Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation/06

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En classe

Ne dessinez pas au tableau noir les parties sexuelles de la sous-maîtresse surtout si elle vous les a montrées confidentiellement.

Quand vous venez de vous branler sous le pupitre, n’essuyez pas votre doigt mouillé dans les cheveux de votre voisine, à moins qu’elle ne vous en prie.

Si vous trouvez plus commode d’aller vous masturber aux water-closets, demandez simplement à sortir ; ne dites pas pourquoi.

Si l’on vous demande ce que c’était que Pompée, ne répondez pas : « Ça devait être une pine » ; et si l’on vous demande quel personnage historique vous auriez voulu être, ne dites pas en clignant de l’œil : « Je voudrais toujours être Persée. » Ce genre de facéties ferait rire vos camarades mais ne ferait pas rire la maîtresse.

Ne dites pas que la mer Rouge est ainsi nommée parce qu’elle a la forme d’un con ; ni que la Floride est la pine de l’Amérique ; ni que la Jungfrau ne mérite plus son nom depuis que les alpinistes montent dessus. Ce seraient des observations ingénieuses, mais déplacées dans la bouche d’une enfant.

Ne mouillez pas votre pouce dans votre bouche ou dans votre con pour tourner les pages.

Si l’on vous dit que l’homme se distingue du singe en ce qu’il n’a pas de queue, ne protestez pas qu’il en a une.

Parmi les principaux verbes de la quatrième conjugaison, il est inutile de citer foutre, je fous, je foutais, je foutrai, que je foutisse, foutant, foutu. La conjugaison de ce verbe est intéressante mais on vous grondera plutôt de la connaître que de l’ignorer.

Si l’addition qu’on vous donne à faire produit le nombre 69, ne vous roulez pas de rire comme une petite imbécile.

Si votre professeur vous demande une plume, ne feignez pas de croire qu’il vous prie de lui sucer la queue.

Dans les petits thèmes anglais de la première année, on trouve parfois des phrases naïves : « J’ai un joli petit chat. Tu as un gros bouton. Il ou elle aime les langues. Ma sœur a un bon casse-noisettes. Voulez-vous une feuille de rose ? Le hussard a tiré deux coups. Je cherche les haricots de mes gousses. Le maquereau a une belle queue. Mon frère a des grues et mon père des vaches. » Ne vous avisez pas de traduire : « I have a pretty little cunt. You have a big clito. She likes to be tongued, etc. »

Si votre sous-maîtresse vous emmène dans sa chambre et vous prend entre ses bras avec un trouble extrême, relevez vos jupes sans affectation et guidez sa main hésitante. Cela la soulagera d’un grand poids.

N’abordez pas le premier jour une grande élève en lui demandant si elle se branle. 1o Parce que la question est inutile : elle se branle certainement. 2o Parce qu’elle pourrait être tentée de mentir. Emmenez-la secrètement au fond du jardin et livrez-vous devant elle à vos petites habitudes. Votre exemple lui fera honte de sa dissimulation.

Si l’une de vos aînées se moque de votre jeune âge parce qu’elle a de jolis poils et que vous êtes lisse comme la main, ne la traitez pas d’ours velu, d’Absalon, ni de femme à barbe : mais tirez une leçon de la petite colère que vous ressentirez et souvenez-vous d’être modeste quand vous aurez la motte fournie.