Les Voleurs (Vidocq)/dico1/B

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B

BABEL (Tour de), s. f. — Chambre des députés.

BABILLARD, s. m. — Confesseur.

BABILLARD, s. m. — Livre.

BABILLARDE-BABILLE, s. f. — Lettre.

BABILLER, v. a. — Lire.

* BACCON, s. m. — Pourceau.

BACHASSE, s. — Travaux forcés, galères.

BACHES (Faire les) ou BACHOTTER, v. a. — Terme dont se servent les Floueurs, et qui signifie établir les paris dans une partie.

bachotteur, s. m. — Le Bachotteur est chargé du deuxième rôle dans une partie jouée ordinairement au billard, et dont tous les détails seront donnés à l’article Emporteur. Le Bachotteur doit être intelligent, et ne pas manquer de hardiesse ; c’est lui qui arrange la partie, qui tient les enjeux et qui va à l’arche (chercher de l’argent) lorsque la dupe, après avoir vidé ses poches, a perdu sur parole, ce qui arrive souvent. Tout en coopérant activement à la ruine du sinve (dupe), il semble toujours vouloir prendre ses intérêts.

BACLER, v. a. — Fermer.

BAGOUT, s. m. ab. — Nom propre.

BAGUE, s. m. ab. — Nom propre.

BAIGNEUSE, s. f. — Chapeau de femme.

BAITE, s. f. — Maison.

BALADER, v. a. — Choisir, chercher. Dans le langage populaire ce mot signifie marcher sans but, flâner.

BALAIS, s. m. — Gendarme. Terme des camelots ou marchands ambulans.

BALANCER, v. a. — Jeter.

BALANCER LE CHIFFON ROUGE, v. a. — Parler.

BALANCER SA CANNE, v. a. — De vagabond devenir voleur.

BALANCER SES HALENES, v. a. — Cesser d’être voleur.

BALANÇOIRE, s. f. — Fraude.

BALANCONS, s. m. — Barreaux.

BALLE, BALLE D’AMOUR, s. f. — Physionomie, jolie physionomie.

BALOCHE, s. m. — Testicule.

BALOCHER, v. a. — Tripoter, faire des affaires illicites.

BALUCHON, s. m. — Paquet.

BANQUETTE, s. m. — Menton.

BARBAUDIER DU CASTU, s. m. — Gardien d’hôpital.

BARBEROT, s. m. — Forçat chargé de raser ses camarades. Quoiqu’il ne soit point alloué d’appointemens aux Barberots, l’emploi qu’ils exercent est toujours vivement sollicité, et l’administration ne l’accorde qu’à celui qu’elle croit capable de pouvoir lui rendre quelques services. Le Barberot est donc en même temps frater et agent de surveillance officieux.

Ses fonctions ne se bornent pas à cela, c’est lui qui est chargé de laver, avec de l’eau et du sel, les plaies du forçat qui vient de recevoir la bastonnade.

Le Barberot est déferré, il ne va pas à la fatigue, il peut parcourir librement tous les quartiers du bagne, et il reçoit tous les jours environ trois demi-setiers de vin en sus de sa ration ; les forçats donnent aux Barberots le titre de sous-officier de galères.

BARBICHON, s. m. — Capucin.

BARBILLON, s. m. — Souteneur de filles.

BARBOT, s. m. — Canard.

BARBOTE, s. f. — Fouille d’un détenu à son entrée en prison.

BARBOTER, v. a. — Fouiller.

BARBOTIER-ère, s. — Guichetier chargé de la fouille. Femme chargée des mêmes fonctions envers les visiteuses.

* BARRE, s. f. — Aiguille.

* BAS DE TIRE, s. m. — Bas de chausses ; vêtement qui jadis remplaçait le pantalon.

BASOURDIR, verb. act. — Tuer, étourdir.

BASTRINGUE, s. m. — Étui de fer-blanc, d’ivoire, d’argent, et quelquefois même d’or, de quatre pouces de long sur environ douze lignes de diamètre, qui peut contenir des pièces de vingt francs, un passe-port, des scies et une monture, que les voleurs cachent dans l’anus. La facilité qu’ils trouvaient à dérober cet étui à tous les yeux, et la promptitude avec laquelle ils coupaient les plus forts barreaux, et se débarrassaient de leur chaînes, a long-temps fait croire qu’ils connaissaient une herbe ayant la propriété de couper le fer ; l’herbe n’était autre chose qu’un ressort de montre dentelé, et parfaitement trempé.

batif-fonne, adj. — Neuf, neuve.

