Les Stances (Jean Moréas)/50

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Les StancesSociété du Mercure de France (p. 109-110).

XII


Ô toi qui sur mes jours de tristesse et d’épreuve
Seule reluis encor,
Comme un ciel étoilé qui, dans la nuit d’un fleuve,
Brise ses flèches d’or,

Aimable Poésie, enveloppe mon âme
D’un subtil élément,
Que je devienne l’eau, la tempête et la flamme,
La feuille et le sarment :


Que, sans m’inquiéter de ce qui trouble l’homme,
Je croisse verdoyant
Tel un chêne divin, et que je me consomme
Comme le feu brillant !