Les Voyages de Milord Céton dans les sept Planettes/Quatrième Ciel/Chapitre V

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CHAPITRE V.

Qui ne contient que l’histoire abrégée de la Princesse Marsine.

La princesse Marsine, reprit Monime, est fille de Bélus, roi de Bellonie. Ce prince choisit pour son favori Tracius, qu’on peut dire être un de ces hommes nés pour les grandes révolutions, & qui sur la scène du monde prennent & soutiennent avec éclat des rôles fort au-dessus de leur naissance. Le roi éleva ce favori par degré aux premières dignités du royaume. Tracius sut si bien profiter de sa faveur & cacher en même tems l’ambition qui le dévoroit, que le roi ne faisoit rien sans l’avoir consulté, le regardant comme le plus affectionné de ses ministres. Lorsque Tracius vit qu’il possédoit toute la confiance de son maître, il écarta tous ceux qui pouvoient éclairer sa conduite, & se servant de toute son adresse, il fit si bien par ses insinuations, qu’il embarqua le roi dans plusieurs fausses démarches, dont il lui déguisoit les suites avec un soin extrême. Son esprit séduisant trouva encore le secret de lui faire envisager ses trahisons comme des services signalés. Funeste aveuglement d’un cœur séduit par le poison de la flatterie la plus outrée, qui malheureusement environne presque toujours le trône !

Le roi accoutumé aux adulations de ses courtisans, trop prévenu en faveur de son favori pour écouter aucunes plaintes contre lui, ne put appercevoir le précipice qui se creusoit insensiblement pour le perdre. Ce monarque ignoroit ce que peut l’amour des peuples pour son souverain ; il savoit l’art de vaincre ses ennemis, de conquérir des villes, mais il ignoroit entièrement celui de gagner les cœurs de ceux qu’il avoit conquis, qui est le plus grand avantage qu’un prince puisse retirer de ses victoires. Il étoit d’autant plus foible, qu’il se fioit trop en ses forces & en ses propres lumières, ou plutôt en celles de son favori.

Ces provinces nouvellement conquises ne tardèrent pas à se révolter ; & par les trahisons de Tracius, plusieurs autres villes des plus considérables suivirent leur exemple. On fut obligé de lever de nouvelles troupes pour châtier les rebelles & les faire rentrer dans leur devoir. Ces nouvelles levées occasionnèrent des dépenses excessives ; pour y subvenir il fallut mettre quantité d’impôts qui surchargèrent les peuples ; mais ces impositions, loin de grossir les trésors publics, ne furent que des torrens qui entraînèrent la substance de tous les Belloniens, pour aller se perdre dans l’immense fortune de ceux qui étoient protégés par Tracius, obligés néanmoins par de secrets traités qu’ils faisoient avec lui d’en rendre les trois quarts.

Le tyran employa une partie de ses richesses à gagner les premiers officiers de la couronne, qui, séduits par son or, n’eurent pas de peine à lui obtenir le commandement général de toute l’armée. Lorsque Tracius se vit à la tête des troupes, semblable à un vautour qui tombe sur la colombe ou sur la tourterelle, & dissipe dans les bois leurs membres palpitans après les avoir déchirés, le tyran voit sans pitié égorger les sujets de son roi ; ses parricides mains, en leur ôtant leurs biens, les sacrifient encore à son ambition.

Tracius, en prolongeant la guerre par ses intrigues sourdes & ses mauvaises menées, augmenta la misère du peuple & trouva le secret de multiplier ses trésors. La politique du tyran l’avoit sans doute engagé à se laisser battre en plusieurs rencontres ; mais voyant son crédit augmenter par ces pertes, cette même politique lui inspira de nouveaux projets, il commença à répandre ses richesses sur les soldats, affectant ensuite de n’avoir qu’une table très-médiocre, en se retranchant sur toutes ses dépenses. Cette conduite acheva de lui gagner le cœur des soldats.

