Les huis-clos de l’ethnographie/02

La bibliothèque libre.
Impr. particulière de la Société d’anthropologie et d’ethnologie comparées (p. 10-12).

Les huis-clos de l’ethnographie, Bandeau de début de chapitre
Les huis-clos de l’ethnographie, Bandeau de début de chapitre


CIRCONCISION



I l est donc nécessaire, avant tout, de bien décrire la circoncision, laquelle consiste seulement dans l’enlèvement du clitoris, et se pratique de la manière suivante sur les filles de neuf à douze ans.

L’opérateur, qui est le plus souvent un barbier, se sert de ses doigts trempés dans la cendre pour saisir le clitoris, qu’il étire à plusieurs reprises d’arrière en avant, afin de le trancher d’un seul coup de rasoir, lorsqu’il présente un simple filet de peau. La plaie est recouverte de cendre pour arrêter le sang, et se cicatrise après un repos complet de quelques jours.

J’ai su plus tard, de l’aveu même des opérateurs, le peu de soin qu’on apportait à circoncire les filles dans les limites religieuses de l’opération, qu’on pratique plus largement en saisissant les nymphes à la hauteur du clitoris, et les coupant presque à leur naissance, à la face interne des grandes lèvres, dont les replis muqueux qui nous occupent sont, pour ainsi dire, la doublure cachant les organes reproducteurs ; ce qui reste des petites lèvres forme, par la cicatrisation des parois lisses, s’indurant et se rétrécissant, une vulve béante, d’un aspect singulier chez les fellahs circoncises.

On comprend facilement que la jeune fille dessinée avait besoin de la dernière circoncision dont je viens de parler, ou plutôt de la simple résection des chairs superflues, ainsi qu’elle se pratique journellement au Caire par des industriels, dont la fonction est analogue à celle des tondeurs de chiens de nos pays.

Les Égyptiens nous firent l’effet de ne tenir à aucune participation sensuelle de la femme pendant le coït. Celles-ci provoquent des sensations agréables au moyen d’un breuvage excitant, qui ne leur laisse généralement que le désir d’un plaisir toujours inassouvi.

La jeune fille dont nous venons de nous occuper n’offrait, après tout, que la présence du tablier, décrit dans tous ses détails par Cuvier, parlant de la Boschimane connue sous le nom de Vénus hottentote, et dont nous avons pu constater l’exactitude sur les organes génitaux conservés au muséum de Paris[1].

Peut-être serait-il intéressant, à propos d’usages secrets concernant les femmes, de soulever le voile qui laisse dans l’obscurité quelques particularités des mœurs orientales. Je vais placer ici des notes de voyage, transcrites avec leur simplicité prime-sautière de rédaction, c’est-à-dire conservant l’empreinte de la première impression, qui est celle que l’observateur doit bien se garder de négliger.


Les huis-clos de l’ethnographie, Vignette de Fin de chapitre
Les huis-clos de l’ethnographie, Vignette de Fin de chapitre

  1. La circoncision, qui fut l’objet du chapitre précédent, faillit s’introduire en Angleterre il y a quelque temps, un chirurgien de ce pays, se basant sur la suractivité fréquente du clitoris et sur l’abus qu’on en fait, pour attribuer à ces causes un grand nombre de maladies des organes génitaux de la femme, avait proposé, à titre de mesure préventive, l’ablation de cet organe.

    Cette pratique se propagea avec une rapidité considérable en Angleterre, jusqu’au jour où la Société de chirurgie de Londres se prononça formellement pour son rejet.