Les Anacréontiques/Sur une Coupe d’argent

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XVII

SUR UNE COUPE D’ARGENT


 
Toi d’Héphaistos l’émule, artiste à la main sûre,
Ciselle cet argent : n’en fais point une armure ;
— Eh ! que m’importent les combats ? —
Mais, chef-d’œuvre savant de tes doigts délicats,
Fais une coupe, ami, large autant que profonde,
Où riront les rubis, fils de la grappe blonde.
N’y grave point le char de l’Ourse et le Bouvier,
Ni le triste Orion ; — que me font les Pléiades ? —
Mais un cep que l’ampleur des grappes fait plier,
Et le chœur vendangeant des ardentes Ménades.
Grave aussi le pressoir d’où ruisselle le vin,
Et montre-nous dans l’or, entre tes doigts ductile,
Groupe enlacé, trio divin,
Foulant d’un pied léger la pourpre du raisin,
Lyæus, Éros et Bathylle.