Les moteurs à gaz/Distillation

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L. Boulanger (Le livre pour tous no 95p. 8-9).

DISTILLATION

On commence par la distillation, qui se fait dans des cornues, soit de terre réfractaire, soit de fonte. Ces cornues ont la forme d’un cylindre, dans lequel on peut charger environ 100 kilogr. de houille ; elles sont disposées par batteries de sept, dans des fours spéciaux, de façon à pouvoir être enveloppées par la flamme du foyer qui se trouve au centre.

À l’usine de la Villette, 448 cornues fonctionnent nuit et jour ; elles sont groupées par huit batteries de sept sur les deux côtés de salles immenses, ce qui fait quatre grandes salles de 112 cornues chacune.

Notre gravure de la page 6 donnera une idée de la disposition de ces ateliers de distillation.

Lorsque les sept cornues d’une batterie sont chargées, ce qui se fait à la pelle par les ouvriers, le fourneau, qui ne refroidit jamais, est porté à une haute température ; par l’action de la chaleur intense, les éléments constitutifs de la houille se séparent, il se forme des huiles empyreumatiques, du goudron, des sels ammoniacaux et divers gaz.

Ces gaz, qui s’emmagasinent provisoirement dans la tête de la cornue, s’échappent par un tube et arrivent dans un collecteur cylindrique, placé horizontalement au-dessus des fourneaux et qu’on appelle barillet. Ce barillet est à moitié rempli d’eau, de façon à ce que les gaz, après avoir barboté dans cette eau, remontent par un tuyau vertical, dans un collecteur général, qui dessert toute la série de batteries montées sur la même suite de fourneaux.

Un siphon, placé à chaque extrémité du barillet, facilite l’extraction du goudron, qui se dépose à la partie inférieure et qu’une canalisation conduit dans le sous-sol de l’usine, où se trouve le réservoir à goudron.

La distillation terminée, c’est-à-dire au bout de quatre heures de chauffage, des ouvriers, munis de longs ringards, vident les cornues qui contiennent maintenant du coke incandescent, et le font tomber dans un chariot de fer, qu’on emmène aussitôt plein, et que l’on verse dans la cour de l’usine, où d’autres ouvriers l’éteignent en jetant dessus des seaux d’eau.

Pendant ce temps on recharge les cornues avec de la houille nouvelle et une nouvelle opération recommence. Pendant que cette nouvelle distillation se fait, on continue la première opération.