Monsieur Auguste/12

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Michel Lévy frères, libraires éditeurs (p. 158-173).

XII

Octave fut un instant comme foudroyé par la menace d’Auguste, mais la réflexion fit ensuite naître le doute.

— C’est un poltron qui crie aux armes ! pensa-t-il, et le sourire du consolé ranima son visage. Je ne dois pas craindre un danger impossible, ajouta-t’il ; malheureux fanfaron !

Auguste avait pour lui la ruse ; cette force des faibles, et quand sa fureur et son désespoir furent un peu calmés, il organisa son plan, avec calme, et le soumit à toutes les combinaisons de réussite. Il ne voulait pas se venger. À quoi lui aurait servi la vengeance ? il voulait arriver à l’un ou l’autre de ces dénoûments ; tuer Octave par la violence d’un désespoir égale à la furie de sa passion, ou, le dernier moment venu, reconquérir son amitié, en brisant le mariage, avec la condition de partir tous les deux, la veille des noces, de gagner le Havre, et d’aller vivre de l’autre côté des mers. Dans le premier de ces cas, le suicide de désespoir, Auguste trouvait une sorte de soulagement inexplicable, mais qui donnait du calme à sa vie : un voyage lointain était encore la conséquence forcée de cet horrible dénoûment. Il n’y avait pas de mariage civil.

Aucun incident ne paraissait devoir modifier ces deux prévisions.

Avec le calme que donne une résolution prise, Auguste aborda M. Lebreton, et lui dit, en lui serrant la main.

— Ne parlons plus du nuage qui a passé sur notre tête… n’est-ce pas ?

— Oh ! les voisins ! les voisins ! dit M. Lebreton, en maudissant les environs, par un geste dramatique.

— Les voisins, dit Auguste ; ils ont beau dire qu’ils sont retirés des affaires ; ils sont toujours des industriels en calomnies.

— Parfait ! dit Lebreton, dans un éclat de rire je leur dirai cela le jour que je me brouillerai avec eux.

— Attendez la fin de l’été. On ne doit se brouiller qu’a l’automne avec ses voisins de campagne.

— Voilà une idée ! dit M. Lebreton ; on prétend que le bon sens vient tard, mon cher Auguste ; il est né avec vous.

— Et quand nous serons mariés, reprit le jeune homme, les voisins se tairont.

— Très-bien ! dit le bon père, au comble de la joie. Voyons, mon cher fils… vous avez quelques formalités à remplir… Il faut accélérer tout cela… l’argent accélère tout… je ne le ménagerai pas… le mariage se fera ici… et nous donnerons au village cette bonne aubaine… Je réserve cinq mille francs aux pauvres et un tableau à l’église… Vous voyez cette aile de ma maison ? elle est toute meublée, et fort commode. Vous vous installez là avec ma fille. Vous serez chez vous ; ménage à part. Liberté pour tous !… Le tapissier arrivera ce soir de Paris, pour compléter l’ameublement… Cette chère Louise ! comme je pleurerais, si je ne la donnais pas à un homme comme vous !

Et le bon père se mit à pleurer.

Auguste prit son mouchoir, et en frotta ses yeux pour essuyer des larmes qui n’existaient pas.

— Ce sont des larmes de joie ; elles sont douces, dit Auguste, en cachant le rire derrière son mouchoir.

— Oui… oui… dit Lebreton avec effort.

— Mais, reprit Auguste, dérobons nos larmes à tous les yeux ; on pourrait se tromper sur leur origine… Ah ! les voisins ! les voisins … monsieur Lebreton…

— Appelez-moi cher père, interrompit l’excellent homme.

— Cher beau-père, reprit Auguste, je vais écrire à mon bijoutier de venir demain… Vous me permettez de lui donner votre adresse ?

