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Mémoires (Cardinal de Retz)/Livre troisième/Section 6

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J’avois naturellement de l’inclination à servir M. le prince ; mais je crois que le procédé si net et si habile de la palatine m’y eût engagé, quand je n’y aurois pas été aussi porté. Je commençai à l’aimer car elle eut autant de bonté à me confier les raisons de ses sentimens, qu’elle avoit eu d’habileté à me les persuader. Dès qu’elle vit que je répondais à sa franchise, non plus par des honnêtetés sur les faits, mais par des ouvertures sur les motifs, elle quitta la plume dont elle écrivoit son mémoire. Elle me fit le plan de son parti elle me dit que le premier président vouloit la liberté de M. le prince et par lui-même et par Champlâtreux, mais qu’il l’espéroit par la cour, et qu’il ne la vouloit point par la guerre que le maréchal de Gramont la souhaitoit plus qu’homme de France, mais qu’elle n’en connoissoit pas un plus propre à serrer ses liens, parce qu’il seroit toute sa vie la dupe du cabinet ; que madame de Montbazon leur faisoit tous les jours espérer M. de Beaufort, mais que l’on comptoit sa foi pour rien, et son pouvoir pour peu de chose ; qu’Arnauld et Viole vouloient la liberté de messieurs les princes pour leur intérêt particulier, et que leur avidité toute seule soutenoit leurs espérances que Croissy étoit persuadé qu’il n’y avoit rien à faire qu’avec moi : mais qu’il étoit si emporté, qu’il n’étoit pas encore temps de s’en ouvrir avec lui ; que M. de Nemours n’étoit qu’un fantôme agréable ; que le seul homme à qui elle se découvriroit, et par qui elle négocieroit avec moi, seroit Montreuil. Elle reprit ici son mémoire pour le continuer.

Vous avez vu le premier article. Le second fut que quand on jugeroit nécessaire de faire paroîtrela Fronde, nous commencerions par madame de Montbazon, qui croiroit si bien elle-même avoir entraîné M. de Beaufort (que j’aurois toutefois disposé auparavant), que si le cardinal en étoit averti, il ne douteroit pas lui-même que la Fronde ne fût divisée : ce qui, au lieu de l’intimider, lui donneroit plus d’audace. Le troisième article fut qu’elle ne s’ouvriroit sur mon sujet à qui que ce soit, jusqu’à ce qu’elle eût vu tous les esprits de la faction disposés à recevoir ce que l’on voudroit leur faire savoir. Nous nous jurâmes après cela un concert entier et parfait, et nous nous tînmes fidèlement parole.

