad agendum praestantius existit. Or comme les parties qui sentent sont plus nombreuses que celles qui sont mues, il en résulte que le cerveau est beaucoup plus volumineux que le cervelet. VaroLi démontre aussi pourquoi le cerveau, organe de la vue par excellence, devait être situé au-dessus du cervelet, organe de l’ouic.

Nous avons dit que les nerfs du goût, c’est-à-dire destinés à la langue, organe du goût (sensorium particulare gustus), sortent du pont entre les nerfs acoustiques. Cela expliquerait, écrit VaRoLI, pourquoi les muets sont sourds, puisque les nerfs des oreilles et ceux de la langue naissent de la même origine, encore qu’il soit naturel d’admettre, se hâte-t-il d’ajouter, qu’un sourd de naissance soit demeuré muet sans qu’il ait existé de lésion des nerfs de la langue, et cela d’autant plus que nombre de mucts perçoivent très bien les saveurs et remuent facilement la langue en tout sens, quoiqu’ils ne parlent pas du tout. Car il est impossible d’apprendre un idiome ou d’en créer un nouveau sans le sens de l’ouïe. C’est donc au cervelet que les saveurs arrivent par les nerfs de la langue et qu’elles y sont perçues, comme les sons.

Jean Fernel (1485-1588), dont la pensée et l’expression sont d’une clarté et d’une simplicité vraiment classiques, est un disciple de PLAToN et d’ÉRASISTATE égaré à la cour de Henni II. Les trois âmes habitent tou- (1) Quod si quispiam diceret, conjunclionem nervorum auditus in ponte cerebelli esse in causa, quod sonus apprehendatur sub ralione unius, non duorum, juxta dualitalem organorum (sicut de conjunclione opticorum dicunt), ego non improbarem, p. 26. Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/383 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/384 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/385 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/386 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/387 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/388 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/389 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/390 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/391 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/392 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/393 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/394 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/395 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/396 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/397 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/398 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/399 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/400 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/401 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/402 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/403 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/404 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/405 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/406 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/407 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/408 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/409 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/410 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/411 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/412 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/413 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/414 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/415 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/416 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/417 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/418 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/419 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/420 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/421 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/422 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/423 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/424 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/425 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/426 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/427 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/428 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/429 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/430 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/431 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/432 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/433 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/434 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/435 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/436 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/437 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/438 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/439 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/440 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/441 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/442 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/443 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/444 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/445 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/446 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/447 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/448 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/449 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/450 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/451 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/452 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/453 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/454 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/455 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/456 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/457 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/458 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/459 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/460 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/461 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/462 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/463 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/464 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/465 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/466 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/467 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/468 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/469 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/470 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/471 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/472 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/473 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/474 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/475 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/476 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/477 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/478 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/479 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/480 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/481 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/482 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/483 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/484 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/485 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/486 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/487 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/488 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/489 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/490 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/491 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/492 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/493 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/494 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/495 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/496 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/497 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/498 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/499 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/500 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/501 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/502 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/503 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/504 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/505 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/506 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/507 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/508 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/509 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/510 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/511 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/512 GALL ET SPURZHEIM

L’ère des localisations ventriculaires se ferme avec SÔMMERRING ; l’ère des localisations cérébrales s’ouvre enfin avec Gall (1755-1828) et Spurzheim (1776-1832). Parti de Vienne, où il avait déjà donné, pendant dix ans, des conférences sur les fonclions du cerveau, le 5 mars 1805, Gaz fit, avec SPURZHEIM, en 1806 et 1807, des démonstrations publiques du cerveau à Berlin, Halle, Leipsig, Iéna, Dresde, etc., Copenhague, Leyde, Amsterdan, etc., Hambourg, Munich, Francfort, Zurich, Bäle, Paris. Les journaux avaient publié des comptes rendus de ces cours. Des pamphlets, des mémoires, des livres entiers, dont quelques-uns sont signés de noms considérables dans la science de l’anatomie et de la physiologie du système nerveux central, tels que ceux de BiscHorr et d’HUFELAND, avaient paru à Berlin, à Heidelberg, etc. (x).

