Les principaux monuments funéraires/Bellini

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BELLINI.




Bellini (Vincenso), compositeur de musique dramatique, naquit à Catane en Sicile, le 3 novembre 1802.

Il entra fort jeune comme élève au Conservatoire de musique de Naples. Après avoir appris à jouer de quelques instruments et avoir étudié les principes du chant, il eut pour maître de contrepoint Tritto, puis, après la mort de celui-ci, Zingarelli. Ce que lui apprirent ces maîtres se réduisit à peu de chose ; car depuis longtemps les études musicales étaient fort mauvaises en Italie, et surtout à Naples. Bellini doit donc être considéré plutôt comme un musicien d’un talent inné qui s’est formé lui-même, que comme l’élève d’une grande école

Ses meilleures études, comme celles de Mercadante, ont consisté dans la lecture de quelques partitions de bons maîtres. Après avoir publié à Naples quelques compositions pour divers instruments et notamment pour le piano, Bellini y fit connaître une cantate intitulée Ismène, quinze ouvertures et symphonies, trois messes et d’autres morceaux de musique religieuse.

Son premier opéra, Adelson et Salvina, fut représenté en 1824 sur le petit théâtre du Collège royal de musique ; deux ans après, il donna au théâtre Saint-Charles Bianca e Gernando. Ces premières productions firent remarquer le talent du jeune compositeur, et naître les plus belles espérances pour l’avenir. Le succès de Bianca e Gernando lui procura un engagement pour le théâtre de la Scala à Milan, avantage qu’obtient rarement un musicien à son début.

La vogue sans exemple qu’avaient obtenue pendant quinze ans les productions du génie de Rossini, l’usage immodéré qu’on en avait fait, commençaient à faire éprouver au public la satiété du style de ce grand maître, malgré les beautés du premier ordre qu’il y avait prodiguées. Soit instinct, soit réflexion, Bellini sentit qu’après tant de choses brillantes, une manière simple, expressive et analogue au caractère de la musique française serait ce qu’on pourrait offrir de plus nouveau à l’oreille d’un auditoire italien ; et ce fut sous l’influence de ces idées qu’il écrivit le Pirata dont la représentation eut lieu en 1827 et qui obtint un succès éclatant. En 1828, la Strarniera fut accueillie avec enthousiasme au grand théâtre de Milan. Dès ce moment Bellini fixa l’attention générale de l’Italie ; I Capuleti ed i Montechi, représentés à Venise, et la Somnanbula, écrite à Milan pour madame Pasta, ajoutèrent à sa réputation. Son opéra de Norma fut ensuite représenté dans la même ville, où il a excité le plus vif enthousiasme, ainsi que Beatrice Tenda qui a suivi Norma.

Bellini avait déjà résolu de porter son talent dans d’autres climats et de fonder en France, sur des bases solides, et sa fortune et sa renommée. Arrivé à Paris en 1833, il étudia d’abord le goût des habitants de cette grande ville, puis, il y écrivit i Puritani pour le Théâtre Italien. Cette pièce, dont la représentation eut lieu en 1834, obtint le plus brillant succès, et l’admiration de toutes les célébrités musicales de la capitale. Cet opéra offre en effet une composition plus complète que les précédents. On y trouve plus de variété, une instrumentation plus élégante, des formes plus développées qui donnaient une idée des progrès que Bellini faisait dans son art, et de la haute réputation à laquelle il atteindrait un jour. Mais les destins en avaient autrement ordonné ; il était écrit que ce jeune compositeur subirait le sort de Délia maria, de Weber, de Mozart, d’Hérold, etc. Atteint d’une maladie grave, il fut forcé de quitter Paris pour aller habiter la campagne, où, à peine âgé de trente ans, une mort prématurée l’a enlevé aux arts et à ses amis. Il est décédé à Puteaux le a octobre 1835, et a été inhumé au cimetière du Père-Lachaise.

Le monument de Bellini, qui est construit en pierre, se compose d’une tombe recouverte d’une pierre horizontale au chevet de laquelle s’élève sur un soubassement un cénotaphe surmonté d’une lyre et de divers ornements d’un beau travail.

Sur la façade principale est placé, dans un médaillon richement sculpté, le portrait du défunt en bas-relief au-dessous duquel on lit :

BELLINI.

Au-dessus de la tombe est placée une figure ailée sculptée en bosse, représentant le génie de la musique dans l’affliction, pressant sur son cœur une lyre, dont les cordes sont détendues.

Sur les parties latérales on lit :
Côté gauche : Côté droit :
pirata. straniera.
norma. zaïra.
puritani. capuletti.
vienne. naples.
paris. rome.
londres. milan.
Sur la partie postérieure du monument on lit :
vicenzo
bellini
né a catania
en sicile
mort a puteaux
près paris

Ce monument a été exécuté par la Compagnie Générale.

(Nota. Les noms d’opéras et de villes sont gravés en mêmes caractères que l’inscription BELLINI, mais moitié plus petits.)