Monsieur approuva ma négociation, qui n’étoit que le plan de notre conduite, et ce qui étoit le plus pressé, parce qu’il n’y avoit pas un instant où l’on ne l’eût pu déconcerter par des pas contraires. Nous avions remis à la nuit suivante la discussion des conditions par lesquelles on commence d’ordinaire, et par lesquelles nous ne fîmes pas difficulté de finir en cette occasion, parce que la Fronde avoit la carte blanche, et qu’il ne s’agissoit pas de combattre d’honnêtetés. Monsieur ne voulut point d’autres conditions que l’amitié de M. le prince, le mariage de mademoiselle d’Alençon avec M. le duc, et la rénovation de la connétablie. On m’offroit les abbayes de M. le prince de Conti ; et vous croyez aisément que je ne les voulois pas. M. de Beaufort étoit bien aise qu’on ne le troublât pas dans la possession de l’amirauté ; et ce n’étoit pas une affaire. Mademoiselle de Chevreuse n’étoit pas fâchée de devenir princesse du sang, par le mariage de M. le prince de Conti ; et ce fut la première offre que madame la palatine fit à madame de Rhodes. Il fut réglé en même temps qu’il ne s’en écriroit rien qu’à mesure que les traités particuliers se feroient ; et cela pour la même raison pour laquelle il avoit été résolu de n’en point faire de général. Madame la palatine me pressa beaucoup de recevoir en forme la parole de messieurs les princes de ne point traverser mon cardinalat. Vous verrez la raison que j’eus pour ne la pas accepter en ce temps-là. La postérité aura peine à croire la justesse avec laquelle toutes ces mesures se gardèrent. Je remédiai à ce qui les pouvoit rompre plus facilement, qui étoit le peu de secret et l’infidélité de madame de Montbazon : car nous jugeâmes, madame la palatine et moi, qu’il étoit temps que M. de Beaufort s’ouvrît, plus qu’il n’avoit fait jusque là, avec les amis de M. le prince. Je lui fis voir que le secret qu’il garderoit sur le sujet, de Monsieur et sur le mien, à madame de Montbazon, lui donneroit un grand mérite auprès d’elle, et feroit cesser les reproches qu’elle lui faisoit continuellement du pouvoir que j’avois sur son esprit. Il sentit ce que je lui disois : il en fut ravi. Arnauld crut avoir fait un miracle en faveur de son parti, d’avoir gagné M. de Beaufort par madame de Montbazon. Madame de Nemours, sa belle-sœur, prétendit cette gloire. Madame la palatine s’en donnoit toutes les nuits la comédie à elle et à moi. Le prodige est que ce traité de M. de Beaufort demeura très-secret, contre toutes sortes d’apparences ; qu’il ne nuisit à rien, et qu’il ne produisit justement que l’effet que l’on vouloit, qui étoit de faire connoître, à ceux qui gouvernoient à Paris les affaires de M. le prince, que l’unique ressource ne consistoit pas en Mazarin. Un des articles portoit que M. de Beaufort feroit tous ses efforts pour obliger Monsieur à prendre la protection de messieurs les princes, et qu’il romproit même avec le coadjuteur, s’il persistoit dans l’opiniâtreté qu’il avoit témoignée jusque là contre leur service. Madame de Montbazon avoit été négligée dans les derniers temps par la cour, qui n’estimoit ni sa capacité ni sa fidélité, et qui connoissoit son peu de pouvoir. Cette circonstance ne nous fut pas inutile.

Quand madame la palatine eut donné le temps à son parti de se détromper des fausses lueurs dont la cour l’amusoit, et qu’elle eut mis les esprits au point que Monsieur les vouloit, je me laissai pénétrer plus que je n’avois accoutumé à Arnauld et à Viole, qui se pressèrent de lui en apprendre la bonne nouvelle. Croissy fut l’entremetteur de notre entrevue ; elle se fit la nuit chez madame la palatine. Nous conférâmes, nous signâmes le traité ; M. de Beaufort le signa aussi, pour faire voir au parti des princes notre union, et que celui qu’il avoit signé auparavant tout seul n’étoit pas le bon. Nous convînmes que ce traité seroit mis en dépôt entre les mains de Blancménil, qui, tel que vous le connoissez, faisoit en ce temps-là quelque figure, à cause qu’il avoit été des premiers à déclamer dans le parlement contre le cardinal Mazarin. Ce traité est en original entre les mains de Câumartin, qui, étant un jour avec moi à Joigny il y a huit ou dix ans, le trouva abandonné dans une vieille armoire de garde-robe. Ce qu’il y eut en cela de plaisant dans cette conférence fut que, de concert avec la palatine, je leur fis le fin des intentions de Monsieur : ce qui étoit la grosse corde, qu’on ne devoit toucher que la dernière ; et qu’eux pareillement, par le même concert, me firent aussi les fins de ce qu’ils en savoient d’ailleurs. La différence est qu’elle vouloit bien que je visse le dessous des cartes, parce qu’elle voyoit que je ne gâterois rien au jeu, et qu’elle le leur cachoit par la raison que je vais expliquer.