BATOUSE ou BATOUZE, s. f. — Toile.

BATTANT, s. m. — Cœur.

BATTERIE, s. m. ab. — Mensonge, patelinage.

BATTRE COMTOIS, v. a. — Servir de compère à un marchant ambulant.

BATTRE JOB, BATTRE ENTIFLE, v. a. — Dissimuler, faire le niais.

BATTRE MORASSE, v. a. — Crier au voleur.

BATTEUR-euse, s. Menteur.

* BAUCHER, v. a. — Moquer.

BAUCOTER, v. a. — Impatienter.

* BAUDE, s. m. — Mal vénérien.

* BAUGE, s. m. — Coffre.

BAUGE, s. m. — Ventre.

BAYAFE, s. m. — Pistolet. Terme des voleurs de grande route du midi de la France.

BAYAFER, v. a. — Fusiller, passer par les armes.

BEAUSSE, s. m. — Riche bourgeois. Terme des voleurs flamands.

BELIER, s. m. — Cocu.

BECHER, v. a. — Injurier, calomnier.

BÉGUE, s. f. — Avoine.

BÉQUILLER, v. a. — Pendre.

BÉQUILLEUR, s. m. — Bourreau, celui qui pend.

BERIBONO, s. m. — Homme simple.

BÉRICAIN, s. m. — Homme simple.

BERLUE, s. f. — Couverture.

BESOUILLE, s. f. — Ceinture.

bête, s. m. — Dans le partie de billard dont les détails seront donnés à l’article Emporteur la Bête est celui qui tient la queue.

BETE A CORNES, s. f. — Fourchette.

* BETTANDER, v. a. — Mendier.

BEURRE, s. m. — Argent monnoyé

BEURRIER, s. m. — Banquier.

BIBLOT, s. m. — Outil d’artisan.

BIDET, s. m. ab. — Le Bidet un moyen de correspondance très ingénieux, et cependant fort simple, qui sert aux prisonniers, qui pour une raison quelconque ont été séparés, à cor respondre entre eux de toutes les parties du bâtiment dans lequel ils sont enfermés ; une corde passée à travers les barreaux de leur fenêtre, et qu’ils font filer suivant le besoin en avant ou en arrière, porte une lettre et rapporte la réponse ; il est inutile de dire que ce n’est que la nuit qu’ils se servent de ce moyen de correspondance.

** BIFFER, v. a. — Manger goulûment.

BIGORNE, s. m. ab. — Argot. (Voir Arguche.)

BIGOTTER, v. a. — Prier.

BILLE, s. m. — Argent monnoyé.

BINELLE, s. f. — Banqueroute.

BINELLIER-ère, s. f. — Banqueroutier-ère.

* BILOU, s. m. — Membre de femme.

BIRBASSE, s. f. — Vieille.

BIRBASSERIE, s. f. — Vieillerie.

BIRBE, s. m. — Vieillard.

BIRBE-DABE, s. m. — Grand-Père.

BIRLIBIBI, s. m. — On nomme ainsi le jeu des dés et coquilles de noix.

BISARD, s. m. — Soufflet de cheminée.

BISCAYE, s. — Bicêtre. (Voir Tune ou Tunebée).

BLANQUETTE, s. f. — Argenterie.

BLANQUETTÉ, adj. — Argenté.

BLASÉ, adj. — Enflé.

BLAVIN, s. m. — Mouchoir de poche.

blaviniste, s. m. — Voleur de mouchoirs. (Voir Pègriot.)

* BLER, v. a. — Aller.

BLEU, s. m. — Manteau.

BLOQUIR, v. a. — Vendre des objets volés.

BLOT, BON BLOT, s. m. — Bon prix, bon marché.

BOBINO, s. m. — Montre. Terme des Tireurs parisiens.

BOCCARD, s. m. — Bordel.

BOCCARI, s. — Beaucaire.

BOGUE, s. f. — Montre. Terme des voleurs parisiens et Floueurs.

BOGUISTE, s. m. — Horloger.

BOIS POURRI, s. m. — Amadou.

BOITE, s. f. — Chambre.

boite a pandore, s. f. — Boite contenant de la cire molle propre à prendre l’empreinte des clés.

BOITEUX D’UN CHASSE, s. m. — Borgne.

BONHOMME, s. m. — Saint.

boniment, s. m. — Long discours adressé à ceux que l’on désire se rendre favorables. Annonce d’un charlatan ou d’un banquiste.

BONIR, v. a. — Dire, assurer.