Le tyran fit courir le bruit que plusieurs prodiges avoient paru dans le royaume : on dit que sur les frontières le ciel courroucé s’étoit montré couvert de feu, & que dans un jour tranquille & serein le soleil avoit paru tout rayonnant de flammes ; on ajouta que le tonnerre étoit tombé dans plusieurs endroits, entr’autres sur le temple de Mars, sur celui de Pallas, & que la statue d’Hercule avoit été renversée.

Tracius, qui en faisant courir ces bruits joignoit l’hypocrisie à la fourbe, affecta d’en être épouvanté. Les augures gagnés, qui furent consultés par ses ordres, répondirent qu’un grand essain de mouches guêpes avoit volé tout le jour dans la place, & qu’il s’étoit allé poser sur le temple d’Hercule ; on dit qu’il falloit visiter les livres des Sybiles pour tâcher de découvrir la cause de ces prodiges ; & Tracius continuant son faux zèle envers le culte des dieux, fit ordonner des sacrifices afin de les appaiser.

Les choses ainsi disposées, le tyran fit encore répandre de nouveaux bruits fort désavantageux pour le roi, insinuant adroitement que l’ambition, la mauvaise conduite, les excessives dépenses de Bélus, & son peu d’amour pour ses sujets étoient des obstacles qui serviroient toujours de barrière à leur bonheur. Des discours aussi séditieux eurent tout le succès que Tracius en attendoit ; les troupes commencèrent par se mutiner, demandèrent leur solde & voulurent mettre bas les armes.

Tracius, profitant de ces désordres, leur distribue de l’argent ; & avec un faux zèle pour le bien de l’état, il court de rang en rang pour les encourager. Le soldat déjà gagné par ses libéralités, séduit par son éloquence & cet amour qu’il montroit pour le bien public, applaudit, & l’armée fut alors remplie d’un bruit sourd semblable à celui qu’on entend après une tempête, quand les antres des rochers conservent encore le bourdonnement des vents impétueux qui toute la nuit ont bouleversé la mer par leur sifflement enroué.

Tels furent les applaudissemens qu’ils donnèrent à Tracius en le choisissant pour leur roi. Il fut d’abord proclamé tout d’une voix à la tête des troupes. Le tyran, pour ne pas laisser refroidir l’ardeur qu’ils venoient de montrer, s’avança vers la prochaine ville, & se fit couronner avec les cérémonies usitées parmi les Belloniens. Poursuivant ensuite rapidement ses conquêtes sans presque rencontrer d’obstacles, il vint assiéger le roi jusques dans son propre palais. Ce malheureux prince se vit obligé de se sauver avec la princesse Marsine, seule héritière du royaume, qui n’avoit alors que quatre ans. Il est certain que ce monarque fit une faute irréparable, en laissant par cette suite le tems au tyran de se fortifier toujours de plus en plus, & celui d’engager plusieurs souverains dans son parti qui étoit devenu assez considérable pour se redouter.

Ce malheureux prince détrôné, obligé d’errer en différens royaumes sans pouvoir obtenir aucuns secours ni même y oser paroître que sous un nom déguisé, Bélus termina enfin sa triste destinée par une mort forcée. Il recommanda la princesse sa fille à ceux de ses plus fidèles sujets qui l’avoient suivi & qui n’ont jamais voulu abandonner son parti, aimant mieux sacrifier leur grandeur & leur fortune que de manquer à ce qu’ils devoient à leur rouverain ; ils jurèrent à ce prince mourant d’employer leur zèle, leur courage & leur vie même au service de la princesse & de mettre tout en usage pour la faire remonter sur le trône.

L’infortunée Marsine, réduite comme le roi son père à la triste nécessité de cacher la majesté du rang dans lequel le ciel l’a fait naître, est forcée pour ainsi dire d’en descendre à l’instant pour traîner dans le monde une vie obscure, sujette à mille révolutions par les intrigues du tyran qui a poussé l’indignité jusqu’à mettre à prix la tête de la princesse.