Monsieur, ne se résolvoit jamais que très-difficilement aux moyens quoiqu’il fût résolu à la fin. Ce défaut est une des sources les plus empoisonnées des fausses démarches des hommes. Il vouloit la liberté de messieurs les princes, mais il y avoit des momens qu’il la vouloit par la cour. Cela ne se pouvoit pas car si la cour y eût donné, son premier soin eût été d’en exclure Monsieur, ou du moins de ne l’y admettre qu’après coup, et comme une représentation. Il le jugeoit très-bien, mais il étoit foible il se laissoit aller quelquefois à M. le maréchal de Gramont, qui, d’autre part, se laissoit amuser du soir au matin par Mazarin.

Je m’aperçus bientôt de l’effet des longues conversations du maréchal de Gramont mais comme il me sembloit que j’en effacerois toujours les impressions par une ou deux paroles, je n’y faisois pas beaucoup de réflexion, ne pouvant m’imaginer que Monsieur, qui m’avoit témoigné des appréhensions mortelles du manquement du secret, fût capable de se laisser entamer par l’homme du monde qu’il connoissoit pour en avoir le moins. Je me trompois toutefois : car Monsieur, qui véritablement ne lui avoit pas avoué qu’il traitât avec le parti des princes par les frondeurs, avoit fait presque pis en lui découvrant que les frondeurs y traitoient pour eux-mêmes ; qu’ils lui avoient voulu persuader de faire la même chose ; qu’il l’avoit refusé ; et qu’au fond il ne vouloit entrer que conjointement avec la cour, dans l’opinion que la cour y marcheroit de bon pied.

Le premier président et le maréchal de Gramont qui agissoient de concert se firent honneur de cette importante nouvelle auprès de Viole, de Croissy et d’Arnauld, pour les empêcher de prendre aucune confiance aux frondeurs, dont enfin la principale considération consistoit en Monsieur. Jugez de l’effet de ce contre-temps si les mesures que j’avois prises avec madame la palatine ne l’eussent sauvé ! Elle s’en servit finement cinq ou six jours durant, pour brouiller ce que l’impétuosité de Viole avoit un peu trop éclairci. Quand elle eut fait ce qu’elle désiroit et qu’elle crut que çomœdia in çomœdiâ n’étoit plus de saison, elle se servit encore plus finement du dénouement de la pièce, tel que vous l’allez voir.

Nous jugeâmes à propos, madame la palatine et moi, que je m’expliquasse à Monsieur, pour empêcher qu’une autre fois de pareils malentendus n’arrivassent, qui eussent été capables de déconcerter les mesures les mieux prises. Je lui parlai avec liberté je me plaignis avec ressentiment il en eut regret. Il me paya d’abord de fausse monnoie, en me disant qu’il n’avoit pas dit cela et cela au maréchal de Gramont mais qu’à la vérité il avoit’estimé qu’il seroit bon de lui faire croire qu’il n’étoit pas si fort passionné pour les frondeurs que la Reine se le vouloit persuader. Comme je lui eus fait voir la conséquence de ce faux pas pour lui et pour nous, il m’offrit avec empressement de faire tout ce qui seroit nécessaire pour y remédier. Il écrivit une lettre antidatée de Limours, où il alloit assez souvent, par laquelle il me faisoit des railleries fort plaisantes des négociations que le maréchal de Gramont prétendoit avoir avec lui. Ces railleries étoient si bien circonstanciées, selon les instructions que la palatine m’avoit données, que les négociations du maréchal n’en paroissoient que plus chimériques. Madame la palatine fit voir cette lettre, comme en grande confiance, à Viole, à Arnauld et à Croissy. Je fis semblant d’en être fâché ; je me radoucis, j’entrai dans la raillerie : et de ce jour jusqu’à celui de la liberté de messieurs les princes, le maréchal de Gramont et le premier président furent joués d’une manière qui me faisoit quelquefois pitié.

