Les Anacréontiques/Contre l’Or

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Les AnacréontiquesAlphonse Lemerre, éditeurPoésies d’Auguste Lacaussade, tome 1 (p. 125-126).

LV

CONTRE L’OR


 
Quand l’or me fuit, et souvent ce perfide
Aux plaisirs décevants
Bien loin s’envole, et son aile est rapide
Comme l’aile des vents ;

Jamais alors, jamais ma voix n’invite
Le traître à revenir :
Mon ennemi fuit le toit que j’habite,
Pourquoi le retenir ?
Des vains soucis sa fuite me délivre.
Les semant par les airs,
Je prends ma lyre et mon esprit s’enivre
A la coupe des vers.
Mais quand il voit quel dédain ma sagesse
A pour ses dons changeants,
Il me revient, l’infidèle, il me presse
D’accueillir ses présents.
Non ! loin d’ici, trompeur fertile en ruses,
Loin de moi pour toujours !
A tous les biens je préfère les Muses,
Ma lyre et mes amours.