Monographie de l’abbaye de Fontenay/2-20

La bibliothèque libre.
Librairie Saint-Joseph (p. 169-171).

20e abbé

Pierre II, 1305-1330

L’administration de Pierre II qui dura 25 ans fut assez tourmentée. Les religieux et leurs propriétés n’étaient pas respectés par les gens de guerre. En 1354, Clément V, à Avignon, commande aux abbés de Saint-Pharaon de Meaux, de Saint-Loup de Troyes, de l’Île—Barbe de Lyon, d’employer toutes les armes spirituelles pour arrêter les attaques contre le couvent, et forcer à réparer les torts qui lui avaient été faits, sans égard pour les personnes, qu’elles fussent princes ou évêques[1]. Jean XXI défend d’emmener les animaux de l’abbaye sous quelque prétexte que ce soit, pour que les convers pussent toujours cultiver les terres. En 1320, Innocent IV annule les excommunications ou interdits lancés contre les familiers du couvent[2].

Pendant 20 ans l’abbé Pierre lutta contre les évêques et les ducs de Bourgogne qui prétendaient avoir droit de ,haute, moyenne et basse justice sur le couvent ; l’évêque, parce que l’emplacement avait été donné par ses prédécesseurs, et le duc, parce qu’il en était protecteur. Le Parlement de Paris se prononça en faveur de l’abbé.

Les causes du procès étaient un meurtre commis dans l’intérieur des murs claustraux, et l’épave d’un porc trouvé sous les murs du jardin. soixante-quatorze pièces relatives à ce délit sont conservées aux archives de l’évêché d’Autun[3].

Un Guillaume de Montbard avant volé dix moutons au Petit-Jailly sur les terres appartenant a l’évêque d’Autun et à Fontenay fut contraint de les ramener à la même place pour les rendre en criant à haute voix : Je vous les restitue. Malgré cette réparation, il fut saisi et jeté en prison d’où il sortit moyennant caution[4].

Ardoin, prieur ide Couches-les-Mines, donne à Fontenay quelques biens sis a Ampilly-les-Jours et aux Celliers de Sainte-Reine, près de ceux qui avaient déjà été donnés par Léonard, curé de Marmagne. Les moines de Fontenay abandonnent aux Bénédictins de Flavigny une partie de leurs bâtiments des Celliers. En 1635, ils avaient là soixante-cinq journaux de terres, cinq soitures de prés, et trois journaux de vignes[5].

C’est à l’abbé Pierre que les seigneurs de Bussy promettent de ne pas dresser les fourches patibulaires dans un endroit où elles pourraient être vues du territoire d’Étormay, et s’engagent l’un et l’autre à ne pas pendre haut et court leurs hommes quand même ils commettraient quelques crimes[6].

Le Duc de Bourgogne reconnaît à Fontenay la haute, moyenne et basse justice depuis les Ormes de Montbard jusqu’aux fourches de l’abbaye. C’est pour cela qu’il obligea le maire de Montbard à placer son gibet au-delà des Ormes[7].

In capitulo sepultus est.

  1. Cart. Font. 56.
  2. Archives d’Autun, et Cart. Font.
  3. Archives d’Autun.
  4. Archives d’Autun.
  5. Cart. Marmag. 186.
  6. Gallia Christ.
  7. Cart. Marm. 6.