Les principaux monuments funéraires/Boïeldieu

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BOIELDIEU.




Boieldieu (Adrien), membre de l’Institut et de la Légion-d’Honneur, professeur de composition musicale au Conservatoire, naquit à Rouen (Seine-Inférieure), le 15 novembre 1775.

Il apprit la musique, dès l’âge de sept ans, d’un nommé Broche, organiste, qui jouissait d’une haute réputation, et il improvisait deux ans après sur l’orgue de la cathédrale.

Boieldieu se rendit à Paris en 1795, et s’y fit admirer par son talent sur le clavecin. En 1803, il partit pour Saint-Pétersbourg, où sa réputation l’avait précédé. Il y fut très bien accueilli par l’empereur Alexandre, qui le nomma maître de la chapelle de la cour. C’est pour le théâtre de l’Hermitage qu’il a composé dans cette capitale Aline, reine de Golconde ; Abderkan ; les Voitures versées ; la Jeune Femme colère ; les chœurs d’Athalie, et Télémaque, grand opéra en trois actes, qui eut un succès prodigieux à la cour et à la ville, et que l’on assure être le meilleur ouvrage de cet auteur. En 1811, il revint à Paris avec un congé de la cour de Russie ; mais les événemens politiques ne lui permettant pas de retourner remplir ses engagemens, il se fixa en France, et consacra ses talens au théâtre Feydeau.

Des chants naturels et faciles, une imagination féconde, une harmonie brillante, beaucoup de gaîté jointe au talent de peindre, voilà les principaux caractères qui le distinguaient.

Les ouvrages de Boieldieu représentés à l’Opéra-Comique sont, en 1797, la Famille suisse ; en 1798, les Méprises espagnoles, Zoraïme et Zulnar, Montbreuil et Merville, la Dot de Suzette ; en 1800, Béniouski, le Calife de Bagdad, Ma Tante Aurore ; en 1812, les Deux Paravens, Rien de Trop ; en 1812, la Femme colère, Jean de Paris ; en 1813, le Nouveau Seigneur de village ; en 1816, la Fête du Village voisin ; au mois de juin de la même année, il fut nommé membre du jury chargé d’examiner la composition musicale des ouvrages destinés à l’Opéra. Ses trois dernières productions sont Charles de France, les Deux Nuits et la Dame blanche, lesquelles ont obtenu un aussi brillant succès que les premières.

Depuis long-temps déjà la santé déclinante de Boieldieu ne lui permettait plus que rarement le travail. Il a succombé à une phthisie pulmonaire. Il est décédé à Jarcy (Seine et Oise), le 8 octobre 1834, et a été transporté au cimetière du Père Lachaise, où il a été inhumé.

Nous croyons devoir citer un fragment d’une notice nécrologique, publiée à l’époque de son décès dans le Journal des artistes.

« La carrière musicale et les succès de Boieldieu étaient bien connus ; les détails de sa vie privée Tétaient moins, et cependant méritaient bien de l’être. Pour nous, ce qui nous a frappé le plus, c’est de voir l’auteur du Calife et de Beniouski, professeur de piano au Conservatoire, se faire l’élève de l’auteur de Lodoïska et des Deux Journées, de Chérubini, professeur de composition à la même école. A cela seul, on connaîtrait l’homme de génie. Ce qui nous a ensuite le plus touché, c’est de voir Boieldieu décoré de la croix d’honneur, si triste, si humilié de ce que Catel, membre de l’Institut avant lui, ne l’avait pas ; et de le voir si joyeux le jour où son savant confrère obtint cette récompense. Voilà le plus bel éloge de son cœur et de son caractère. »

Le monument de Boieldieu, construit presque totalement en pierre, est à la fois d’un style noble et élégant : il se compose d’un soubassement et d’un stylobate orné d’une corniche, sur lequel est élevé un cénotaphe quadrangulaire, flanqué aux parties latérales de trois colonnes cannelées d’ordre composite qui supportent un entablement, avec fronton sur la façade et à l’extrémité opposée. Dans les entre-colonnes sont placés des panneaux de marbre blanc destinés à recevoir des inscriptions. Sur la face principale sont sculptés en relief une lyre couchée, et au-dessus le buste du célèbre compositeur, surmonté d’une étoile et entouré de deux branches de laurier. Dans le tympan du fronton, au-dessus, est la figure de Minerve, en relief, dans un médaillon.

Sur le stylobate, on lit cette inscription :

ADRIEN BOIELDIEU,
membre de l’institut,
né le 15 novembre 1775 ; mort le 8 octobre 1834.