Les huis-clos de l’ethnographie/04

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Impr. particulière de la Société d’anthropologie et d’ethnologie comparées (p. 15-18).

Les huis-clos de l’ethnographie, Bandeau de début de chapitre
Les huis-clos de l’ethnographie, Bandeau de début de chapitre


INFIBULATION



D ans le Soudan, on incise la femme qui a été infibulée, c’est-à-dire dont le vagin a été rétréci artificiellement. L’infibulation se pratique généralement à l’âge de sept ans, en fendant un peu les grandes lèvres, à leur sommet, ainsi que le clitoris suivant sa longueur, et liant fortement les cuisses, les genoux et les chevilles, sans permettre de mouvement jusqu’à ce que les chairs se collent ou, en forçant le sujet à demeurer une huitaine de jours les jambes fléchies sur les cuisses, afin de faciliter les conditions particulières que l’opérateur se propose pour la cicatrisation.

À Kartoum, on coud, dès l’âge de douze ans, les grandes lèvres, en ne laissant qu’un petit orifice.

Sauf le premier jour, pendant lequel le vocabulaire du marié est plein de paroles affectueuses et passionnées, les Égyptiens affectent, sous prétexte de dignité, la plus grande indifférence et manque absolu de tendresse. Les femmes le leur rendent bien, mais avec cette différence qu’elles ne le font pas paraître, et profitent du domino qui les couvre indifféremment dans la rue, pour commettre toutes sortes d’infidélités.

Il ne peut en être autrement, surtout en pays musulman, quand cela ne serait que par curiosité, puisque leur religion vante seulement les plaisirs des sens comme étant le plus grand attrait du paradis de Mahomet.

L’avortement est pratiqué sur une grande échelle au Caire, ainsi que la pédérastie, sans se cacher ni s’en défendre.

J’ai été à même, pendant plusieurs années de séjour en Perse, de me convaincre que la sodomie était dans l’Iran une habitude aussi invétérée qu’elle était ancienne. Là les hommes ne se montrent réellement amoureux et jaloux que de leurs mignons.

Les poésies sont faites surtout pour vanter les délices de ce genre de libertinage, soit avec des enfants, soit avec des animaux.

Des jeunes garçons de douze ans et plus, servent à ce plaisir honteux. On désigne ces adolescents sous différents noms : autrefois, icoglans ; aujourd’hui, danseurs, pages ou pichketmets, comme au Caire les mamelucks, qui ont la spécialité de coucher toujours aux pieds du maître, avec lequel ils sont, tour à tour, serviteur passif ou actif.

Les femmes un peu délaissées, et que les maris voient seulement pendant la journée, se livrent entre elles à la masturbation ; elles ont souvent un amant de leur sexe, de même que le maître courtise un homme. Pour ce dernier cas, les détails ne nous manquaient pas, et, comme nous cherchions surtout à nous renseigner sur ce qui avait rapport aux tribades arabes, la chose nous fut affirmée et je dois même ajouter que le narrateur nous surprit beaucoup en nous racontant le fait suivant :

« Deux femmes vivaient ensemble dans une grande intimité. Le mariage de l’une n’interrompit pas leurs coupables embrassements. Un beau jour, celle qui n’avait pas de mari devint enceinte ; à côté de l’affirmation qu’elle en donnait, il fut presque prouvé qu’elle ne recevait pas d’homme. »

Je ne raconte ce fait que parce que Godard l’a consigné dans ses notes, en l’apostillant de la remarque : qu’il était possible que la femme active, la vulve encore chargée de semence, ait frotté celle de sa compagne et y ait déposé les animalcules de son mari.

On a souvent agité dans la Société d’anthropologie la grande question de la génération M. Claude Bernard a traité ce sujet dans d’instructives conférences ; j’ai cru comprendre que le savant professeur ne serait pas éloigné d’accorder à la conception une limite d’effet un peu plus grande que celle admise, jusqu’à autoriser à penser, par exemple, qu’une femme vue par un blanc et un noir, dans la même nuit, peut concevoir deux enfants, l’un noir, l’autre blanc.


Les huis-clos de l’ethnographie, Vignette de Fin de chapitre
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