Lotus de la bonne loi/Chapitre 8

La bibliothèque libre.
Lotus de la bonne loi
Version du soûtra du Lotus traduite directement à partir de l’original indien en sanscrit.
Traduction par Eugène Burnouf.
Librairie orientale et américaine (p. 121-130).
◄  VII
IX  ►


CHAPITRE VIII.

PRÉDICTION RELATIVE AUX CINQ CENTS RELIGIEUX.

Alors le respectable Pûrṇa, fils de Mâitrâyaṇî, ayant entendu de la bouche de Bhagavat cette exposition f. 109 b.de la science de l’habileté dans l’emploi des moyens, et cette explication du langage énigmatique [des Tathâgatas], ayant appris les destinées futures de ces grands Çrâvakas, et le récit qui lui faisait connaître l’ancienne application [des Religieux], ainsi que la supériorité de Bhagavat, Pûrṇa, dis-je, fut saisi d’étonnement et d’admiration ; il sentit la joie et le contentement naître en son cœur débarrassé de tout désir. S’étant levé de son siége, comblé de joie et de contentement, et plein d’un profond respect pour la loi, après s’être prosterné aux pieds de Bhagavat, il fit en lui-même cette réflexion : C’est une merveille, ô Bhagavat, c’est une merveille, ô Sugata, c’est une chose bien difficile qu’accomplissent les Tathâgatas, vénérables, etc., que de se conformer à ce monde composé d’éléments si divers, que d’enseigner la loi aux créatures par les nombreuses manifestations de la science de l’habileté dans l’emploi des moyens, que de délivrer, par l’habile emploi des moyens, les êtres attachés à telles et telles conditions. Que pouvons-nous faire de pareil à cela, ô Bhagavat ? Le Tathâgata seul connaît nos pensées, et les effets de notre ancienne application. Puis après avoir salué, en les touchant de la tête, les pieds de Bhagavat, Pûrṇa se tint à part(109 b), regardant avec des yeux fixes Bhagavat qu’il vénérait ainsi.

Alors Bhagavat voyant les réflexions qui s’élevaient dans l’esprit du respectable Pûrṇa, fils de Mâitrâyaṇî, s’adressa en ces termes à l’assemblée réunie des Religieux. f. 110 a.Voyez-vous, ô Religieux, ce Pûrṇa, fils de Mâitrâyaṇî, l’un de mes Çrâvakas, qui a été désigné par moi comme le chef de ceux qui, dans l’assemblée des Religieux, expliquent la loi ; qui a été loué pour le grand nombre de ses bonnes qualités ; qui, sous mon enseignement, s’est appliqué à comprendre la bonne loi de diverses manières ; qui réjouit, instruit, excite et comble de joie les quatre assemblées ; qui est infatigable dans l’enseignement de ma loi ; qui est capable de la prêcher, qui l’est également de rendre service à ceux qui observent, de concert avec lui, les règles de la conduite religieuse ? Non, Religieux, personne à l’exception du Tathâgata, n’est capable d’égaler, ni en lui-même ni par ses caractères extérieurs, Pûrṇa, fils de Mâitrâyaṇî. Comment comprenez-vous cela, ô Religieux ? [Vous dites sans doute que] c’est qu’il comprend ma bonne loi ; ce n’est pas là, cependant, ô Religieux, la manière dont vous devez envisager ceci. Pourquoi cela, ô Religieux ? C’est que je me souviens que, dans un temps passé, sous l’enseignement de quatre-vingt-dix-neuf kôṭis de bienheureux Buddhas, ce Religieux comprit entièrement la bonne loi. C’est-à-dire que, comme aujourd’hui, il fut absolument le chef suprême de ceux qui expliquent ma loi ; il parvint à comprendre entièrement le vide ; il parvint à obtenir entièrement les diverses connaissances distinctes(110 a) ; il parvint absolument à comprendre, d’une manière parfaite, les connaissances surnaturelles d’un Bôdhisattva ; f. 110 b.ce fut un interprète de la loi rempli de confiance, étranger à toute espèce d’incertitude, et plein de pureté. Sous l’enseignement de ces bienheureux Buddhas, il pratiqua, pendant toute la durée de son existence, les devoirs de la conduite religieuse, et fut connu partout comme Çrâvaka. Par ce moyen, il fit le bien d’un nombre immense et incommensurable de centaines de mille de myriades de kôṭis de créatures ; il mûrit un nombre immense et incommensurable d’êtres pour l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Il remplit entièrement auprès des créatures le rôle d’un Buddha, et il purifia entièrement la terre de Buddha qu’il habitait, sans cesse appliqué à faire mûrir les créatures. C’est ainsi, ô Religieux, qu’il fut aussi le chef de ceux qui expliquent la loi, sous les sept Tathâgatas dont Vipaçyi est le premier, et dont je suis le septième.