Le jugement porté par HUFELAND sur le système de GALL nous parait tout particulièrement équitable et judicieux. D’abord HUFELAND ne croit (x) E. v. Sezrenr. D. Gazv’s Vorlesungen über die Verrichtungen des Gehirns...... Berlin, 1805. — J.F. Acxenmann, Die Garr’sche Hirn-Schedel, und Organenlehre vom Gesichtspunkte der Erfahrung aus beurtheilt und widerlegt. Heidelberg, 1806. Nous reproduisons seulement les jugements de Biscuorr et de .[lureLanp sur la théorie cérébrocränienne de Gaz ; le livre de Biscnore que nous avons sous les yeux avait déjà eu une seconde édition en 1805. Elle est accompagnée d’une planche.

« Toute fonction spéciale de l’intelligence a ses nerfs spéciaux, son organe spécial, ainsi que tout sens ; le cerveau n’est point par conséquent un organe de l’âme, un organe commun pour toutes les fonctions de l’intelligence, c’est un lieu de rassemblement, un assemblage ou une confédération d’organcs (ein Sammelplatz von Organen). Bien que l’asserlion que chaque force ou faculté de l’âme possèdo son organe particulier, soit déjà très ancienne, puisqu’on la trouve chez Borruaave, HaLLer, VAN SWIETEN, SCHELLHAMMER, Grasen, Jacogr, SGMMERRING, TiEDEMANN et Procuasxa, el que l’académie de Dijon ait mis au concours, comme sujet de prix, la déterminalion du siège des différents organes, il est pourtant, avant tout, nécessaire d’adminisirer la preuve démonstrative de la pluralité des organes. » Voici les observations qui la donnent :

1. Le repos ou l’absence de manifestations de quelques facultés psychiques. Cela serait impossible si toute la masse du cerveau devait de nécessité prendre part à chaque fonction de l’intelligence. | 2. Les différentes facultés de l’âme souliennent entre elles des rapports divers chez les différents individus d’une classe, hommes ou animaux. Les organes de ces facultés, c’est-à-dire les parties de ls matière par lesquelles ces forces manifestent leur acivité, doivent donc aussi être différents. S’il n’existait qu’un seul organe pour toutes les fonctions de l’intelligence, chez un grand musicien, par exemple, tous les organes devraient être également supérieurs. Mais, avec la pluralité des organes, par le fait du degré différent de développement, l’un peut exceller au regard d’un autre, et un individu, quoique tous les individus d’une seule et mème classe d’animaux aient les mêmes organes, pourra se distinguer J. Soury. — Le système nerveux central.

32 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/514 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/515 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/516 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/517 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/518 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/519 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/520 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/521 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/522 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/523 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/524 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/525 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/526 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/527 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/528 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/529 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/530 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/531 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/532 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/533 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/534 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/535 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/536 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/537 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/538 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/539 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/540 EXPÉRIENCES SUR LES FONCTIONS DE LA MOËLLE DU CERVEAU 525

Et cependant, non seulement le cerveau peut percevoir les sensations : il lui est encore donné de reproduire celles qu’il a déjà perçues. Cette action cérébrale se nomme mémoire. Dans certaines maladies du cerveau, la mémoire est complètement détruite. Les maladies nous offrent précisément des « analyses psychologiques de la mémoire ». Ainsi tel malade perd la mémoire des noms propres, tel autre celle des substantifs, tel autre celle des nombres, etc. ; celui-ci « oublie jusqu’à sa propre langue et perd ainsi la faculté de s’exprimer sur aucun sujet. » Il y a donc une mémoire des mots, une mémoire des noms, des formes, des lieux, de la musique, etc. GALL avait tenté de localiser ces « diverses sortes de mémoires ». MAGENDIE repousse naturellement ces essais de localisation ; mais, après avoir constaté qu’il existe des mémoires et non une mémoire, il confesse ignorer « s’il existe quelque partie du cerveau qui soit plus particulièrement destinée à exercer la mémoire ». Il semble donc que MAGENDIE ait encore été tenté de faire une faculté de l’âme de ce que GALL avait considéré comme un attribut commun des organes cérébraux, comme une propriété générale de la matière nerveuse des circonvolutions. Mais il est plus probable que ce n’était chez MAGENDIE qu’une manière traditionnelle de s’exprimer, car il ajoute que dans tous les cas de perte ou d’altération de la mémoire, après la mort, on observe « des lésions plus ou moins graves du cerveau ou de la moelle allongée ; mais l’anatomie morbide n’a pu encore établir, ajoute MAGENDIE, aucune relation entre le lieu lésé et l’espèce de mémoire abolie ». Le progrès des idées et l’émancipation du passé ne sont pas moins manifestes chez MAGENDIE à propos du siège des passions : « Dirons-nous avec BicnarT qu’elles résident dans la vie organique ? Mais les passions sont des sensations internes ; elles ne peuvent avoir de siège. Elles résultent de l’action du système nerveux, et particulièrement de celle du cerveau. » ÉCOLE DE LA SALPÊTRIÈRE