Nous eûmes encore un petit embarras. Le garde des sceaux, qui s’étoit remis avec nous pour la perte du Mazarin, appréhendoit extrêmement la liberté de M. le prince, quoiqu’il ne s’en expliquât pas ainsi en nous parlant mais comme Laigues ne s’y étoit rendu que parce qu’il n’avoit pas eu la force de me résister, il se servit de lui pour essayer de retarder nos effets par madame de Chevreuse. Je m’en aperçus, et j’abattis cette fumée par le moyen de mademoiselle de Chevreuse, qui fit tant de honte à sa mère de ce qu’elle balançoit pour son établissement, qu’elle revint, à nous, et qu’elle ne nous fut pas même d’un médiocre usage auprès de Monsieur, dans la foiblesse duquel il y avoit bien des étages. Il y avoit très-loin de la velléité à la volonté, de la volonté à la résolution, de la résolution au choix des moyens du choix des moyens l’application. Il arrivait même assez souvent qu’il demeuroit tout court au milieu de l’application. Madame de Chevreuse nous aida sur ce point ; et Laigues même, voyant l’affaire trop engagée, ne nous y nuisit point. Madame de Rhodes ne s’oublia pas auprès du garde des sceaux, qui n’osa d’ailleurs tout-à-fait se déclarer. Enfin Monsieur signa son traité. Caumartin l’avoit dans sa poche, avec une écritoire de l’autre côté. Il l’attrapa entre les deux portes, il lui mit une plume entre les doigts, et signa, à ce que disoit madame de Chevreuse, comme il auroit signé la cédule du sabbat, s’il avoit eu peur d’y être surpris par son bon ange. Le mariage de mademoiselle de Chevreuse avec M. le prince de Conti fut stipulé par ce traité. La promesse de ne se point opposer à ma promotion y fut aussi insérée, mais par rapport à l’article du mariage, et en marquant expressément que Monsieur ne m’avoit pu faire consentir à recevoir pour moi cette parole de M. le prince, qu’après m’avoir fait voir que le changement de profession de monsieur son frère ne lui laissoit plus aucun lieu d’y prétendre pour lui. Messieurs les princes étoient de toutes ces négociations, comme s’ils eussent été en pleine liberté. Nous leur écrivions, ils nous faisoient réponse et le commerce de Paris à Lyon n’a jamais été mieux réglé. Bar, qui les gardoit, étoit homme de peu de sens : de plus, les plus fins y sont trompés.

M. le cardinal Mazarin, qui avoit pris goût pour la seconde fois aux acclamations du peuple quand le Roi revint de Guienne, s’en lassa dans peu de jours. Les frondeurs n’en tinrent pas moins le pavé ; mais je n’en étois pas moins souvent à l’hôtel de Chevreuse, qui est à présent l’hôtel de Longueville, et qui n’est qu’à cent pas du Palais-Royal, où le Roi logeoit. J’y allois tous les soirs, et mes vedettes se posoient régulièrement à vingt pas des sentinelles des gardes ; j’en ai encore honte quand j’y pense ; mais ce qui m’en faisoit dans le fond du cœur dès ce temps-là paroissoit grand au vulgaire, parce qu’il étoit haut, et excusable aux autres, parce qu’il étoit nécessaire. On pouvoit dire qu’il n’étoit pas nécessaire que j’allasse à l’hôtel de Chevreuse ; mais presque personne ne le disoit, tant l’habitude a de force, particulièrement dans la faction, en faveur de ceux qui ont gagné les cœurs ! Souvenez-vous de ce que je vous ai dit dans le premier livre de cet ouvrage sur ce sujet. Il n’y avoit rien de si contraire à tout ce qui se passoit à l’hôtel de Chevreuse, que les confirmations, les conférences de Saint-Magloire, et autres telles occupations. Mais j’avois trouvé l’art de les concilier ; et cet art justifie, à l’égard du monde, ce qu’il concilie.