Aussi, ô Religieux, voici ce qui arrivera un jour, dans la présente période du Bhadrakalpa(110 b), où doivent paraître mille Buddhas, moins les quatre Buddhas bienheureux [déjà avenus] ; ce Pûrṇa, fils de Mâitrâyaṇî, sera aussi, sous leur enseignement, le chef de ceux qui expliquent la loi, il sera celui qui comprendra entièrement la bonne loi. C’est ainsi que dans le temps à venir, il possédera la bonne loi d’un nombre immense et incommensurable de Buddhas bienheureux. Il fera le bien d’un nombre immense et incommensurable de créatures ; f. 111 a.il mûrira parfaitement un nombre immense et incommensurable d’êtres, pour l’état suprême de Buddha parfaitement accompli ; il sera perpétuellement et sans relâche occupé à purifier la terre de Buddha qu’il habitera, ainsi qu’à mûrir parfaitement les créatures. Après avoir ainsi rempli les devoirs imposés à un Bôdhisattva, il parviendra, au bout de Kalpas sans nombre et sans mesure, à obtenir l’état suprême de Buddha parfaitement accompli ; il sera le Tathâgata nommé Dharmaprabhâsa, vénérable, etc. doué de science et de conduite, etc., et il naîtra dans la terre même de Buddha [que j’habite].

De plus, ô Religieux, dans ce temps-là cette terre de Buddha sera composée d’un nombre d’univers formés d’un grand millier de trois mille mondes, égal à celui des sables du Gange, univers qui ne feront tous qu’une seule et même terre de Buddha. Cette terre sera unie comme la paume de la main, reposant sur une base formée des sept substances précieuses, sans montagnes, remplie de maisons à étages élevés, et faites des sept substances précieuses. Il s’y trouvera des chars divins suspendus dans l’air ; les Dêvas y verront les hommes, et les hommes y verront les Dêvas. De plus, ô Religieux, en ce temps-là il n’existera dans cette terre de Buddha, ni lieux de châtiments, ni sexe féminin(111 a), f. 111 b.et tous les êtres y naîtront par des métamorphoses miraculeuses(111 b) ; ils y observeront les règles de la conduite religieuse ; ils seront, avec leurs corps aimables, naturellement lumineux ; ils seront doués d’une puissance surnaturelle, de la faculté de traverser les airs ; ils seront pleins d’énergie, de mémoire, de sagesse ; leurs corps auront la couleur de l’or, et seront ornés des trente-deux signes caractéristiques d’un grand homme. De plus, ô Religieux, dans ce temps-là et dans cette terre de Buddha, deux aliments serviront à la nourriture de ces êtres ; et quels sont ces deux aliments ? Ce sont la satisfaction de la loi et la satisfaction de la contemplation. Il y paraîtra un nombre immense et incommensurable de centaines de mille de myriades de kôṭis de Bôdhisattvas, tous possesseurs des grandes facultés surnaturelles, entièrement maîtres des diverses connaissances distinctes(111 b 2), habiles à instruire les créatures. Ce Buddha aura des Çrâvakas dont le nombre dépassera tout calcul, des Çrâvakas doués des grandes facultés surnaturelles, d’un grand pouvoir, maîtres de la contemplation des huit [moyens d’] affranchissement. C’est ainsi que cette terre de Buddha sera douée de qualités infinies. Le Kalpa où il paraîtra se nommera Ratnâvabhâsa, et son univers se nommera Suviçuddha. La durée de son existence sera d’un nombre immense et incommensurable de Kalpas ; et quand le bienheureux Tathâgata Dharmaprabhâsa, vénérable, etc., sera entré dans le Nirvâṇa complet, sa bonne loi subsistera longtemps après lui, f. 112 a.et l’univers où il aura paru sera rempli de Stupas faits de pierres précieuses. C’est ainsi, ô Religieux, que la terre de Buddha de ce Bienheureux sera douée de qualités que l’esprit ne peut concevoir.

Voilà ce que dit Bhagavat(112 a) : et après avoir ainsi parlé, Sugata, le Précepteur dit en outre ce qui suit.

1. Écoutez-moi, ô Religieux, et apprenez comment mon fils a observé les règles de la conduite religieuse ; comment, parfaitement exercé à l’habile emploi des moyens, il a rempli, d’une manière complète, les devoirs imposés par l’état de Bôdhi.

2. Reconnaissant que tous les êtres sont livrés à des inclinations misérables et qu’ils sont frappés de crainte à la vue du noble véhicule, les Bôdhisattvas deviennent des Çrâvakas, et ils exposent l’état de Buddha individuel.

3. Ils savent, à l’aide de plusieurs centaines de moyens dont ils connaissent l’habile emploi, conduire à une maturité parfaite un grand nombre de Bôdhisattvas ; et ils s’expriment ainsi : Nous ne sommes que des Çrâvakas et nous sommes encore bien éloignés de l’excellent et suprême état de Bôdhi.

4. Formées à cette doctrine par leur enseignement, des myriades de créatures arrivent à la maturité parfaite ; les êtres livrés à des inclinations misérables et à l’indolence, deviennent tous des Buddhas chacun à leur tour.