C’est de l’École de la Salpêtrière que sortit en partie, vers 1820, une doctrine nouvelle des fonctions motrices et sensitives du cerveau qui, pour avoir été fondée dans le principe sur la clinique, l’anatomie pathologique et la physiologie expérimentale, devait pourtant tromper les grandes espérances qu’elle avait fait naître, et cela parce qu’elle reposait sur une crreur fondamentale de l’anatomie du névraxe. PINEL vivait encore à la Salpètrière ; les lecons d’EsquiroL et de RosTan attiraient une foule nombreuse dans cet hospice ; GEORGET y écrivail alors sa thèse ; DELAYE, Fovizre, PINEL-GRaNpcHaAMP, TRÉLAT recueillaient des observations aux lits des malades et rédigeaient leurs premiers mémoires. C’est avec Delaye, alors interne de la Salpêtrière, que Foville, en 1820, publia les premiers résultats auxquels l’avaient conduit ses études de clinique et d’anatomo-pathologie. Dès cette époque, DELAYE et FoviLe exprimaicnt la pensée que « la substance corticale du cerveau était affectée à l’exercice des opérations intellectuelles, en d’autres termes, devait être considérée comme le siège de l’intelligence », et que « la substance fibreuse » servait à l’exercice des mouvements volontaires. Les altérations diverses rencontrées et notées au cours des autopsies dans le cerveau des malades ayant succombé à des affections mentales occupaient « la substance grise superficielle » ; les désordres cérébraux dont l’effet porlait exclusivement sur la locomotion se montraient au contraire constamment dans la substance blanche ou dans les « renflements gris situés profondément dans les hémisphères ». D’où la conclusion des auteurs : la substance grise superficielle préside aux fonctions intellectuelles, la substance blanche ctles ganglions de la base à la locomotion, « puisque les dérangements de ces deux ordres de fonctions correspondaient réciproquement aux altérations de la superficie ou de la profondeur du cerveau ». « Nous avions, disent les auteurs, été guidés par cette observation dont la vérité peut être constatée tous les jours que, tantôt le trouble de l’intelligence a lieu sans que les mouvements soient lésés, tantôt que, dans d’autres cas, les mouvements sont profondément compromis sans que l’intelligence présente le moindre égarement. L’aliénation mentale offre une multitude d’exemples du premier genre ; les apoplexies, les ramollissements en offrent un aussi grand nombre du second. » Dans les malaDELAYE, FOVILLE, PINEL-GRANDCHAMP

527

dies mentales, les altérations pathologiques portent donc sur la substance corticale, dans les paralysies sur la substance blanche des hémisphères ou la substance grise des corps striés et des couches optiques. Enfin, dans un grand nombre de cas où les lésions de l’intelligence et celles du mouvement coexistent, les auteurs avaient trouvé à la fois des altérations de la substance corticale et de la substance blanche. A. Fovice demeura fidèle à cette doctrine. Dans son article Aliénation mentale du Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratique (1829, 1, 558-9), rappelant les observations qu’il avait faites avec DELAYE et PINEL-GRANDcamp et dans lesquelles « l’altération de la substance corticale ne correspondait à d’autres phénomènes qu’à des troubles intellectuels », il demandait : « Que devient celte opinion que l’altération de la substance corticale des circonvolutions est la cause de la paralysie dans les cas si nombreux d’altération de cette substance corticale sans la moindre altération des mouvements ? » L’atrophie, l’absence même d’une grande partie de la substance corticale « n’ont pas d’effet sur les mouvements », tandis que les altérations de la substance blanche ou fibreuse entraïnent nécessairement la perte ou l’affaiblissement des mouvements volontaires. Plus tard, sans rien sacrifier de sa doctrine du siège des fonctions intellectuelles dans l’écorce grise du cerveau, Fovizce dut convenir que cette substance des circonvolutions paraissait être le substratum matériel par l’intermédiaire duquel la volonté dirige les mouvements(r). Fovice signale expressément comme les circonvolutions en rapport de continuité avec les pyramides celles qui occupent le centre de la convexité des hémisphères. Nous savons par TRÉLAT que, dès 1818 et 1819, DELAYE, frappé du « bégaiement » de certains aliénés ct de l’embarras de leurs mouvements, s’appliquait à distinguer et à reconnaître les signes de cette grande maladie qui se caractérise par l’affaiblissement graduel et incurable de l’intelligence et de la motilité, la paralysie générale. « Notre maitre Esqurrotz, écrivait TRÉLAT à DELAYE, ne tarda pas à donner à nos travaux la recommandation de sa parole et à traiter, dans son cours, de Ia paralysie générale des aliénés (2). »

