Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation/05

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Jeux et récréations

Ne demandez jamais à une dame la permission d’aller jouir avec sa fille. Dites « jouer », qui est plus décent.

N’invitez pas vos jeunes amies à pêcher des petits poissons de foutre dans le bidet de madame votre mère quand vous jouez à la dînette.

Pour tirer à la courte paille, ne demandez pas à une jeune fille de se couper cinq ou six poils, surtout si vous savez qu’elle n’en a pas un.

Si vous jouez au doigt mouillé, ne le mouillez pas entre vos cuisses, à moins que vous ne soyez dans l’intimité.

Si vous proposez de jouer à « montre-moi ta pine, tu verras mon cul », assurez-vous d’abord que les grandes personnes ne vous surveillent pas.

De même quand vous jouez « à celle qui pisse le plus loin possible », surtout si vous prenez des petits garçons comme arbitres.

De même si vous jouez « à l’accouchement » avec une petite poupée de porcelaine dans le con.

De même encore quand vous jouez à celle « qui fera la plus grande saleté ». C’est le jeu favori des petites filles ; mais les parents ne l’approuvent jamais.

À la main chaude, si vous êtes à genoux devant un jeune homme, ne lui sucez pas la queue, vous ne pourriez pas répondre aux questions du jeu.

Se mettre du miel entre les jambes pour se faire lécher par un petit chien, c’est permis à la rigueur, mais il est inutile de le lui rendre.

Ne masturbez jamais un jeune homme par la fenêtre. On ne sait jamais sur qui cela peut tomber.

Ne sautez pas à cheval sur le cou d’un monsieur quand vous n’avez pas de pantalon fermé. Pour peu que vous soyez excitée, vous tacheriez le col de sa redingote.

Relever ses jupes, s’asseoir sur une quille debout, la faire entrer où vous savez, et s’enfuir avec en la tenant par la seule force du « casse-noisettes », c’est un exercice des plus indécents, qu’une jeune fille bien élevée ne doit pas imiter, même quand elle l’a vu faire avec un succès d’estime.

Si vous jouez « au bordel » avec plusieurs petites filles, ne vous charbonnez pas le ventre et les cuisses pour faire le rôle de la négresse.

Si vous jouez « à la putain » avec quelques petits garçons, n’empruntez pas vingt-cinq morpions à la fille du jardinier pour vous faire un vrai con de pierreuse.

En jouant à cache-cache, si vous vous trouvez seule avec une jeune fille dans une cachette impénétrable, branlez votre compagne ; c’est l’usage. Et si elle fait des manières, branlez-vous devant elle pour l’encourager.

Si vous faites de l’équitation auprès d’un beau cavalier et si la selle vous provoque tout à coup une émotion débordante, vous pouvez soupirer : « Ah !… Ah !… » pourvu que vous ajoutiez tout de suite : « C’est pour vous que je le fais, monsieur. »

En jouant à colin-maillard, ne fouillez pas sous les jupes de votre capture en disant que vous allez la reconnaître tout de suite. Cela la compromettrait beaucoup.

Lorsqu’on propose de jouer à « chat coupé » ou à « chat perché », ne vous mettez pas à rire. Toute plaisanterie là-dessus serait du genre facile.