BONIQUE, s. m. — Vieux. Terme des voleurs normands.

bonjour (Vol au), — (Voir ci-dessous Bonjourier ou Chevalier grimpant).

bonjourier, ou CHEVALIER GRIMPANT, s. m. — Voleur au bonjour. La Gazette des Tribunaux a souvent entretenu ses lecteurs des Bonjouriers ou Chevalier grimpant ; les vols au bonjour, à la tire, à la détourne, qui peuvent être classés dans la catégorie des délits simples, justiciables seulement de l’article 401 du Code Pénal, sont ordinairement les premiers exploits de ceux qui débutent dans la carrière ; aussi la physionomie des Bonjouriers, des Tireurs, des Détourneurs n’a-t-elle rien de bien caractéristique. Le costume du Bonjourier est propre, élégant même ; il est toujours chaussé comme s’il était prêt à partir pour le bal, et un sourire qui ressemble plus à une grimace qu’à toute autre chose, est continuellement stéréotypé sur son visage.

Rien n’est plus simple que sa manière de procéder. Il s’introduit dans une maison à l’insu du portier, ou en lui demandant une personne qu’il sait devoir y demeurer ; cela fait, il monte jusqu’à ce qu’il trouve une porte à laquelle il y ait une clé, il ne cherche pas long-temps, car beaucoup de personnes ont la détestable habitude de ne jamais retirer leur clé de la serrure ; le Bonjourier frappe d’abord doucement, puis plus fort, puis encore plus fort ; si personne n’a répondu, bien certain alors que sa victime est absente ou profondément endormie, il tourne la clé, entre et s’empare de tous les objets à sa convenance ; si la personne qu’il vole se réveille pendant qu’il est encore dans l'appartement, le Bonjourier lui demande le premier nom venu, et se retire après avoir prié d’agréer ses excuses ; le vol est quelquefois déjà consommé lorsque cela arrive.

Il se commet tous les jours à Paris un grand nombre de vols au bonjour ; les Bonjouriers, pour procéder plus facilement, puisent leurs élémens dans l’Almanach du Commerce ; ils peuvent donc au besoin citer un nom connu, et, autant que possible, ils ne s’introduisent dans la maison où ils veulent voler, que lorsque le portier est absent ; quelquefois ils procèdent avec une audace vraiment remarquable ; à ce propos on me permettra de rapporter un fait qui s’est passé il y a quelques années. Un Bonjourier était entré dans un appartement après avoir frappé plusieurs fois ; et, contre son attente, le propriétaire était présent, mais il était à la fenêtre, et paraissait contempler avec beaucoup d’attention un régiment qui passait dans la rue, enseignes déployées et musique en tête, il venait probablement de se faire la barbe, car un plat d’argent encore plein d’eau était sur le lavabo placé prés de lui ; les obstacles ne découragent pas le Bonjourier, il s’approche, prend le plat, le vide et sort : le domicile du receleur n’était pas éloigné, et il est à présumer que le plat à barbe était déjà vendu lorsque son propriétaire vit qu’il avait été volé. L’auteur de ce vol, qui s’est illustré depuis dans une autre carrière, rira bien sans doute si ce livre tombe entre ses mains.

Rien ne serait plus facile que de mettre les Bonjouriers dans l’impossibilité de nuire ; qu’il y ait dans la loge de chaque concierge un cordon correspondant à une sonnette placée dans chaque appartement, et qu’ils devront tirer lorsqu’un inconnu viendra leur demander un des habitans de la maison. Qu’on ne permette plus aux domestiques de cacher la clé du buffet qui renferme l’argenterie, quelque bien choisie que soit la cachette, les voleurs sauront facilement la découvrir, cette mesure est donc une précaution pour ainsi dire inutile : il faut autant que possible garder ses clés sur soi.

Lorsqu’un Bonjourier a volé une assiette d’argent ou toute autre pièce plate, il la cache sous son gilet ; si ce sont des couverts, des timbales, un huilier, son chapeau couvert d’un mouchoir lui sert à céler le larcin. Ainsi, si l’on rencontre dans un escalier un homme à la tournure embarrassée, tournant le dos à la rampe, et portant sous le bras un chapeau couvert d’un mouchoir, il est permis de présumer que cet homme est un voleur. Il serait donc prudent de le suivre jusque chez le portier, et de ne le laisser aller que lorsqu’on aurait acquis la certitude qu’il n’est point ce qu’il paraît être.

Les Grinchisseurs à la desserte sont une variété de Bonjouriers, dont il sera parlé ci-après. (Voir grinchir a la desserte.)

