Lettre de Saint-Évremond à la duchesse Mazarin (« Il m’arrive aujourd’hui… »)

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LXXX. Billet à la duchesse Mazarin.


À LA MÊME.

Il m’arrive aujourd’hui ce qui m’est arrivé, une autre fois, après les repas de milord Montaigu1. Il me souvient bien que je devois aller à Chelsey, lundi ou mardi ; mais je ne sais si c’est aujourd’hui ou demain. Jugez en quel état je pouvois être, puisque je n’entendis pas nettement une permission, dont tant de gens feroient leur plus grand bien. Je vous porterai ce que j’ai écrit : tout me semble bien lié, il ne reste qu’à le mettre au net ; j’y vais travailler. Le vôtre jusqu’à la mort, qui ne seroit pas éloignée, si j’avois souvent d’aussi cruelles vapeurs que j’ai eu cette nuit.

Le Chevalier de la triste figure.

Apostille.

Mon petit sénateur ne vous trouvera pas criblant du blé, mais frottant, lavant, nettoyant avec Mustapha, dont vous me permettrez de me dire serviteur2.


NOTES DE L’ÉDITEUR

1. Milord Moutaigu affectionnait beaucoup Saint-Évremond, auquel il avoit pris cinq cents livres sterling, à fonds perdu pour cent livres sterling de rente viagère.

2. La duchesse Mazarin étoit si maniaque de propreté, qu’elle faisoit souvent mapper et brosser son appartement, deux ou trois fois le jour.