— Mais certainement, cher fils… Mais pas de dépenses folles, monsieur, entendez-vous ?… De la simplicité, de la simplicité…

— Oui, en tout, excepté en bijouterie, dit Auguste en riant. Un simple cadeau de noce d’une vingtaine de mille francs… Allons, cher père, ne vous fâchez pas ! je ne veux pas dépasser dix-neuf mille… vous voyez que je suis raisonnable.

— Et charmant, j’ajoute, moi, cher fils… Mais vous avez un défaut… ah ! un défaut… rare… la timidité… Au reste, j’avais ce défaut-là aussi… à telles enseignes que, l’avant-veille de mes noces, je n’avais pas encore embrassé ma femme !… C’est comme je vous le dis… Nous étions en famille, dans une loge, au théâtre de… bref, à un théâtre… on jouait une pièce de M. Scribe… lela… n’importe !… un jeune homme chantait à sa fiancée un couplet très-spirituel, où il y avait ceci :

Je voudrais bien prendre un baiser.

À quoi la fiancée répondait… C’était mademoiselle… une actrice très-courue… j’ai oublié son nom ;

Moi, je voudrais le refuser.

Ma fiancée à moi, celle qui devait être ma femme le lendemain, me regarda avec malice… ayant l’air de me dire : Tu es bien novice, mon ami ! Moi, je compris et je devins écarlate… Que voulez-vous ? c’était mon éducation… Je n’avais pas fait de jeunesse comme vous, cher fils ; j’étais un vrai innocentin… Non, non, ne vous excusez pas, ne vous excusez pas, mon gendre ; c’est un noble défaut que vous avez ; on a le temps de s’en corriger après le mariage.

M. Lebreton se récompensa de cette phrase par un grand éclat de rire, et Auguste, qui venait de répandre des larmes fausses, paya de la même monnaie l’hilarité de son naïf interlocuteur. Le duo de gaieté se prolongea ; Auguste aurait voulu qu’il ne finît jamais ; le rire faux le dispensait de parler faux.

La cloche sonna le déjeuner.

— Nous serons très-peu de monde à table, dit Lebreton, un déjeuner de famille : la petite Agnès, ma nièce ; ma fille et moi ; nous nous amuserons.

Louise, aux aguets derrière une persienne, n’avait rien entendu de la conversation à cause de l’éloignement, mais elle avait entendu les bruyants éclats de cette gaieté folle qui annonçait une cordialité si parfaite entre son père et Auguste. Cela lui suffisait. Rien n’était plus doux à son cœur que l’union intime de ces deux hommes. Elle était joyeuse de leur joie, car elle présumait bien que son mariage était le sujet de cet entretien, et que rien ne pouvait désormais s’opposer à son bonheur, puisque les deux maîtres de son destin paraissaient en si parfait accord. Pauvre jeune fille, novice au monde, elle acceptait pour vrai ce que donnent les apparences, et elle descendit à la salle basse avec un visage rayonnant, car elle ne connaissait pas encore l’art de dissimuler sa joie, cette science hypocrite qu’on apprend plus tard lorsqu’on redoute d’effrayer et de mettre en fuite le bonheur, s’il fait mine de venir nous visiter.

Cette première caresse du matin qu’un père donne à sa fille a toujours remué le cœur des plus indifférents. Auguste détourna les yeux pour ne pas voir M. Lebreton embrassant sa fille ; il aurait voulu pouvoir fermer ses oreilles pour ne pas entendre ce bruit charmant qui retentit sur un front virginal, humecté par des lèvres pleines de tendresse. À coup sûr, chez Auguste, cette répugnance ne provenait pas de la jalousie. Quel en était donc le motif ? Auguste, lui-même n’aurait pu répondre à cette question. Il s’avouait tout bas l’effet, il ignorait la cause.

En saluant Louise et Agnès, M. Auguste daigna leur donner un de ces regards qui ne regardent pas ceux qu’on salue. Ces gaucheries étaient toujours mises sur le compte éternel de la timidité.