BONNE (être de la), v. p. — Être heureux. Terme générique et qui est employé pour exprimer toutes les situations heureuses de la vie d’un voleur.

BONNE (être a la), v. p. — Être aimé.

BONNE (Avoir a la), v. p. — Aimer.

BONNETEUR, s. m. — Celui qui tient dans les campagnes des jeux de cartes auxquels on ne gagne jamais.

BOSMAR, ou BOULE EN DOS, s. m. — Bossu.

BOUBANE, s. f. — Perruque.

BOUC, s. m. — Cocu.

BOUCANADE, s. f. — Corruption. L’action de corrompre avec de l’argent une personne qui connait un fait que l’on ne veut pas laisser divulguer ; ainsi l’on pourra dire : J’ai coqué la boucanade, lorsque l’on aura acheté le silence d’un témoin, l’indulgence d’un juge.

BOUCARD, s. f. — Boutique.

BOUCARDIER, s. m. — Voleur de nuit dans les boutiques.

* BOUCHON, s. f. — Bourse.

* BOUCLE DE ZOZE, s. m. — Pain bis.

BOUCLER, v. a. — Enfermer les détenus dans leur cabanon.

* BOUDIN, s. m. - Verrou.

BOUÉE ou BOUYS, s. — Le fouet. Peine qui autrefois était infligée aux petits voleurs et aux filles de mauvaise vie.

BOUFFARDE, s. f. — Pipe.

BOUFFARDIÈRE, s. f. — Cheminée, estaminet, tabagie.

BOUGIE, s. f. — Canne.

* BOUIS, s. m. — Bordel.

BOULANGER, s. m. — Le diable.

BOULE, s. f. — Foire ou fête.

BOULE, s. f. — Tête.

BOULE JAUNE, s. m. — Potiron.

BOULER, v. a. — Aller.

BOULET A QUEUE, s. m. — Melon.

BOULIN, s. m. — Trou fait dans une muraille.

BOULINE, s. f. — Bourse.

BOULINER, v. a. — Trouer la muraille.

BOULINOIRE, s. m. — Villebrequin.

BOULOTAGE, s. f. — Assistance.

BOULOTER, v. a. — Assister.

BOUSCAILLE, s. f. — Boue.

BOUSCAILLEUR, s. m. — Celui qui est chargé d’enlever la boue des rues.

BOUSSOLE, s. m. — Tête.

BOUSSOLE DE SINGE, DE REFROIDI, s. m. — Fromage de Hollande.

bouterne, s. f. — La Bouterne est une boîte carrée, d’assez grande dimension, garnie de bijoux d’or et d’argent numérotés, et parmi lesquels les badauds ne manquent pas de remarquer la pièce à choisir, qui est ordinairement une superbe montre d’or accompagnée de la chaîne, des cachets, qui peut bien valoir 5 à 600 fr., et que la Bouternière reprend pour cette somme si on la gagne.

Les chances du jeu de la Bouterne, qui est composé de huit dés, sont si bien distribuées, qu’il est presque impossible d’y gagner autre chose que des bagatelles. Pour avoir le droit de choisir parmi toutes les pièces celle qui convient le mieux, il faut amener une râfle des huit dés, ce qui est fort rare ; mais ceux qui tiennent le jeu ont toujours à leur disposition des dés pipés, et ils savent, lorsque cela leur convient, les substituer adroitement aux autres.

Ils peuvent donc, lorsqu’ils croient le moment opportun, faire ce qu’ils nomment un vanage, c’est-à-dire, permettre à celui qu’ils ont jugé devoir se laisser facilement exploiter, de gagner un objet d’une certaine importance ; si on se laisse prendre au piège, on peut perdre à ce jeu des sommes considérables. Le truc de la Bouterne est presque exclusivement exercé par des femmes étroitement liées avec des voleurs ; elles ne manquent jamais d’examiner les lieux dans lesquels elles se trouvent, et s’il y a gras (s’il y a du butin à faire), elles renseignent le mari ou l’amant, qui a bientôt dévalisé la maison. C’est une femme de cette classe qui a indiqué au célèbre voleur Fiancette, dit les Bas-Bleus, le vol qui fut commis au Mans, chez le notaire Fouret. Je tiens les détails de cet article de Fiancette lui-même.

