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Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes/Desiderio da SETTIGNANO

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Desiderio da SETTIGNANO
Sculpteur, né en 1428, mort en 1464

Desiderio[1] naquit, suivant les uns, à Settignano, à deux milles de Florence ; d’autres le croient Florentin. Du reste, peu importe ; de Settignano à Florence la distance n’est pas grande. Il imita la manière de Donato, bien qu’il eût de nature beaucoup de grâce et d’élégance, tel qu’on le voit dans ses têtes de femmes et d’enfants. Dans sa jeunesse, il fit le piédestal[2] du David de Donato, qui est dans le palais du duc, à Florence, et il l’orna de harpies en marbre et de rinceaux en bronze très gracieux et bien compris. Sur la façade de la maison Gianfigliazzi[3], il sculpta un grand écusson, avec un très beau lion, et, au Carmine, dans la chapelle Brancacci, un ange en bois[4]. À San Lorenzo, il termina la décoration en marbre de la chapelle du Saint-Sacrement[5], qu’il conduisit à bonne fin avec un soin extrême. À Santa Maria Novella, il fit en marbre le tombeau de la Beata Villana[6], avec de petits anges très gracieux, et la statue de la bienheureuse qui présente l’image du sommeil plutôt que celle de la mort. Dans le couvent des religieuses delle Murate, il plaça dans un tabernacle, au-dessus d’une colonne, une petite Vierge[7], si élégante et si gracieuse, que l’ensemble est très estimé et très précieux. Il fit encore à San Pier Maggiore le tabernacle en marbre du Saint-Sacrement[8], avec le même soin qu’il mettait dans toutes ses œuvres, et, bien qu’il n’y ait pas de figures, ou y remarque néanmoins une belle manière et une grâce infinie.

Il fit, d’après nature, le buste en marbre de la Marietta degli Strozzi[9], qui était fort belle, et qu’il reproduisit parfaitement. On lui doit le tombeau de Messer Carlo Marzuppini d’Arezzo, à Santa Croce[10]. Cette œuvre excita l’admiration de tous les artistes et des connaisseurs, dans le temps, comme encore maintenant ; il sculpta sur le sarcophage des feuillages, auxquels on peut reprocher un peu de sécheresse et de raideur, mais qui furent très admirés, parce qu’on n’avait pas encore découvert beaucoup d’antiquités. Entre autres détails remarquables, il y a encore des ailes qui servent d’ornement à une niche, au bas du sarcophage ; elles paraissent plutôt en plumes qu’en marbre, résultat difficile à atteindre avec le ciseau. On y voit encore quelques enfants, des anges, la statue du mort et un beau médaillon de la Vierge, qui complètent ce monument, au pied duquel il plaça une grande pierre tombale représentant, en bas-relief, Messer Giorgio[11], célèbre docteur et secrétaire de la République de Florence. Parmi d’autres bas-reliefs, en marbre, de sa main, et dont quelques-uns sont dans la garde-robe du duc Cosme, il y a, en particulier, un médaillon contenant le tête de Notre-Seigneur et de saint Jean-Baptiste, enfant[12].

La mort le frappa prématurément, à l’âge de 28 ans[13]. Sa perte fut vivement sentie par tous ceux qui espéraient le voir dans sa vieillesse parvenir à la perfection. Ses parents et de nombreux amis assistèrent à ses funérailles, dans l’église des Servi.

Les sculptures de Desiderio datent de l’an 1485[14]. Il laissa ébauchée une sainte Madeleine pénitente, qui fut achevée par [[:w:Benedetto da Maiano|Benedetto da Maiano]] et qui est actuellement à Santa Trinità, de Florence, à main droite, en entrant dans l’église[15]. Cette statue est aussi belle qu’on peut l’imaginer.


  1. Né à Settignano, fils de Bartolommeo Ferro di Francesco, tailleur de pierres. Né en 1428, d’après sa déclaration au Catasto de 1467, dans laquelle il se déclare âgé de 29 ans.
  2. N’existe plus.
  3. Sur le Lung’ Arno, entre les Ponts Santa Trinità et alla Carraia. L’écusson existe encore sur un des côtés du palais.
  4. Sculpture perdue.
  5. Existe encore.
  6. Œuvre restituée à Bernardo Rossellino ; on a encore le contrat d’allocation fait en 1451.
  7. Existe encore, en mauvais état, dans un petit oratoire à côté du couvent, dédié à S. M. della Neve.
  8. Sculpture perdue.
  9. L’original est toujours dans le palais Strozzi. Une réplique avec quelques variantes a été achetée, en 1842, par le Musée de Berlin.
  10. Existe encore.
  11. Gregorio Marzuppini, père de Carlo, dont la tombe est très abîmée. Il était secrétaire de Charles VI, roi de France.
  12. Sculpture perdue. Un médaillon analogue en marbre se trouve dans la collection de la marquise Arconati Visconti à Paris.
  13. Mort à 36 ans, le 16 janvier 1464 et enterré à San Pier Maggiore. [Livre des. Morts de Florence.]
  14. Erreur manifeste.
  15. Encore en place.