Sur un signe très-adroit de son père, Louise attaqua la conversation, en parlant d’une fleur d’aloès qui s’était brusquement épanouie, la nuit dernière, dans la serre, et à propos de ce miracle de végétation spontanée, elle dit des choses charmantes, qui étaient aussi des allusions délicates au mutisme obstiné ou à la timidité enfantine de M. Auguste. Cette parole de jeune fille, cette mélodie suave qui se divinise et s’embaume en traversant un clavier de dents de perles, arrivait à l’oreille d’Auguste comme un de ces bruits aigres qui révoltent les nerfs, comme le cri de la vitre sciée par une lime d’acier ; mais le jeune homme comprit qu’il était temps de lutter contre toutes ces répugnances, pour arriver au succès de son plan. Il se composa une figure sereine, écouta Louise avec un sourire presque naturel, et il trouva même en lui assez de courage pour regarder fixement cette merveille de grâce, de mélodie et de beauté.

Enfin, elle n’avait pas perdu ses frais de toilette, la belle enfant ; car c’était pour lui qu’elle prenait tous les jours la douce peine de diminuer sa beauté en sacrifiant à toutes les fantaisies de la mode. Ce jeune homme, pensait-elle, est si recherché, si soigneux dans sa mise, qu’il doit aimer le luxe et l’éclat dans la toilette des femmes. Ce raisonnement ne pénétrait pas avec la même évidence logique dans l’esprit de Mlle Rose, mais la femme de chambre ne s’en prêtait pas moins aux caprices quotidiens de son élégante maîtresse. Rose comprenait que cette dépense de goût et d’étoffes était perdue, dans ses intentions ; mais comme elle éprouvait un plaisir infini à voir cette riche jeune fille épuiser toutes les charmantes inventions du journal des modes, elle l’habillait pour son égoïste satisfaction de soubrette, comme fait la femme pieuse pour la sainte Madone, objet de sa vénération.

Comme sous le Directoire, époque de péril, les femmes ont compris instinctivement, en 1858, qu’il fallait demander à la mode une plus large tolérance. Dans les siècles d’amour, où les hommes se rapprochent des femmes, la mode resserre les plis des étoffes, et prodigue les pudiques intentions sur toutes les coutures ; elle ne montre rien, elle laisse deviner. Quand les hommes s’éloignent des femmes, et préfèrent les questions d’argent aux questions d’amour, la mode change sa stratégie et se relâche dans ses mœurs : elle permet aux fleurs de s’épanouir à l’air libre, et supprime la serre ; elle permet aux trésors de briller au grand jour, et supprime le reliquaire jaloux. Alors, les belles épaules s’arrondissent sur toute la ligne d’un bal, comme les friandises d’un festin de volupté ; les gazes indiscrètes s’échancrent, et découvrent les seins d’ivoire, ces anciens captifs de la pudeur ; on fait rayonner aux bougies l’échantillon excitant de toutes les beautés secrètes, et avec ces belles armes nues, tirées du fourreau, on déclare la guerre aux indifférents, aux infidèles et aux apostats.

La mode est moins frivole et plus intelligente qu’on ne le pense. Le costume de la jeunesse du siècle d’Henri III explique les corsages indiscrets des Médicis. Les mœurs du Directoire expliquent la tunique transparente mise en vogue par Mme Tallien. On pourrait faire ainsi l’histoire morale de la mode depuis la robe ouverte des Athéniennes jusqu’à nos jours. Les femmes ont toujours eu le génie de la défense légitime, plutôt par instinct conservateur que par observation ou raisonnement.

