Monographie de l’abbaye de Fontenay/2-02

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Librairie Saint-Joseph (p. 136-138).

2e abbé

Guillaume de spiriaco, 1132-1154

À Godefroy succéda Guillaume de Spiriaco, neveu de saint Bernard[1]. Son administration qui dura 22 ans fut l’une des plus heureuses et des plus avantageuses pour l’abbaye qui prenait un accroissement rapide. Il termina les constructions commencées par son prédécesseur, les cloîtres et les salles capitulaires. En 1139, il reçut Ébrard, évêque de Norwick, dans l’Est-Anglie, qui, dégoûté des luttes politiques dans lesquelles il était engagé à cause de ses frères les comtes d’Arundel, avait abandonné son évêché et était venu dans la solitude de Fontenay chercher la paix du cœur. Pour payer généreusement l’hospitalité qui lui avait été donnée, il fit bâtir la grande église de ses propres deniers. La mort ne lui laissa pas la consolation d’en voir la consécration, en 1147, par Eugène III ; il avait expiré quelques mois auparavant. (Manuscrit de Châtillon)[2].

Les papes Lucius II, Eugène II, Eugène III, Anastase donnent à l’abbé Guillaume des Bulles pour mettre sous la protection du St-Siège l’abbaye, ses biens, ses privilèges et ses personnes, menaçant d’excommunication tous ceux qui y porteraient atteinte[3].

Les donations abondent, Agnès, abbesse du Puits-d’Orbe, Richard de Corabois, Gillebert de Thil, Robert de Solmaise, Richard de Espiri sont les bienfaiteurs de l’abbaye comme nous l’avons vu au chapitre XII.

Les évêques d’Autun Étienne et Humbert donnent leur village de Courcelles, la vallée au dessus du jardin jusqu’au moulin de Touillon avec la permission de pécher dans leur étang[4].

Le duc de Bourgogne Hugues II reconnaît au monastère la haute, moyenne et basse justice à Marmagne, (elle avait été achetée 20 livres aux habitants), et abandonne en même temps tous ses droits sur Poiseul-la-Grange.

En 1142, cet abbé intenta procès à Aganon, abbé de Flavigny, pour des biens ou des Celliers de Sainte-Reine ou de Villaines-les-Prévotes. Ce procès fut terminé par les évêques d’Autun et d’Auxerre, moyennant un échange entre les deux abbayes. (Ansart, 338.)

Henri, évêque d’Autun et Ponce, abbé de Vézelay, font appel à la justice de Guillaume pour terminer leur querelle. Vézelay fondé par Gérard de Roussillon avait été exempté de toute juridiction épiscopale ; l’abbé Ponce avait appelé Élie, évêque d’Orléans pour faire l’ordination de ses moines, mais celui d’Autun, qui avait toujours réclamé contre cette exemption, attaquait la validité de cette ordination ; sur les raisons de Guillaume il fut forcé de reconnaître les droits de Ponce[5].

Guillaume conduisit 12 religieux pour restaurer l’abbaye de Sept-Fonts dans l’Allier. Pendant son absence, Haymon de Marmagne donnait son pré Belet de Grignon. Quando abbas Wuillelmus educebat abbatiam septem fontium. (Chifflet, 1479.)

Guillaume assista à la dédicace de la cathédrale d’Autun et à l’ouverture de la châsse de saint Lazare, puis partagea le grand deuil que la mort de saint Bernard causait non seulement à tout l’Ordre de Clairvaux, de Cîteaux, mais à l’Europe entière, Bernard avait 63 ans dont il en avait passé 40 comme abbé. A cause des grands services rendus à l’église par Bernard, le Pape Innocent accorda de grands privilèges à tout l’Ordre de Cîteaux.

Guillaume survécut seulement un an à saint Bernard, Jacet in capitule in parte sinistra.

  1. Chifflet, genus illustre, 1463.
  2. Recherche sur Ébrard. — par John Henry Druiry, esq.
  3. La Bulle d’Eugène III, cart. Fontenay, 67 ; de Lucius III, cart. Font. 26 ; d’Innocent II, cart. Font. 65.
  4. Gall. christiana.
  5. Chronique du Vézelay, 46.