Lettres à Frederic Donnadieu.djvu/14

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XIV


Pavillon Peiresc, octobre 1896,


Monsieur et cher Confrère,

J’ai l’honneur de vous remercier de vos trop aimables remerciements. Je suis bien heureux d’en avoir mérité une petite partie. Je ferai toujours tout ce que je pourrai pour être agréable à un aussi excellent confrère que vous. Je vais au sujet de mon trop délaissé Jacques-Philippe (mes prénoms) de Maussac, vous donner les explications que je viens de donner à M. Léon G. Pélissier, Secrétaire (et Directeur) de la Revue des Langues Romanes, lequel m’a interpellé en même temps que vous. J’ai été horriblement retardé en tous mes travaux par le désastre du 9 juillet 1895. J’ai été gravement malade pendant plusieurs mois, et c’est à peine si j’ai pu me ressaisir depuis quelques semaines. J’ai perdu tous les livres qui pouvaient favoriser mes recherches et une foule de notes amassées pendant un demi-siècle de labeurs non interrompus. J’ai sauvé, il est vrai, mes copies des documents peiresciens, notamment mes copies Maussac mais en dehors de ces copies, j’avais à Gontaud tant de documents accessoires, surtout un catalogue analytique des Lettres non copiées, instrument de travail presque indispensable, que leur perte m’a profondément découragé. Je dois même vous l’avouer, j’avais pendant assez longtemps renoncé à la continuation de la série des Correspondants de Peiresc. Mais peu à peu l’énergie a reparu et je me compare maintenant au soldat désarmé qui s’obstine à lutter. Donc le vieux lutteur vous promet, comme il l’a promis au jeune et brillant professeur de Montpellier, de s’occuper de Maussac aussitôt qu’il aura un peu de liberté. Je m’étais mis tant en retard pour la publication des Lettres de Peiresc que j’ai été obligé de m’y consacrer exclusivement. L’Imprimerie Nationale me relance et me talonne quotidiennement. Je rame sur les galères de la R. F. ( · · · · · · · · · · ) en désespéré.

Quand j’aurai achevé mes travaux forcés, je reviendrai a mes premières amours, les Correspondants de Peiresc (car j’ai commencé par là et mon héros lui-même n’a eu mes hommages que dix ans plus tard). Rassurez, s. v. p., l’obligeant confrère[1] que vous comparez si spirituellement à la sœur Anne. Vous et lui vous aurez les deux premiers exemplaires du tirage à part (au plus tard pour vos étrennes de 1898).

Je vous serre affectueusement la main,

Votre dévoué confrère et serviteur,
Tamizey de Larroque.
  1. M. Guéry, de Corneilhan.