5. Ils observent, sans la comprendre, les règles de la conduite religieuse ; certes, [disent-ils,] nous sommes des Çrâvakas qui n’avons fait que peu de chose ! Entièrement affranchis au sein des diverses existences où l’homme tombe après sa mort, ils purifient complètement leur propre terre.

6. Ils montrent qu’ils sont, comme tous les hommes, en proie à la passion, à la haine et à l’erreur ; et voyant les créatures attachées aux fausses doctrines, ils vont même jusqu’à se rapprocher de leurs opinions.

f. 112 b.7. En suivant cette conduite, mes nombreux Çrâvakas délivrent les êtres par le moyen [le plus convenable], les hommes ignorants tomberaient dans l’enivrement, si on leur exposait la doctrine tout entière.

8. Ce Pûrṇa, ô Religieux, l’un de mes Çrâvakas, a jadis rempli ces devoirs sous des milliers de kôṭis de Buddhas ; il a compris parfaitement leur bonne loi, recherchant cette science de Buddha.

9. Il a été absolument le chef des Çrâvakas ; il a été très-illustre, intrépide, habile à tenir toute espèce de discours : il a su constamment inspirer de la joie à ceux qui ne pratiquaient pas [la loi], remplissant auprès d’eux, sans relâche, les devoirs d’un Buddha.

10. Toujours parfaitement maître des grandes connaissances surnaturelles, il s’est mis en possession des diverses connaissances distinctes ; et sachant quels étaient les organes et la sphère d’activité des êtres, il a toujours enseigné la loi parfaitement pure.

11. En exposant la meilleure des bonnes lois, il a conduit à une parfaite maturité des milliers de kôṭis d’êtres, ici, dans le premier et le plus parfait des véhicules, purifiant ainsi sa terre excellente.

12. De même, dans le temps à venir, il rendra un culte à des milliers de kôṭis de Buddhas ; il comprendra parfaitement la meilleure des bonnes lois, et il purifiera entièrement sa propre terre.

13. Toujours intrépide, il enseignera la loi à l’aide des milliers de kôṭis de moyens dont il saura l’habile emploi ; et il mûrira entièrement un grand nombre de créatures pour l’omniscience, qui est exempte d’imperfections.

f. 113 a.14. Après avoir rendu un culte aux Guides des hommes, il possédera toujours la meilleure des bonnes lois ; il sera dans le monde un Buddha existant par lui-même, et connu dans l’univers sous le nom de Dharmaprabhâsa.

15. Et sa terre sera parfaitement pure, et toujours rehaussée par les sept substances précieuses ; sa période sera le Kalpa Ratnâvabhâsa, et son séjour, l’univers Suviçuddha.

16. Il paraîtra dans cet univers plusieurs milliers de kôṭis de Bôdhisattvas, entièrement maîtres des grandes connaissances surnaturelles, doués d’une pureté parfaite et des grandes facultés magiques ; ils rempliront la totalité de cet univers.

17. Alors l’assemblée du Guide [des hommes] sera aussi formée de milliers de kôṭis de Çrâvakas, doués des grandes facultés surnaturelles, exercés à la contemplation des huit [moyens d’]affranchissement, et en possession des diverses connaissances distinctes.

18. Et tous les êtres, dans cette terre de Buddha, seront purs et observateurs des devoirs religieux ; produits par l’effet de métamorphoses surnaturelles, ils auront tous la couleur de l’or, et porteront sur leurs corps les trente-deux signes [de beauté].

19. On n’y connaîtra pas d’autre espèce d’aliments que la volupté de la loi et la satisfaction de la science ; on n’y connaîtra ni le sexe féminin, ni la crainte des lieux de châtiment ou des mauvaises voies.

20. Voilà quelle sera l’excellente terre de Pûrna, qui est doué de qualités accomplies ; elle sera remplie de créatures fortunées ; je n’ai fait ici qu’indiquer quelques-unes de ses perfections.


Alors cette pensée s’éleva dans l’esprit de ces douze cents Auditeurs arrivés à la puissance : Nous sommes frappés f. 113 b.d’étonnement et de surprise ; si Bhagavat voulait nous prédire aussi à chacun séparément notre destinée future, comme il a fait pour ces autres grands Çrâvakas ! Alors Bhagavat connaissant avec sa pensée les réflexions qui s’élevaient dans l’esprit de ces grands Çrâvakas, s’adressa en ces termes au respectable Mâhâkâçyapa : Ces douze cents Auditeurs arrivés à la puissance, ô Mahâkâçyapa, en présence desquels je me trouve ici, je vais immédiatement leur prédire à tous leur destinée future. Ainsi, ô Kâçyapa, le Religieux Kâundinya, l’un de mes grands Çrâvakas, après qu’auront paru soixante-deux centaines de mille de myriades de kôṭis de Buddhas, deviendra aussi dans le monde un Tathâgata, sous le nom de Samantaprabhâsa, vénérable, etc., doué de science et de conduite, etc. Il paraîtra en ce monde, ô Kâçyapa, cinq cents autres Tathâgatas qui porteront ce seul et même nom. Ensuite ces cinq cents grands Çrâvakas parviendront tous successivement à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli, et tous porteront le nom de Samantaprabhâsa. Ce seront Gayâkâçyapa, Nadîkâçyapa, Uruvilvâkâçyapa, f. 114 a.Kâla, Kâlôdâyin, Aniruddha, Râivata, Kapphina, Vakkula, Tchunda, Svâgata, et les cinq cents Religieux arrivés à la puissance dont ces Auditeurs sont les premiers. Alors Bhagavat prononça, dans cette occasion, les stances suivantes :