En 1823, FoviLe et PINEL-GRANDcHAMP, tous deux encore internes de (1) Considéralions sur la structure de l’encéphale et sur les relations du cräne avec cet organe, par l’ovice. Rapport de Bouicraup, cte. Paris, 1840. (2) De la paralysie générale. Annales médico-psychol., 1855, 3e série, 1, 233. — Cf. Fovicee, Traité complet de l’anatomie, de la physiologie et de la pathologie du système nerveux cérébrospinal. 1e partie, Anatomie. Paris, 1844, p. 42. — Decaye, Considérations sur une espèce de paralysie qui affecte particulièriment les aliénés. Th. Paris, 1824, n° 224. Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/544 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/545 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/546 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/547 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/548 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/549 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/550 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/551 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/552 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/553 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/554 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/555 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/556 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/557 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/558 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/559 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/560 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/561 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/562 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/563 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/564 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/565 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/566 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/567 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/568 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/569 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/570 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/571 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/572 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/573 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/574 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/575 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/576 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/577 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/578 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/579 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/580 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/581 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/582 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/583 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/584 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/585 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/586 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/587 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/588 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/589 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/590 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/591 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/592 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/593 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/594 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/595 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/596 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/597 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/598 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/599 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/600 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/601 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/602 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/603 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/604 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/605 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/606 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/607 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/608 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/609 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/610 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/611 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/612 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/613 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/614 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/615 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/616 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/617 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/618 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/619 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/620 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/621 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/622 DÉCOUVERTE DES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES

Fritsch et Hitzig.

Dès son premier Mémoire, publié avec Fritsch en 1870, sur l’Excitabilité électrique du cerveau (1), Hitzig laisse nettement voir qu’il a compris toute la portée, et surtout la signification profonde de sa découverte, l’excitabilité de l’écorce cérébrale, pour la scicnce future des fonctions du cerveau. C’est sur la connaissance des propriétés de Pécorce cérébrale que sera fondée la psychologie.

L’ignorance de ces propriétés et les théories arbitraires de GALL et de ses successeurs avaient éloigné les psychologues soucieux de vérité des matériaux empruntés à la physiologie. Mais ce qui prouve mieux que tous les raisonnements avec quelle force l’homme désire jeter un regard dans le monde obscur de la conscience, c’est 1” « étonnant succès dont avait joui, dans le public, en dépit de sa méthode non scientifique, la phrénologie ». Les résultats des recherches qu’apportaient les auteurs sur ce problème formaient le plus éclatant contraste avec une autre doctrine, encore adoptée par presque tous les physiologistes (1870), celle de FLourens : les lobes cérébraux participent, par toute leur masse, à l’exercice complet de leurs fonctions ; il n’existe aucun siège distinctif ni pour les perceptions, ni pour les facultés de l’âme. Entre cette ancienne doctrine, devenue en quelque sorte oflicielle, et la doctrine nouvelle qui reposait sur la démonstration de l’existence de centres où foyers circonscrits de l’écorce cérébrale, l’opposition apparut si évidente que, à un premicr examen superficiel, on répéta que Frirsen et HirziG ne faisaient que continuer ou ressusciter l’organologie. Rien n’était plus erroné ; je n’ai jamais laissé passer une seule occasion de le montrer. La doctrine moderne, scientifique, des localisations cérébrales, telle qu’elle résulte en particulier de la découverte de Frirscu et HirziG, ne localise ni les facultés classiques de l’âme ni les organes fondamentaux de la phrénologie, parce que ces facultés et ces organes n’existent point, que ce ne sont pas des êtres, mais des rapports, des résultantes de l’activité des seules réalités connues, je veux dire les perceptions et leurs résidus, localisés, et partant localisables, dans les diffé- (r) G. Frairscu und E. Hirzic. Ueber die elektrische Erregbarkeit des CGrosshirns. — Reicuenr’s uud pu Bois-ReyuonD’s Archiv, 1850, 300-332.

Go8

LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

.

9

rents territoires, plus ou moins nettement différenciés, de l’écorce grise du cerveau.