Comme on le pense bien, ce n’est pas dans les grandes villes que s’exerce ce truc, il s’y trouve trop d’yeux clairvoyants ; mais on rencontre à toutes les foires ou fêtes de village des propriétaires de Bouterne. Ils procèdent sous les yeux de MM. les gendarmes, et quelquefois ils ont en poche une permission parfaitement en règle du maire ou de l’adjoint ; cela ne doit pas étonner, s’il est avec le ciel des accommodemens, il doit nécessairement en exister avec les fonctionnaires publics.

BOUTON, s. f. — Pièce de 20 francs. Terme d’argot usité parmi les marchands de chevaux.

BOTTES DE NEUF JOURS, s. f. — Bottes percées.

BOYE, s. m. — Bourreau d’un bagne, forçat chargé d’administrer la bastonnade à ses compagnons d’infortune. Il est déferré. Le forçat qui doit recevoir la bastonnade, est étendu sur le ventre et placé sur un lit de camp, nu jusqu’à la ceinture ; le Boye, armé d’une corde goudronnée, de quinze à vingt lignes de diamètre, lui en applique quinze, vingt-cinq ou cinquante coups sur le dos, chaque coup enlève la peau et quelquefois la chair.

Cet horrible châtiment emprunté aux mœurs orientales, est administré seulement sur l’ordre du commissaire du bagne, qui est présent à l’exécution, qui souvent encourage le Boye de la voix et du geste, et le menace même, si, cédant à un mouvement de commisération, il ne se sert pas de toute la vigueur de son bras.

Le Boye reçoit une carte de vin, environ trois demi-setiers pour chaque exécution ; quelquefois il compose avec le patient qui veut être ménagé, et qui a les moyens de payer ; pour celui-là, il a un rotin de coton noirci ; mais si la supercherie est découverte, il est bâtonné à son tour.

La peine de la bastonnade est une peine immorale, parce qu’elle n’est autorisée par aucune loi, parce qu’elle ne corrige pas, puisqu’il est constant que c’est presque toujours aux mêmes forçats qu’elle est infligée. Les armées françaises et prussiennes sont les seules de l’Europe dans lesquelles les punitions corporelles ne sont pas admises, et cependant ces armées sont citées à toutes les autres comme des modèles à suivre. Lorsque l’expérience a démontré l'inefficacité d’une mesure, lorsque surtout cette mesure n’est pas en harmonie avec le caractère et les mœurs du peuple chez lequel elle est usitée, on s’étonne que l’on n’y renonce pas.

Un forçat qui a reçu six ou huit fois la bastonnade, meurt ordinairement d’une maladie de poumons ; cependant il se rencontre quelquefois de ces organisations vigoureuses qui résistent à tout, et parmi celles-là, il faut citer un individu nommé Benoit, et surnommé Arrache l’âme, qui fut bâtonné trente-cinq fois dans l’espace de seize années, et qui cependant quitta le bagne frais et vigoureux.

BRAIZE, s. m. — Argent monnoyé.

BRANDILLANTE, s. f. — Sonnette.

BRANCHER, v. a. — Pendre.

BRANQUE, s. m. — Ane.

BRELOQUE, s. f. — Pendule.

BREMMIER, s. m. — Fabricant de cartes à jouer.

BREMMES, s. f. — Cartes à jouer.

BREMME DE PACQUELINS, s. f. — Carte de géographie.

BRICKMONT, s. m. — Briquet.

BRIDE, s. f. — Chaîne de forçat.

BRIDÉ (Être), v. p. — Être ferré et prêt à partir pour le bagne. (Voir Tune ou Tunebée).

BRISANT, s. m. — Vent.

briseur-euse, s. — Escroc. Terme auvergnat.

BRISER, v. a. — Escroquer. Terme auvergnat. (Voir Es.).

BRISURE, s. m. — Escroquerie. Terme des escrocs auvergnats.

BROBÊCHE, s. m. — Liard.

* BROBUANTE, s. f. — Bague.

BRODANCHER, v. a. — Broder.

BRODER, v. a. — Écrire.

BRODEUR, s. m. — Écrivain.

* BROQUE, s. m. — Double. (Ancienne pièce de monnaie.)

BROQUILLE, s. f. — Minute.

BRUGE, s. m. — Serrurier. Ce terme appartient à la haute pégre.

BRUGERIE, s. f. — Serrurerie.

BUCHES PLOMBANTES, s. f. — Allumettes.

BUQUER, v. a. — Voler dans une boutique en demandant de la monnaie. (Voir Careurs).

BURLIN, s. m. — Bureau.

BUTE, s. f. — Guillotine.

BUTER, v. a. — Tuer.

BUTEUR, s. m. — Bourreau.

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