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Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes/Taddeo BARTOLI

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Taddeo BARTOLI
Peintre siennois, né en 1363, mort en 1422

Taddeo naquit de Bartolo di Maestro Predi, peintre médiocre, qui peignit, dans l’église paroissiale de San Gimignano, sur le mur de gauche, en entrant, plusieurs sujets tirés du Vieux Testament, peinture, qui, à la vérité, n’est pas bonne, mais porte cette inscription : Ann. Dom. 1356. Bartolus Magistri Fredi de Senis me piuxit[1]. Il dut faire cette peinture dans sa jeunesse, parce que l’on voit, par un tableau qu’il fit, l’an 1388, dans l’église Sant’Agostino de cette ville, et qui représente la Circoncision de Notre-Seigneur[2], qu’il eut plus tard une bien meilleure manière, tant pour le dessin que pour le coloris, bien que cette peinture offre, à côté de têtes très belles, des figures dont les pieds sont encore traités à la manière antique. En somme, on voit quantité d’autres œuvres de la main de Bartolo dans ces contrées[3]. Pour revenir à Taddeo, étant considéré comme le meilleur peintre de son temps, il fut chargé de peindre la chapelle du palais de la Seigneurie[4], à Sienne ; il exécuta ce travail avec tant de soin, et en respectant la sainteté du lieu, que la Seigneurie le récompensa richement et que sa renommée s’étendit au loin. Il en résulta que, non seulement dans sa patrie, on lui fit faire de nombreuses peintures, dont il retira gloire et profit, mais qu’encore il fut demandé à la Seigneurie par Francesco di Carrara, seigneur de Padoue, qui lui fit d’honorables propositions pour venir travailler dans cette noble cité. Particulièrement dans la chapelle de l’Arena et dans l’église du Santo, il exécuta plusieurs tableaux et d’autres peintures, à la grande satisfaction du prince et de tous les citoyens[5]. De retour en Toscane, il peignit, dans la manière d’Ugolino de Sienne, un tableau en détrempe qui est aujourd’hui derrière le maître-autel de l’église paroissiale, à San Gimignano[6]. De là, il retourna à Sienne, mais il n’y resta pas longtemps, car il fut appelé à Pise par un des Lanfranchi, fabricien de la cathédrale, qui lui fit peindre, dans la chapelle della Nunziata, une fresque[7] représentant la Vierge qui monte les degrés du temple, et dans le Campo Santo, au-dessus de la porte d’une chapelle, un Couronnement de la Vierge, entourée d’anges, d’un beau coloris[8]. Il exécuta également, pour la chapelle de la sacristie[9] de San Francesco, à Pise, un tableau en détrempe représentant la Vierge entourée de saints, sur lequel il inscrivit son nom et la date de 1394[10]. À peu près vers le même temps, il fit à Volterra plusieurs tableaux en détrempe[11], et à Monte Oliveto, outre un tableau, une fresque représentant l’Enfer[12], pour laquelle il s’inspira de Dante, quant à la division des péchés et à la forme des peines ; mais pour le site, il ne sut, ou ne put, ou ne voulut pas l’imiter. Il envoya à Arezzo un tableau qui est à Sant’Agostino, et dans lequel il représenta le pape Grégoire XI[13], celui qui ramena le Saint-Siège de France en Italie. Étant revenu ensuite à Sienne, il n’y fit pas un long séjour, parce qu’il fut appelé à travailler à Pérouse, dans l’église San Domenico. Là, dans la chapelle de Sainte-Catherine, il peignit à fresque toute la vie de cette sainte[14], et, à San Francesco, à côté de la porte de la sacristie quelques figures actuellement très effacées[15] mais qu’on reconnaît comme étant sorties de la main de Taddeo, car il suivit toujours la même manière. Survint la mort de Biroldo[16] seigneur de Pérouse, qui fut assassiné l’an 1398, et Taddeo revint à Sienne où il se livra à un travail acharné, étudiant continuellement son art pour arriver à la perfection, et, s’il ne l’atteignit pas, il n’en faut pas accuser son incapacité ou sa négligence, mais bien une maladie opilative, qui lui causa de cruelles souffrances et le conduisit au tombeau à l’âge de 59 ans[17]. Ses peintures sont de 1410 environ.

Il laissa comme principal élève son neveu Domenico[18], qui perfectionna sa manière et mit plus de variété dans ses compositions. On a de lui, dans la salle des pèlerins du grand hôpital de Sienne, deux grandes fresques[19], où la perspective et les ornements sont ingénieusement composés. Ses dernières peintures furent un tableau à Santa Trinità de Florence, représentant l’Annonciation, et le tableau du maître-autel, dans l’église du Carmine[20]. Ses œuvres datent de l’an 1436 environ.



  1. Existe encore, repeinte, sans l’inscription.
  2. Existe encore, dans une collection particulière, à San Gimignano.
  3. Une Nativité de la Vierge, peinte à fresque, dans la chapelle Saint-Guillaume de l’église Sant’Agostino, à San Gimignano.
  4. Délibération du Conseil, à la date du 25 août 1406 ; peinture terminée en 1407, existe encore.
  5. Les peintures de Taddeo à Padoue n’existent plus.
  6. C’est une Vierge actuellement au Palais Public, signée TADEVS BARTOLI DE SENIS PINXIT HOC OPVS. L’église renferme encore de lui des fresques signées et datées 1393, qui représentent le Paradis, l’Enfer et les douze Apôtres.
  7. N'existe plus
  8. Existe encore, au-dessus de la porte de la chapelle Aulla ; peinture restituée à Pietro da Orvieto.
  9. Egalement peinte par lui ; peinture en bon éiat signée et datée. 1397.
  10. Actuellement au musée de Vienne, signé : THADEVS BARTOLI DE SENIS PINXIT HOC ANNO DOMINI MCCCXCV.
  11. lien reste un dans la sacristie de l’oratoire de Sant’Antonio, représentant divers saints, et signé TADEVS BARTOLI DE SENIS HOC OPUS PINXIT 14. (1418.)
  12. Peintures perdues ou détruites.
  13. Ibid.
  14. Ibid.
  15. Peintures perdues ou détruites.
  16. De son vrai nom Biordo de’ Michelotti.
  17. Il fit son testament le 26 août 1422.
  18. Né à Arciano, immatriculé en 1428, mort en 1449
  19. Existent encore.
  20. Peintures perdues. Le Musée du Louvre possède de Taddeo Bartolo une Vierge entre quatre saints, sur fond d'or, signée TADEUS QUARTOLI DE SENIS PINXIT HOC OPUS MCCCXC. Elle provient de l'église San Paolo in Orto, de Pise. Dans une déclaration de i385, par laquelle Taddeo s'oblige à peindre dans le vieux chœur du Dôme de Sienne, il se dit fils de Bartolo di Maestro Mino, qui était barbier. Un autre document de 1419 confirme le fait. Par contre, Maestro Bartolo di Maestro Predi, peintre, dans son testament de 1409, ne nomme d'autre héritier et fils qu'Andréa, qui suivit la carrière paternelle. Vasari a donc dû se tromper entre ces deux noms.