« On peut se représenter l’écorce entière du cerveau comme divisée en un certain nombre de territoires d’égale grandeur, et ces Lerritoires reliés entre eux et avec lés gros ganglions centraux par des faisceaux de fibres. Leur aire formerait le substratum matériel de toutes les forces dont le mode de manifestation phénoménale nous est connu sous le nom de fonctions psychiques... D’après FLounexs, le cerveau Lout entier participe à Loutes ces fonclions ; il n’exisie pas de foyers fonctionnels distincts. Nous aurions donc à considérer chaque territoire particulier de l’écorce comme un petit cerveau. J’admets, au contraire, qu’un nombre plus ou moins grand de territoires, qu’il serait prématuré de délerminer, pourvus de propriétés semblables, agit de concert pour l’accomplissement du même but, et qu’il existe un nombre indélerminé de complexus servant à des buts différents. Il existe sans aucun doutc des paralysies (Paresen) dues à des désorganisalions de certains lerritoires de l’écorce, landis que d’autres terriloires peuvent être détruils sans symplômes moteurs appréciables. Les recherches sur la production expérimentale des paralysies, celles de Noruxacer, auquel je renvoie le lecteur, conduisent aux mêmes résultats. » De mème pour l’aphasie : « Il est établi aujourd’hui que ce symptôme est produit par la lésion d’un Lerriloire déterminé de l’écorce. » En toute hypothèse, les observations d’aphasie « parlent encorc contre la théorie de Frourexs ». « Si l’on admet que la formation du mot cest quelque chose de plus complexe et dépend du concours régulier de plusieurs groupes associés de territoires (Zusammenwirken mehrerer Complexe von Feldern), alors les exceptions se comprennent à côté de la règle. Dans ce cas, la solution de continuité de toulces ou des plus césentielles des connexions entre deux complexus pourra produire des phénomènes analogues à la destruction de l’un d’eux, ou, ce qui est la mème chose, à la destruction de ses voies nerveuses périphériques. » Tout de même encore pour la production des mouvcments volontaires ou des aclions. « Toute aclion, même presque mécanique, peul être ramenée à des impressions sensibles antéricures ou acluclles. De la somme des idées (Vorslellungen ) formées par l’activité primitive des organes des sens naît l’incitation qui a pour effet le mouvement. Les mouvements ont leur racine dans les terriloires propres des surfaces sensibles (Sinnesfläche), cl par conséquent je puis me représenter qu’un centre moteur soil lui-même intact οἱ se trouve cependant mis hors de fonction par l’isolement des facteurs concourant à son activité. Je ne serais même pas surpris s’il était démontré, sur des animaux psychiquement inféricurs, que la destruction d’unc région reconnue comme une pure surface sensible entraîne un trouble du mouvement sans que l’excitation du même point ail délerminé un mouvement. (1) »

Lorsque Frirscit et HirziG publièrent leur premier mémoire, c’était depuis des siècles une manière de dogme scientifique que les hémisphères du cerveau sont inexcitables par tous les modes d’excitation connus des physiologistes. On différait d’opinions sur la possibilité de provoquer, par d’autres stimuli que les excitations organiques, l’excitabilité de la moelle de l’épine et celle des ganglions de la base du cerveau, du pont de Varole, de la couche optique. Et pourtant la physiologie (α) Hirzic, Untersuchungen über das Gehirn. Berlin, 1854, ix-xin. Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/625 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/626 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/627 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/628 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/629 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/630 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/631 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/632 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/633 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/634 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/635 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/636 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/637 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/638 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/639 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/640 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/641 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/642 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/643 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/644 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/645 Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/646 NATURE DES FONCTIONS DE L’INTELLIGENCE

631

de tous les éléments nerveux, nous parait être surtout une fonction des fibres ou faisceaux d’association, peut-être de centres d’association. La différenciation physiologique des différentes aires de l’écorce du cerveau des vertébrés dépend de la nature des ébranlements qu’y propagent les divers organes des sens. Le siège des sensations, des perceptions, des images mentales, et, partant, des raisonnements, des jugements et des volitions, bref, des fonctions de l’intelligence, cst sans doute, dans l’homme et les mammifères supérieurs, la substance grise des hémisphères. Quoique les lobes frontaux renferment des centres d’innervation des muscles de la nuque et du tronc, .il est certain qu’il s’y trouve bien d’autres centres, encore peu connus, en rapport avec l’ensemble des processus d’association de l’écorce cérébrale.