21. Ce Religieux de la race de Kundina, l’un de mes Çrâvakas, sera, dans l’avenir, au bout d’un nombre infini de Kalpas, un Tathâgata, un Chef du monde ; il disciplinera des milliers de kôṭis de créatures.

22. Il sera le Djina nommé Samantaprabha, et sa terre sera parfaitement pure ; il paraîtra dans l’avenir, au bout d’un nombre infini de Kalpas, après avoir vu un nombre immense de Buddhas.

23. Resplendissant de lumière, doué de la force d’un Buddha(114 a), voyant son nom célèbre dans les dix points de l’espace, honoré par des milliers de kôṭis d’êtres vivants, il enseignera l’excellent et suprême état de Bôdhi.

24. Là des Bôdhisattvas pleins d’application et montés sur d’excellents chars divins, habiteront cette terre, livrés à la méditation, purs de mœurs, et sans cesse occupés de bonnes œuvres.

25. Après avoir entendu la loi de la bouche du Meilleur des hommes, ils iront sans cesse dans d’autres terres ; et honorant des milliers de Buddhas, ils leur rendront un culte étendu.

26. Puis, en un instant, ils reviendront dans la terre de ce Guide [du monde] nommé Prabhâsa, du Meilleur des hommes ; tant sera grande la force de leur conduite.

f. 114 b.27. La durée de l’existence de ce Sugata sera de soixante mille Kalpas entiers ; et quand le Protecteur sera entré dans le Nirvâṇa complet, sa bonne loi durera deux fois autant de temps dans le monde.

28. Et l’image de cette loi durera encore pendant trois fois autant de Kalpas ; et quand la bonne loi de ce Protecteur sera épuisée, les hommes et les Maruts seront malheureux.

29. [Après lui] paraîtront cinq cents Guides [du monde] portant en commun avec ce Djina le nom de Samantaprabha ; ces Buddhas, les meilleurs des hommes, se succéderont les uns aux autres.

30. Tous habiteront un pareil système de monde ; ils auront tous une même puissance due aux mêmes facultés surnaturelles, une terre de Buddha pareille, une pareille assemblée, une même bonne loi, et cette bonne loi durera pour tous autant de temps.

31. Leur voix se fera également entendre dans le monde réuni aux Dêvas, de même que celle de Samantaprabha, du Meilleur des hommes, ainsi que je l’ai dit précédemment.

32. Pleins de bonté et de compassion, ils s’annonceront successivement les uns aux autres leurs destinées futures ; c’est ainsi que doit arriver, immédiatement après moi, ce que je dis aujourd’hui à tout l’univers.

33. Voilà, ô Kâçyapa, comme tu dois considérer ici en ce jour ces Auditeurs qui ne sont pas moins de cinq cents, aussi bien que mes autres Çrâvakas, parvenus à la puissance ; expose également(114 b) ce sujet aux autres Çrâvakas.

Alors ces cinq cents Arhats, ayant entendu de la bouche de Bhagavat la prédiction qui leur annonçait f. 115 a.qu’ils parviendraient un jour à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli, contents, satisfaits(115 a), joyeux, l’esprit trans­porté, pleine de joie, de satisfaction et de plaisir, se rendirent à l’endroit où se trouvait Bhagavat, et, s’y étant rendus, ils parlèrent ainsi, après avoir salué ses pieds en les touchant de la tête : Nous confessons notre faute, ô Bhagavat, nous qui nous imaginions sans cesse dans notre esprit que nous pouvions dire : « Voici pour nous le Nirvâṇa complet, nous sommes arrivés au Nirvâṇa complet ; » c’est, ô Bhagavat, que nous ne sommes pas éclairés, que nous ne sommes pas habiles, que nous ne sommes pas instruits comme il faut. Pourquoi cela ? C’est que, quand il nous fallait arriver à la perfection des Buddhas dans la science du Tathâgata, nous nous sommes trouvés satisfaits de la science ainsi limitée(115 a 2) que nous possédions.