Le ressentiment que Marsine en conserve avec tant de justice, l’horreur des trahisons que Tracius ne cesse d’exercer contr’elle, l’ont engagée de prendre le déguisement sous lequel vous l’avez connue ; c’est sous cet habit & sous un nom emprunté qu’elle s’est signalée dans plusieurs rencontres qui lui ont acquis beaucoup de gloire, pendant que ses fidèles officiers, dispersés dans différentes provinces de ses états, tâchoient par le moyen de leurs amis de fomenter quelque soulèvement en faveur de leur souveraine, dont elle pût tirer avantage. Plusieurs s’étoient déjà rangés du parti de la princesse ; ils n’attendoient qu’une occasion favorable pour faire éclater leur zèle & leur soumission, lorsque la mêche éventée sans doute par quelques traîtres, a ruiné tous leurs projets ; quelques-uns ont été arrêtés & exécutés sur le champ ; d’autres plus heureux ont pris la fuite, & Marsine ignore encore ce qu’ils sont devenus.

Cependant ce qui met aujourd’hui le comble aux infortunes de la princesse, c’est qu’elle n’a pu voir le prince Aricdef sans être touchée de toutes les éminentes qualités qui éclatent dans sa personne & dans toutes ses actions. Quoique le soin de sa vengeance ni celui de sa gloire ne l’ait point abandonnée, elle m’a néanmoins avoué qu’elle n’avoit passé dans le camp d’Aricdef que dans la vue de s’en faire remarquer. Plusieurs occasions se sont présentées où elle auroit pu se découvrir sans aucun risque, si la crainte de faire connoître les sentimens qui l’animent en faveur du prince ne l’eût retenue ; mais un événement imprévu qui cause aujourd’hui son trouble & augmente son désespoir, la force de renfermer pour toujours un secret qui étoit prêt à s’échapper.

Il y a quelques mois qu’on annonça au prince Aricdef un envoyé de Tracius qui demanda une audience particulière. Marsine, que plus d’un motif engageoit de s’informer soigneusement du sujet de cette commission, apprit par l’écuyer du prince que le tyran Tracius faisoit offrir à son maître la princesse sa fille, avec l’assurance de l’associer à sa couronne, pourvu qu’il voulût dès-à-présent abandonner le parti des Marsiens & passer dans son armée pour combattre les Salliens & les Ancides, avec lesquels il vouloit rompre les traités d’alliance qu’ils avoient contractés.

Ce tyran jugeant des sentimens du prince par les siens, ne douta point que des propositions si magnifiques ne dussent éblouir Aricdef, & l’entraîner dans son parti. Mais ce prince, toujours inébranlable dans ses devoirs, loin de prêter l’oreille à un traité qui ne pouvoit s’accomplir que par une trahison, ne put s’empêcher de faire voir à l’envoyé de Tracius tout le mépris & l’indignation que de pareilles propositions excitèrent dans son ame : il le renvoya, en ajoutant que s’il avoit encore l’audace de reparoître dans son camp, il le feroit empaler.

Marsine, qui ignoroit entièrement la réponse d’Aricdef, fut désespérée des projets du tyran ; elle craignit qu’une paix générale ne contribuât à leur exécution ; le chagrin qu’elle en conçut la fit tomber dans une langueur qui altéra bientôt sa santé ; & l’esprit agité par tant de maux ayant allumé son sang, est sans doute ce qui a occasionné la maladie qu’elle vient d’essuyer.