Le cardinal, fatigué des alarmes que l’abbé Fouquet commençoit à lui donner à Paris pour se rendre nécessaire auprès de lui, et entêté de sa capacité pour le gouvernement d’une armée, sortit en ce temps-là assez brusquement de Paris pour aller en campagne, et reprendre Rethel et Château-Portien, que les ennemis avoient occupés, et dans lesquels M. de Turenne prétendoit hiverner. L’archiduc, qui s’étoit rendu maître de Mouzon après un siège assez opiniâtre ; lui avoit donné un corps de troupes considérable, qui, jointes à celles qui avoient été ramassées par tous ceux qui étoient attachés à messieurs les princes, formoient une très-leste et très-belle armée. Le cardinal lui en opposa une qui n’étoit pas moins forte car il joignit, à celle que le maréchal Du Plessis commandoit déjà dans la province, les troupes que le Roi avoit ramenées de Guienne, et d’autres encore que Villequier et d’Hocquincourt avoient maintenues et même grossies tout l’été. Je vous raconterai les exploits de ces deux armées, après que vous aurez vu ceux qui se firent dans le parlement un peu après le départ du cardinal.

Nous résolûmes, dans un conseil tenu chez madame la palatine, de ne pas le laisser respirer, et de l’attaquer dès le lendemain de l’ouverture du parlement. Le premier président, qui étpit très-bien intentionné pour M. le prince, avoit fait témoigner à ses serviteurs qu’il le serviroit avec zèle en tout ce qui seroit purement des voies de la justice mais que si on prenoit celles de la faction, il n’en pourroit être. Il s’en expliqua ainsi au président Viole, ajoutant que le cardinal, voyant que le parlement ne pourroit s’empêcher de faire enfin justice à deux princes du sang qui la demandoient, et contre lesquels il n’y avoit aucune accusation intentée, se rendroit infailliblement, pourvu qu’on ne lui donnât aucun lieu de croire qu’on eût des mesures avec les frondeurs, et que le moindre soupçon de correspondance feroit qu’il n’y auroit aucunes extrémités dont il ne fût capable, plutôt que d’avoir la moindre pensée pour leur liberté. Voilà ce que la Reine, le cardinal et les subalternes disoient à tous momens ; voilà ce que le premier président et le maréchal de Gramont se persuadoient être bon et sincère ; et voilà ce qui eût tenu M. le prince dans les fers peut-être toute la vie du Mazarin, sans le bon sens et la fermeté de la palatine. Vous voyez de quelle nécessité il étoit de couvrir notre jeu dans une conjoncture où, au moins, pour l’ouverture de la scène la contenance du premier président nous étoit très-considérable. Il faut avouer qu’il n’y a, jamais eu de comédie si bien exécutée. Monsieur fit croire au maréchal de Gramont qu’il vouloit la liberté des princes, mais qu’il ne la vouloit que par la cour, parce qu’il n’y avoit qu’elle qui pût la donner sans guerre civile ; et qu’il avoit découvert que les frondeurs ne la vouloient pas dans le fond. Les amis de M. le prince firent voir au premier président que, comme nous les voulions tromper en nous servant d’eux pour pousser Mazarin, sous prétexte de servir M. le prince, ils se vouloient servir de nous pour donner la liberté à M. le prince, sous prétexte de pousser Mazarin. Je donnois par mes manières toutes les apparences possibles à ces discours et à ces soupçons, et cette conduite fit tous les effets que nous voulions elle échauffa pour le service des princes le premier président, et tous ceux du corps qui avoient de la disposition contre la Fronde elle empêcha que le cardinal ne se précipitât dans quelque résolution qui ne nous plût pas, parce qu’elle lui donna lieu d’espérer, qu’il détruiroit les deux partis l’un par l’autre et elle couvrit si bien notre marche, que l’on ne faisoit pas seulement réflexion sur les avis qui venoient de toutes parts à la cour contre nous. On y croyoit savoir le dessous des cartes. Le premier président ne pouvoit quelquefois s’empêcher de dire à sa place de certaines paroles équivoques, qu’il croyoit que nous n’entendions pas, et qui nous avoient été expliquées la veille chez la palatine. Nous nous y réjouissions du maréchal de Gramont, qui disoit que les frondeurs seroient bientôt pris pour dupes. Enfin il y eut sur ce détail mille farces dignes du ridicule de Molière. Revenons au parlement.