C’est, ô Bhagavat, comme si un homme étant entré dans la maison de son ami, venait à y tomber dans l’ivresse ou dans le sommeil, et que son ami attachât à l’extrémité du vêtement de cet homme un joyau ou un diamant du plus grand prix, en disant : Que ce joyau inestimable lui appartienne ! Qu’ensuite, ô Bhagavat, l’homme [endormi] s’étant levé de son siége, se mette en marche ; qu’il se rende dans une autre partie du pays ; là qu’il éprouve des malheurs, qu’il ait de la peine à se procurer de la nourriture et des vêtements, et que ce ne soit qu’avec de grandes difficultés qu’il obtienne de se procurer si peu de nourriture que ce soit ; que ce qu’il trouve lui suffise, qu’il s’en contente et en soit satisfait. Qu’ensuite, ô Bhagavat, l’ancien ami de cet homme, f. 115 b.celui par qui a été attaché à l’extrémité de son vêtement ce joyau inestimable, vienne à le revoir et qu’il lui parle ainsi : D’où vient donc, ami ; que tu éprouves de la difficulté à te procurer de la nourriture et des vêtements, quand, pour te rendre l’existence facile, j’ai attaché et placé à l’extrémité de ton vêtement un joyau inestimable, propre à satisfaire tous tes désirs, et quand je t’ai donné, ami, ce joyau ? C’est par moi, ami, que ce joyau a été attaché à l’extrémité de ton vêtement. Comme tu ignores cela, tu dis : Est-ce que ce joyau a été attaché pour moi ? par qui l’a-t-il été ? pour quelle raison et pour quel motif l’a-t-il été ? Tu es, ami, un véritable enfant, toi qui, cherchant avec peine à te procurer de la nourriture et des vêtements, te contentes de cette existence. Va, ami, et, prenant ce joyau, retourne sur tes pas ; rends-toi dans la grande ville, et, avec l’argent que tu en auras retira, fais tout ce que l’on fait avec de l’argent.

De même aussi, ô Bhagavat, quand jadis le Tathâgata remplissait les devoirs de la conduite imposée à un Bôdhisattva, il produisait même en nous des pensées d’omniscience ; et ces pensées, ô Bhagavat, nous ne les connaissions pas, nous ne les savions pas. C’est pour cela, ô Bhagavat, que nous nous imaginons que, sur le terrain des Arhats où nous sommes établis, nous sommes arrivés au Nirvâṇa. Nous vivons dans la peine, ô Bhagavat, puisque nous nous contentons d’une science aussi limitée [que celle que nous possédons. Mais,] f. 116 a.grâce à la prière que nous ne cessons d’adresser sans relâche, à l’effet de posséder la science de celui qui sait tout, nous sommes parfaitement instruits par le Tathâgata. Ne pensez pas, ô Religieux, [nous dit-il,] que vous soyez ainsi arrivés au Nirvâṇa complet. Il existe, ô Religieux, dans vos intelligences, des racines de vertu que j’ai fait mûrir autrefois ; et c’est ici un effet de mon habileté dans l’emploi des moyens dont je dispose, que, par l’effet du langage employé dans l’enseignement de la loi, vous pensiez qu’ici est le Nirvâṇa. C’est ainsi que Bhagavat, après nous avoir instruits, nous prédit que nous obtiendrons l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Ensuite ces cinq cents Religieux arrivés à la puissance, à la tête desquels était Adjñâtakâuṇḍinya, prononcèrent dans cette occasion les stances suivantes :

34. Nous sommes pleins de joie et de satisfaction d’avoir entendu cette éminente parole qui nous permet de respirer, en nous annonçant que nous parviendrons à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Adoration à toi, Bhagavat, à toi dont la vue est infinie !

35. Nous confessons notre faute en ta présence ; nous disons comment nous sommes insensés, ignorants et peu éclairés, en ce que nous nous sommes contentés, sous l’enseignement du Sugata, d’une faible part de repos.

36. C’est comme s’il existait ici un homme qui vînt à entrer dans la demeure d’un de ses amis ; que cet ami fût riche et fortuné ; et qu’il donnât à cet homme beaucoup de nourriture et d’aliments.

37. Qu’après l’avoir complètement rassasié de nourriture, il lui fît présent d’un joyau d’une valeur considérable, en l’attachant au moyen d’un nœud fait à l’extrémité de son vêtement supérieur, et qu’il fût satisfait de le lui avoir donné.

f. 116 b.38. Que s’étant levé, l’homme s’en aille, ignorant cette circonstance, et qu’il se rende dans une autre ville ; que tombé dans l’infortune, misérable, mendiant, il cherche à travers beaucoup de peines à se procurer de la nourriture.

39. Qu’après avoir obtenu un peu de nourriture, il se trouve satisfait, ne pensant pas qu’il existe des aliments plus relevés ; qu’il ait oublié ce joyau attaché à son vêtement supérieur, et qu’il en ait perdu le souvenir.

40. Mais voici qu’il est revu par cet ancien ami qui lui a donné ce joyau dans sa propre maison ; cet ami, lui adressant de vifs reproches, lui montre le joyau attaché à l’extrémité de son vêtement.