Ainsi placée sous la protection d’une mode à la fois despotique et tolérante, Louise se livrait innocemment à l’admiration de son jeune voisin, et instruite par les continuels éloges de Rose et d’Agnès, elle rayonnait de joie en pensant que la belle fiancée était digne du beau fiancé. Avec quelle adresse de pose, de mouvement, de maintien, elle savait montrer à son futur mari tout ce que le Moniteur officiel de Longchamps lui permettait d’exposer au grand jour ! Avec quelle adorable coquetterie elle secouait la manche pagode, pour laisser voir jusqu’à la fossette du coude un bras du Paros le plus pur, terminé par une main d’enfant ! Hélas ! un observateur profond, témoin de cette scène, aurait cru voir une belle odalisque se mettant en frais de coquetterie pour son stupide gardien.

Auguste avait remis la conversation sur Annibal, et il cherchait toujours des dates historiques au plafond. Pour la première fois, M. Lebreton interrompit par un geste d’impatience les dissertations sur la Campanie et l’embouchure de l’Aufide ; il n’avait plus, comme sa fille, qu’une seule pensée dans l’esprit, et il regardait comme perdu le temps donné à toute autre conversation, même à l’histoire romaine. Au moment où M. Auguste déplorait, selon l’usage, la faute qu’avait commise Annibal en ne marchant pas sur Rome, M. Lebreton frappa sur la table et dit en riant :

— Voilà une faute que vous ne commettrez pas, vous, quand vous serez marié ! Ma fille a une vive passion d’enfance ; elle veut voir la semaine sainte à Rome ; n’est-ce pas Louise ?

— Oui, bon père, dit la jeune fille, en joignant les mains, on dit que c’est la curiosité du monde. Il y a une illumination plus brillante que le soleil d’Italie, et un feu d’artifice, qui est un vrai grand opéra pyrotechnique, avec des cavatines de chandelles romaines, des duos de serpents et de papillons, des chœurs de fusées et des accompagnements d’orchestre tirés par les canons du fort Saint-Ange. C’est Rossini qui en a fait la musique, quand il se nommait Palestrina, sous le pape Marcel.

— Eh bien ! eh bien ! s’écria M. Lebreton en pleurant et riant à la fois, comment les trouvez-vous les jeunes filles de votre génération, mon cher Auguste ? Elles lisent tout, elle retiennent tout, elles savent tout ! Celle-ci a dévoré toute ma bibliothèque en deux ans, sans compter les journaux, les revues, les feuilletons, que sais-je moi ! Mais si les hommes n’y prennent pas garde, ils passeront tous pour des idiots devant leurs femmes. Je ne dis pas cela pour vous, mon cher Auguste, et pour quelques savants de profession, comme vous. À Dieu ne plaise que je veuille médire de vos confrères ! loin de là. Lorsqu’on me montre un homme vêtu de noir dans la rue, et qu’on me dit : Voilà un savant, je me découvre comme devant un corbillard.

— Mais, cher papa, dit Louise, avec vos savants, vous me ferez perdre le voyage de Rome…

— C’est convenu, ma fille, interrompit le père ; autrefois, un mari promettait à sa femme de la conduire à la comédie, dans l’octave des noces ; c’est encore l’usage dans ma province…

— Eh bien ! aujourd’hui, dit Louise, on devrait écrire sur le contrat la promesse du voyage d’Italie.

— Nous l’écrirons, dit M. Lebreton en riant. N’est-ce pas, mon cher Auguste ?

Auguste fit un signe de tête affirmatif, et mit beaucoup d’eau dans son verre où il y avait peu de champagne.

— Moi, dit Lebreton d’un air triomphant, je conduisis ma femme à la comédie ; on jouait le Misanthrope et Bajazet, deux chefs-d’œuvre !

— J’aime mieux le voyage d’Italie, remarqua Louise.

— Eh bien ! il me vient une idée, s’écria le père, en regardant au plafond.

— Ah ! voyons l’idée ! dit Louise, en appuyant ses deux coudes sur le bord de la table, et son menton d’agate sur ses mains.

— Oui, reprit M. Lebreton, oui, mes chers enfants, je vous accompagne en Italie.

— Ah ! quel bonheur ! s’écria la fille en battant des mains.

