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Les Quatre Évangiles (Crampon 1864)/Marc/13

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Traduction par Augustin Crampon.
Tolra et Haton (p. 229-232).
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saint Marc


CHAPITRE XIII


PROPHÉTIE DE LA RUINE DE JÉRUSALEM. — SIGNES AVANT-COUREURS DE CETTE CATASTROPHE ET DU DERNIER AVÈNEMENT DE JÉSUS-CHRIST (Matth. xxiv ; Luc, xxi).


1 Lorsque Jésus sortait du temple[1], un de ses disciples lui dit : Maître, voyez quelles pierres et quels bâtiments ! Jésus lui répondit : Vous voyez toutes ces grandes constructions ? Il n’y sera pas laissé une pierre sur une autre pierre qui ne soit renversée. Lorsqu’il se fut assis sur la montagne des Oliviers, en face du temple[2], Pierre, Jean et André l’interrogèrent en particulier : Dites-nous quand ceci arrivera, et quel sera le signe que toutes ces choses commenceront à s’accomplir ? Jésus leur répondit[3] :

6 Prenez garde que nul ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ ; et ils en séduiront un grand nombre[4]. Lorsque vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerre, ne craignez point ; car il faut que ces choses arrivent : mais ce n’est pas encore la fin. On verra se soulever peuple contre peuple, royaume contre royaume, et il y aura des tremblements de terre en divers lieux. Ce sera le commencement des douleurs. Mais prenez garde à vous-mêmes. Car ils vous traduiront devant leurs tribunaux, vous serez battus dans les synagogues, et vous comparaîtrez devant les gouverneurs et les rois, à cause de moi, en témoignage pour eux. Et il faut qu’auparavant l’Évangile soit prêché à toutes les nations[5]. Lors donc qu’on vous emmènera pour vous faire comparaître, ne pensez point d’avance à ce que vous direz ; mais ce qui vous sera donné à l’heure même, dites-le. Car ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit-Saint. Le frère livrera son frère à la mort, et le père son fils ; les enfants s’élèveront contre leurs parents, et les mettront à mort. Et vous serez en haine à tous à cause de mon nom. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. Lorsque vous verrez l’abomination de la désolation présente où elle ne doit pas être — que celui qui lit, entende, — alors que ceux qui sont dans la Judée s’enfuient sur les montagnes. Et que celui qui est sur le toit ne descende pas dans la maison, et n’y entre point pour emporter quelque chose. Et que celui qui sera dans les champs ne revienne point pour prendre son manteau. Mais malheur aux femmes enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! Priez pour que ces choses n’arrivent point en hiver. Car il y aura, en ces jours, des tribulations telles qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde, que Dieu créa, jusqu’à présent, et qu’il n’y en aura jamais. Et si le Seigneur n’avait abrégé ces jours, nulle chair ne serait sauvée ; mais, à cause des élus qu’il a choisis, il a abrégé ces jours. Alors si quelqu’un vous dit : Le Christ est ici, il est là, ne le croyez point. Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes ; et ils feront des signes et des prodiges, jusqu’à séduire, s’il se pouvait, les élus mêmes. Vous donc, prenez garde : voilà que je vous ai tout prédit. Mais en ces jours, après cette tribulation, le soleil s’obscurcira, et la lune ne donnera plus sa lumière, et les étoiles du ciel tomberont, et les vertus qui sont dans les cieux seront ébranlées. Et alors on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées avec une grande puissance et une grande gloire. Et il enverra ses anges rassembler ses élus des quatre vents, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. Écoutez une comparaison prise du figuier : Quand ses rameaux sont déjà tendres et qu’il pousse ses feuilles, vous savez que l’été est proche. Ainsi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le Fils de l’homme est près, qu’il est à la porte. En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera point que toutes ces choses n’arrivent. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Ce jour et cette heure, nul ne les connaît, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul[6]. Prenez garde, veillez et priez ; car vous ne savez quand ce temps viendra. Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un lointain voyage, laissa sa maison, donnant pouvoir à ses serviteurs, à chacun son emploi, et recommandant au portier de veiller. Veillez donc (car vous ne savez quand viendra le maître de la maison, ou le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin), de peur que, tout à coup, il ne vous trouve endormis. Or, ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.

  1. Le mardi 15 mars, vers le soir.
  2. La face antérieure du temple, au haut du mont Moria, était tournée vers l’est, du côté du mont des Oliviers, en sorte que Jésus, assis sur cette dernière montagne, le visage tourné vers l’ouest, était en face du temple.
  3. Le Père Patrizzi, adversaire du double sens littéral dans l’Écriture, partage ce chapitre en quatre alinéas : 1° Vers. 5-13, signe de la fin du monde ; 2° vers. 14-20, époque de la ruine du temple ; 3° Vers. 21-32, signe du second avénement de Jésus-Christ ; 4° Vers. 33-37, avertissement de s’y préparer. Voyez Matth. xxiv, 4, note.
  4. Le Père Patrizzi entend ce vers. des diverses sectes ou hérésies qui se sont produites ou se produiront jusqu’à la fin du monde.
  5. Ce verset, dit le Père Patrizzi, interrompt la suite des vers. 9-11, et semble devoir être placé après le vers. 13, comme conclusion de la première partie de ce discours : comp. Matth. xxiv, 14.
  6. « Par les choses que le Fils ne sait pas, il faut entendre celles qu’il ne sait pas pour son Église, et qu’il ne doit point révéler. » Bossuet. — Malachie (ii, 1) appelle Jésus-Christ l’Ange du Testament, ou de l’Alliance, c’est-à-dire, l’ambassadeur envoyé de Dieu pour son alliance avec les hommes, Or un ambassadeur ne doit dire que ce qu’il a mission de révéler : tout le reste, qu’il le sache ou non, il l’ignore. Patrizzi.