41. Que cet homme se sente rempli d’une joie extrême en voyant l’excellence de ce joyau ; qu’il se trouve en possession de grandes richesses et d’un précieux trésor, et qu’il jouisse des cinq qualités du désir.

42. De la même manière, ô Bhagavat, ô Protecteur, nous ne connaissons pas ce qui a fait autrefois l’objet de notre prière ; cependant cet objet nous a été donné, il y a longtemps, dans des existences antérieures, par le Tathâgata lui-même.

43. Et nous, ô Chef [du monde], avec notre intelligence imparfaite, nous sommes ignorants en ce monde sous l’enseignement du Sugata ; car nous nous contentons d’un peu de Nirvâṇa ; nous n’aspirons ni ne songeons à rien de plus élevé.

44. Mais l’ami du monde nous instruit ainsi : Non, ce n’est là en aucune manière le Nirvâṇa ; le Nirvâṇa, c’est la science parfaite des Meilleurs des hommes, c’est la félicité suprême.

45. Après avoir entendu cette prédiction noble, étendue, variée, à laquelle rien n’est supérieur, nous nous sommes sentis, ô Chef [du monde], transportés de joie ; en pensant à la prédiction f. 117 a.que nous nous ferons successivement les uns aux autres.


Notes du chapitre VIII

CHAPITRE VIII.

f. 109 bPûrṇa se tint à part.] Je rends ainsi l’expression êkânté ou ékântam, qui est très-fréquemment employée dans le style buddhique, pour dire d’un côté, de côté, c’est-à-dire à une des places qui se trouvent dans l’enceinte, soit ouverte, soit fermée, où est assis un Buddha qui enseigne. On la trouve au commencement du Vadjra tchtchhêdika, dans cette phrase, êkânté nyachîdat, ce que I. J. Schmidt traduit par setzten sich an einer Seite[1] ; l’expression tibétaine est, phyogs-gtchig-tu[2]. Elle ne se représente pas moins fréquemment en pâli, mais toujours à l’accusatif et sous cette forme, êkam antam : on en peut voir un exemple dans une des légendes publiées par Spiegel[3]. Quant à la forme, elle est tout à fait d’accord avec l’esprit des dialectes prâkrits, où il est d’usage de résoudre dans leurs éléments les composés où figurent les pronoms ; et quant au sens que lui donnent les Buddhistes du Sud, je remarque cette traduction un peu forcée des Barmans, တင် အပ် သော အရပ် ꧳်, táng ap so arap hnoik, « dans un endroit convenable[4]. »

f. 110 a Les diverses connaissances distinctes.] Le texte se sert du terme pratisam̃vidâ lâbhî, « possesseur des pratisam̃vidâ. » On trouvera sur ce terme une note spéciale à l’Appendice, n° XVII.

f. 110 b Bhadrakalpa.] C’est ainsi que les Buddhistes nomment le Kalpa ou la période actuelle de création ; ce terme signifie le Kalpa fortuné ou le Kalpa des bienheureux, parce qu’il doit posséder cinq Buddhas. On peut voir sur cette période une note de Klaproth dans le Foe koue ki d’A. Rémusat[5]. Cette notion est commune aux Buddhistes du Sud comme à ceux du Nord ; toutefois je n’ai pas trouvé jusqu’ici de preuve positive que les Buddhistes singhalais connussent les mille Buddhas des Chinois et des Tibétains. La meilleure exposition que nous ayons des Kappas (Kalpas) d’après les Buddhistes du Sud, est celle qu’on doit à G. Turnour[6].

f. 111 aNi sexe féminin.] L’expression dont se sert le texte est mâtrĭgrâma, littéralement « collection des mères. » C’est, dans le style buddhique, une locution consacrée à désigner la femme en général, ce que d’autres peuples appellent le sexe. L’expression est également connue des Buddhistes du Sud, et elle est traduite avec précision par le seul lexicographe de Ceylan qui soit à ma disposition : mâtugâma y est synonyme de femme[7]. Parmi les textes pâlis, encore en petit nombre, qui ont été publiés jusqu’ici, on peut consulter les Anecdota pâlica de Spiegel, où se trouve ce terme[8], mais imprimé fautivement avec un a bref, matu pour mâtu.