— Voyons, voyons ! poursuivit le père, en préparant ses doigts pour établir des calculs sur leurs pointes ; c’est aujourd’hui le 24 juin… le plus beau jour de l’année… 25… 26 emplettes… 27… corbeille… 28… 29… détails… préparatifs… publications des bans… 30… juin n’a que trente jours… 1er juillet… nous entrons en juillet… comme le temps passe vite !… 2 juillet, visite à nos parents… à Paris… ananas et primeurs, chez Chevet… le 3, retour à la campagne… 4, à la mairie, 5, l’église… noces et festin… bal… Strauss… le 12, nos visites de mariage et de départ… mettons encore deux jours pour diverses emplettes ; nous partons le 15 juillet, mes enfants !

— Mais, mon bon père, dit Louise, il n’y a pas de semaine sainte en juillet.

— Eh bien ! nous l’attendrons.

— C’est cela ! et nous irons à Naples en l’attendant.

— Et nous emmenons Agnès avec nous, ajouta M. Lebreton.

— Moi, dit Agnès d’un ton sec, je ne voyage que dans Paris.

— Oh ! dit Louise, toi, quand tu nous verras partir tu changeras d’idée.

— Avez-vous vu une joie folle comme celle de Louise, mon cher Auguste ? demanda le père.

— Jamais… jamais… dit Auguste. C’est… c’est une joie qui…

— Donne la joie aux autres, interrompit le père.

— Mais laissez donc finir sa phrase à M. Auguste ! dit Louise.

— Oui, ma fille a raison, achevez votre phrase, mon cher fils.

— Vous l’avez très-bien finie pour moi, monsieur Lebreton ; vous avez ajouté ce que j’allais dire… Une joie qui la donne aux autres.

— Avouez que vous êtes ému, Auguste ? reprit le père. Allons, avouez que vous êtes ému.

— Ému au point de ne pouvoir parler, dit Auguste.

— En effet, monsieur a l’air très-ému, dit Agnès en fredonnant cette phrase sur une gamme ironique.

— Et je sens qu’un peu d’air me fera du bien, reprit Auguste, en regardant du côté de la porte.

— Allez faire un tour de promenade dans le parc, dit M. Lebreton en se levant ; mon cher fils donnez le bras à ma fille.

Auguste fit un mouvement convulsif, et obéit à l’invitation paternelle ; il aurait voulu arriver au succès de son plan du matin sans subir les excessives rigueurs de tous ces détails de familiarité intime. Il fallait pourtant se résigner.

Louise se leva, prit son ombrelle, et fit un pas devant Auguste, pour attendre l’offre du bras. Jamais elle n’avait été plus belle ; l’irradiation du bonheur donnait à son front une auréole ; ses beaux yeux resplendissaient de rayons ; elle avait en marchant les lumineuses ondulations de l’avis spendida, ce merveilleux oiseau de l’équateur, ce diamant ailé, créé par un baiser du soleil.

M. Lebreton, qui marchait avec Agnès derrière Auguste et Louise, remarqua, avec son œil de maître, une ombre agile qui se montra et disparut dans les ténèbres du quinconce.

— Tiens ! dit-il, voilà ce garnement d’Octave qui va jouer son rôle d’espion dans le parc !

Auguste n’avait pas vu l’ombre agile, mais il se fiait à l’œil du maître : changeant tout à coup d’allure, il prit le mouvement grâcieux du promeneur qui cause avec une femme aimée, et il s’abandonna aux charmes d’un entretien intime, pour achever le désespoir de l’espion du parc.

La pauvre Louise voyait enfin disparaître cette timidité qui lui causait tant de peine ; elle trouvait dans Auguste, l’amant qui allait prendre un autre titre ; elle croyait déjà reconnaître la douce puissance de ce maître esclave qu’on appelle un mari. L’âme exaltée de la jeune fille effleurait dans son vol l’azur du ciel.