Quoique je ne la regardasse alors que comme un simple officier, il suffiroit qu’il fût votre ami pour m’intéresser à son sort. Je priai Zachiel de le visiter. Le génie connut d’abord le sujet de ses maux ; il prépara lui-même son esprit à se soulager en m’en faisant la confidence. Il me déclara son sexe, m’apprit une partie de ce que je viens de vous dire, & m’engagea de la voir souvent pour tâcher d’adoucir l’amertume de ses peines. Je m’y suis prêtée avec un soin extrême, & par cette complaisance, guidée par les conseils de Zachiel, je me suis acquis toute sa confiance, & n’ai pu en même tems lui refuser la mienne.

Hélas ! mon cher Céton, continua Monime, lorsque vous êtes venu nous surprendre, c’étoit dans un de ces momens où la raison plie souvent sous le poids de ses maux ; l’infortunée Marsine, dans un épanchement de cœur où l’ame se fait voir à découvert, paroissoit hors d’elle-même. Aussi troublée qu’elle de l’amertume de sa douleur, j’employai tout ce que peut l’amitié pour en modérer l’excès, persuadée que la communication des cœurs imprime à la tristesse je ne sais quoi de doux & de touchant qui est seul capable de calmer les plus grands maux.

Voilà, mon cher milord, un récit succinct des disgraces d’une princesse qui mérite par ses vertus, ses talens & la grandeur de son ame, un sort plus heureux. Sa beauté, quoiqu’un peu flétrie par ses ennuis, reprendra tout son éclat lorsque Zachiel aura accompli ses promesses. J’ignore quelles sont ses vues pour le bonheur de cette princesse, mais il lui assure que son destin va bientôt changer. Marsine a pour le génie toutes les déférences qui lui sont dues, cependant elle n’est point instruite de sa qualité ; persuadée que je tiens ma naissance de Zachiel, comme il ne se décore d’aucun titre, je la vois souvent embarrassée sur ceux qu’elle cherche à lui donner. Vous venez d’être le témoin de cet air d’autorité que le génie a employé pour l’engager à quitter son déguisement. Je sais que son dessein étoit de se rendre au camp, & de faire toutes choses pour tâcher de s’y distinguer au cas qu’il y eût une bataille, ou d’y finir sa triste destinée.

Pénétré des malheurs de cette princesse, je passai dans son cabinet avec Monime, pour lui offrir tous les services qui dépendroient de moi. Nous la trouvâmes dans son fauteuil, la tête appuyée sur une de ses mains, plongée dans une sombre rêverie ; elle leva sur nous des yeux languissans : je vous vois partir à regret, milord ; hélas ! vous allez acquérir de la gloire, tandis que je suis forcée de rester ensevelie sous le poids de mes peines. Il faut, madame, lui dis-je, vous servir utilement de ce courage qui jusqu’alors ne vous a point abandonnée ; la grandeur de votre ame doit vous mettre au-dessus des injustices de l’aveugle fortune. Vous m’avez souvent honoré de votre confiance ; je vous laisse avec un autre moi-même, qui, pénétrée de vos maux, emploiera tous ses soins pour vous aider à les supporter. J’ose encore joindre mes prières à celles de Monime, afin de vous déterminer à suivre les conseils de Zachiel ; si ses talens étoient connus de vous, je me persuade aisément que vous ne feriez nulle difficulté de le choisir pour le guide de toutes vos actions.

Cette princesse, qu’un desir de gloire & celui de la vengeance animoit, peut-être même celui de son amour, paroissoit absorbée par ses réflexions ; elle ne songeoit point à me répondre. Marsine n’ignoroit pas que la bataille qui devoit se donner étoit contre les Belloniens : l’espoir de rencontrer Tracius, auteur de tous ses maux, l’avantage de le combattre, l’espérance de le vaincre, sur-tout étant animée par le désespoir ; à ces raisons se joignit sans doute un sentiment plus vif ; l’amour, ce tyran qui ne respecte ni sceptre ni grandeurs, vint encore tyranniser son cœur, sous l’espoir de se faire connoître au prince Aricdef par quelque action d’éclat. Toutes ces pensées agitoient la princesse, lorsque Zachiel entra, qui s’appercevant de son trouble, l’en tira par ces mots :