f. 111 b. Tous les êtres y naîtront par des métamorphoses miraculeuses.] Il faut bien qu’il en soit ainsi, puisqu’il ne doit pas exister de femmes dans ces univers. Le mot dont se sert le texte est âupapâduka, adjectif dérivé d’un substantif apapâda, que je ne trouve pas dans Wilson, mais qui doit signifier, selon toute apparence, « une naissance autre que le mode de reproduction naturel. » Wilson donne déjà l’adjectif upapâduka, qui entre autres significations a celle de démon, être surhumain. Clough indique, dans son Dictionnaire singhalais, un mot très-voisin de celui qui nous occupe, âupapâtika qu’il traduit ainsi, « Un être produit par le hasard, sans aucune cause créatrice, un être existant par lui-même[9]. » Or ce mot qui est régulièrement dérivé de upapâta, a son correspondant en pâli où ôpapâtika signifie, selon Turnour, apparitional birth, « naissance par apparition[10]. » Jusqu’à ce que quelque autorité décisive établisse positivement quelle est la meilleure de ces deux orthographes, âupapâduka et âupapâtika, je conserve, au moins pour les livres sanscrits du Nord, celle que donne le texte de notre Lotus. Outre qu’elle est uniformément confirmée par les trois manuscrits qui sont actuellement sous mes yeux, je la trouve encore dans le texte sanscrit du Vadjra tchtchhêdika. Ce terme, qui dans ce dernier livre, comme dans notre Lotus, est une épithète de sattvâḥ, « les êtres, » signifie, selon I. J. Schmidt, « qui est produit par le changement. » Mais le texte tibétain, ou plutôt le Dictionnaire de Csoma, fournit une interprétation plus précise, puisque l’expression tibétaine brdzus-te skyes-pa signifie « être produit par une transformation miraculeuse[11] ; » on peut donc admettre que âupapâduka signifie « venu au monde par un miracle. » Enfin ce qui me porte à croire que l’orthographe âupapâduka est préférable à celle de âupapâtika, en d’autres termes que ce mot vient par dérivation du radical pad et non de pat, c’est qu’il n’est pas rare de voir, dans les manuscrits pâlis, un d étymologiquement nécessaire remplacé par un t. Ainsi le mot uppâda, « naissance, » est souvent écrit uppâta par le copiste auquel est dû mon manuscrit du Dîgha nikâya[12] ; et ce qui laisse encore moins de doute, les noms propres brâhmaniques de Pôkhharasâdi et Yamadaggi, pour Pâuchkarasâdi et Djamadagni, sont souvent écrits Pôkkharasâti et Yamataggi[13]. J’aurai occasion de revenir sur ces deux derniers noms propres à la fin du no II de l’Appendice.

Entièrement maîtres des diverses connaissances distinctes.] Voyez relativement à cette expression la note reportée à l’Appendice, sous le no XVII.

f. 112 a.Voilà ce que dit Bhagavat.] Le texte se sert pour exprimer cette idée d’une formule sacramentelle que je retrouve également dans les textes pâlis, et qui donne lieu à des remarques analogues à celles qu’a déjà suggérées à Lassen la célèbre maxime yê dharmâ hêtaprahhavâḥ. Cette formule est ainsi conçue : idam avôtchad Bhagavân idam̃ viditvâ sugatô, hyathaparam êtaduvâtcha çâstâ. Les trois manuscrits que j’ai sous les yeux lisent uniformément viditvâ, « ayant connu. » Les deux manuscrits de M. Hodgson ont seulement hyêchâm̃, au lieu de hyatha ; je crois que la leçon du manuscrit de la Société asiatique est la meilleure, parce qu’elle s’accorde avec celle de la rédaction en pâli qui lit atha. Quant à viditvâ, si j’ai traduit ce participe par « ayant parlé, » c’est encore sous l’influence de la formule pâlie qui a vatvâ, « ayant parlé. » Il est fort possible que l’on ait dit dans le principe uditvâ, « ayant parlé, » ou même populairement vaditvâ, et que cette forme ait été confondue plus tard avec viditvâ, « ayant connu. » Et quant au pâli vatvâ, qui pourrait venir de vad + tvâ, il se sera substitué, comme plus ordinaire et quand le pâli eut atteint sa régularité factice, à la forme moins commune d’uditvâ. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’en lisant vaditvâ dans le texte pâli, au lieu de vatvâ, on obtient, pour la fin de la première ligne de la formule pâlie, exactement la même quantité que celle de la première ligne de la formule sanscrite. Voici en effet la phrase en pâli :

Idam avôtcha Bhagavâ idam̃ vatvâ sugatô athâparam êtad avôtcha satthâ[14],
ce qui, divisé en deux lignes, donne à côté du thème sanscrit ˘ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘
˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˉ
˘ ˘ ˘ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ
˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˉ

On voit que si dans la formule pâlie on lisait avôtchad ou avôtchâ, on aurait une longue là ou elle se trouve dans la formule sanscrite, tout comme idam̃ vaditvâ, à la fin de la première ligne, rétablirait l’uniformité des deux formules ; et d’un autre côté, dans la seconde ligue sanscrite on doit lire hyathâparam et non hyêchâm param ; pour avoir la quantité de la formule en pâli. Cette espèce de stance est manifestement formée d’éléments empruntés pour la plus grande partie au genre Trichṭubh ; cela est surtout reconnaissable dans la seconde partie de la stance où la mesure se rapproche davantage de la régularité classique. Quel que soit du reste le type auquel on doive ramener la première de ces deux lignes, leur ensemble ne pourrait former tout au plus que trois Pâdas, de cette manière :

1 2 3
˘ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˘
˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ

