Lettres à une inconnue/134

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(1p. 301-302).

CXXXIV

Paris, samedi 5 novembre 1848.

J’ai été très-irrité contre vous, car j’avais le plus grand besoin de vous voir ; j’ai été et je suis encore très-souffrant et, qui pis est, affreusement triste. Une heure passée auprès de vous m’aurait fait grand bien. Vous n’avez même pas pris la peine que vous preniez autrefois de me dire quelque chose d’aimable lorsque vous aviez quelque méchanceté en tête. Quelques justes reproches que j’aie à vous faire, il faudra toujours finir par vous pardonner ; mais je voudrais bien que vous fissiez quelque chose pour cela. Me ferez-vous quelque fineza, pour me dédommager de tout l’ennui que j’ai eu pendant quinze jours ? Je vous laisse à trouver vous-même ce dédommagement adequate.

Avez-vous entendu le canon et avez-vous eu peur ? J’ai cru qu’on voulait démolir la République aux trois premiers coups. J’ai compris au quatrième de quoi il s’agissait. Vous avez toujours à moi un livre grec. J’ai peur que vous ne gâtiez votre hellénisme avec le baragouin romaïque. Cependant, je crois qu’il y a de très-jolies choses dans ce volume. Je travaille à un ouvrage nouveau également historique.