Modérez vos inquiétudes, Madame, dit le génie en faisant briller dans ses yeux un feu divin, cachez, s’il se peut, l’agitation de votre ame ; vous savez ce que je vous ai promis, reposez-vous sur ma parole & sur mon attachement jusqu’à l’entier accomplissement de vos desirs ; les connoissances que j’ai de l’astronomie me font voir distinctement que tous vos malheurs vont finir : mais si vous vous obstinez à vouloir encore vous exposer dans les combats, cette même science vous y prédit une mort inévitable.

Des paroles si positives produisirent sur l’esprit de la princesse tout l’effet que le génie en attendoit. Je ne résiste plus à suivre vos conseils, répondit Marsine, & vais désormais vous regarder comme mon père : mon bonheur & ma gloire sont entre vos mains, je les confie à votre sagesse & à votre expérience ; je vous conjure seulement de croire que tout ce que j’ai entrepris jusqu’ici n’a été qu’un enthousiasme causé par l’ardeur de mourir ; je n’envisageois que ce seul moyen pour me délivrer d’une vie qui m’étoit à charge. Que ne dois-je point à des soins qui m’arrachent d’une mort où le désespoir m’alloit livrer ! Heureusement que vos discours viennent de porter dans mon ame des traits de lumière qui me font connoître que les biens que je reçois de vous sont des biens effectifs : je ne puis vous en marquer ma reconnoissance que par une entière déférence pour vos conseils.

Zachiel nous apprit ensuite que l’envoyé de Tracius, de retour à sa cour, avoit annoncé la réponse du prince Aricdef, en lui peignant des plus noires couleurs le mépris qu’il faisoit de son alliance. Ce discours fit entrer le tyran en fureur ; la honte, l’honneur, la colère & le désespoir excitèrent dans son ame des mouvemens opposés qui le mirent presque hors de lui-même. La fureur demeura la maîtresse ; & le barbare tyran, semblable à ces hommes qui au défaut de vertus héroïques ont des vices impétueux, s’abandonna à tous les sentimens que la rage peut inspirer, afin d’exciter ses troupes à punir un orgueilleux qui osoit braver sa puissance.

Ces nouvelles précipitèrent mon départ, il fallut enfin m’arracher d’auprès de Monime ; la présence du génie me forçoit à contraindre ma douleur, mais un air de tristesse se répandit sur mon visage ; mes discours confus & sans liaisons lui découvrirent bien mieux ce qui se passoit dans mon cœur que n’auroit pu faire l’éloquence la plus forte. Monime, dont le trouble égaloit le mien, malgré les efforts qu’elle faisoit pour tâcher de m’en dérober la connoissance, ne put néanmoins s’empêcher de me dire, en s’attendrissant beaucoup, qu’elle alloit renouveller ses vœux au ciel afin qu’il augmentât ma gloire & qu’il daignât conserver des jours auxquels les siens étoient attachés.

Zachiel, sans me permettre de répondre, m’entraîna pour me donner de nouvelles instructions. Vous allez, ajouta le génie, vous trouver dans une des plus glorieuses occasions de votre vie. Ne vous laissez jamais effrayer par le péril ; que le sang-froid & la prudence accompagnent toujours vos actions. Tâchez surtout, mon cher Céton, de ne vous point écarter d’Aricdef & de combattre à ses côtés ; suivez ses ordres ; que la fausse gloire ne vous empêche pas de demander les choses que vous ignorez ; songez que le général est revêtu de tout le pouvoir & de toute l’autorité de l’empereur, & que cette autorité se communique comme les rayons du soleil, qui, tout immenses & infinis qu’ils sont, ne diminuent rien par leur émanation de l’éclat de cet astre, source de la lumière. Je ne vous retiens plus ; partez, mon cher Céton, la victoire suivra vos pas.