Mais l’examen de la rédaction sanscrite permet d’affirmer que l’on a eu l’habitude de prononcer la stance d’un seul jet ; car on ne peut expliquer la présence de la particule hi commençant la seconde ligne, que par l’intention qu’on a eue d’éviter un hiatus entre sagatô et athâparam, dont la rencontre eût entraîné la suppression de l’a initial de atha. Je ne crois pas que nous ayons ici d’indices suffisants pour nous décider sur la question de l’antériorité relative de ces deux rédactions. Si d’un côté la présence de la conjonction hi devant athâparam semble un signe de postériorité[15], il faut avouer d’un autre que l’expression idam̃ vatvâ du pâli ne peut être plus ancienne que vaditvâ ou encore uditvâ de la formule sanscrite. Les deux langues, dans ce texte, ne s’éloignent pas assez l’une de l’autre pour que leur divergence soit décisive ; d’ailleurs, ici comme dans le cas de formules très-générales et d’un fréquent usage, les deux phrases ont pu naître et coexister dans le même temps. Je signalerai à la fin de ces notes, sur le fol. 248 b, une formule analogue où paraissent également quelques traces de mètre.

f. 114 a.St. 23. Doué de la force d’un Buddha.] Lisez, « doué des forces d’un Buddha. »

f. 114 b.St. 33. Expose également.] Il faut dire, « j’expose également, » en suivant les deux manuscrits de M. Hodgson qui mettent avec raison le verbe à la première personne, au lieu de la seconde que donne le manuscrit de la Société asiatique.

f. 115 a.Contents, satisfaits, etc.] Les expressions dont se sert le texte pour rendre l’idée de contentement et d’allégresse, reviennent toujours les mêmes, et sont comme des formules officielles auxquelles il ne paraît pas que les copistes aient osé porter la main. On retrouve une de ces expressions, celle de prîtisâumanasyadjâta, dans les livres pâlis, où elle désigne le plus haut degré de satisfaction auquel les créatures puissent arriver, quand elles entendent la prédication du Buddha. Voici le passage même à la fin duquel les mots en question se rencontrent : Yadâhi Bhagavâ manassa dêva mâra brahmaparisa­madjdjhagatô dhammam̃ dêsêti tchatuvêsâradjdjasamannâgatôyêva hôti ; na tassa kôtchi samaṇôvâ brâhmaṇôva sakkôvâ dévôvâ mârôvâ brahmâvâ pativattâ hôti ; athakhô bahudêvamanussâ dhammam̃ sutvâ haṭṭhalômahônti udagga­tchittâ pîtîsômanassadjâtâ. » Quand en effet Bhagavât s’étant « présenté devant l’assemblée des hommes, des Dêvas, des Mâras et des Brahmâs, enseigne la loi, il est doué des quatre confiances. Aucun être, soit Samaṇa (Çramaṇa), soit Brâhmana, soit Sakka (Çakra), soit Dêva, soit Mâra, soit Brahmâ, n’élève la voix pour le contredire. Mais alors les nombreux Dêvas et hommes ayant entendu la loi, sentent leurs poils se hérisser sur tout leur corps ; leur esprit s’éveille, ils sont pleins de plaisir et de satisfaction[16]. »

La science ainsi limitée.] Le mot du texte que je traduis par limité est parîtta pour paridatta, formation d’ailleurs régulière et donnée par Pâṇini. Ce sens est confirmé par le pâli, où paritta signifie « petit, en petite quantité[17]. »

  1. Vadjra tchtchhêdika, f. 3 a, comp. avec Schmidt, Ueber das Mahâyâna, dans Mém. de l’Acad. de Saint-Pétersbourg, t. iv, p. 186.
  2. Ueber das Mahâyâna, ibid. p. 128, l. 4.
  3. Anecdota pâlica, p. 26, l. 7.
  4. Suvaṇṇasâma djâtaka, ms. pâli-barman de la Bibl. nat. f. 2 b et p. 6 de ma copie.
  5. Foe koue ki, p. 245 et 246 ; ajoutez, p. 357.
  6. Mahâwanso, introd. p. xxxii et suiv. Cf. Spiegel, Anecdota pâlica, p. 62.
  7. Abhidh. ppadîp. l. II, chap. III, st. 5 ; Clough, p. 28.
  8. Anecdota pâlica, p. 62, l. 22.
  9. Singhal. Diction. t. II, p. 91.
  10. Turnour, Mahâwanso, introd. p. xxxiv et xxxv.
  11. Schmidt, Ueber das Mahâyâna, dans Mém. de l’Acad. des sciences de S. Pétersbourg, t. IV, p. 130 et 187 ; Csoma, Tibet. Diction. p. 121.
  12. Dîgha nikâya, f. 22 b, 2 fois.
  13. Ibid. f. 61 a.
  14. Dîgha nikâya, f. 173 b.
  15. Bœhtlingk, Sanskrit Chrestomathie, p. 446.
  16. Djina alam̃kâra, f. 24 b.
  17. Âbhidhâna ppadîpikâ, l. III, chap. i, st. 14, et chap. iii, st. 252 ; Clough, p. 95 et 132.