Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Seigneur, publiquement, mais toujours sans nommer personne, les péchés de toute la Cité. Puis il absout le peuple en l’exhortant à ne pas retomber dans les mêmes fautes, enfin, confessant lui-même à haute voix ses propres péchés, il offre un sacrifice à Dieu, pour qu’il pardonne à la Cité, qu’il l’instruise et la protège. Une fois l’an les chefs de chaque ville sujette aux Solariens viennent faire au Soleil la confession des peuples qu’ils gouvernent, afin qu’il n’ignore pas les maux des provinces et qu’il puisse y remédier par tous les secours temporels et spirituels. Le sacrifice se fait de la manière suivante : Le Soleil demande au peuple quel est celui qui veut s’offrir en sacrifice à Dieu pour ses frères ; le plus saint s’offre de lui-même. Alors, après certaines prières et cérémonies, on le place sur une table carrée, ayant à chacun de ses angles une corde qui descend d’une poulie fixée dans le petit dôme. On demande au Dieu des miséricordes qu’il daigne accepter ce sacrifice humain volontaire. Les Solariens n’offrent pas, ainsi que le faisaient les Gentils, de sacrifices d’animaux, parce qu’ils sont involontaires. À l’instant fixé pour le sacrifice, le Soleil donne l’ordre de tirer les cordes et l’holocauste est élevé jusqu’au centre de la petite coupole. Là, il se livre à de ferventes prières. Les prêtres, qui ont leurs cellules autour de cette coupole, lui donnent des aliments par une des fenêtres, mais en très-petite quantité, jusqu’à ce que l’expiation soit complète. Le pénitent, après vingt ou trente jours de prières et de jeûne volontaire, lorsque la colère de Dieu semble s’être apaisée, devient prêtre, ou bien (mais fort rarement) il revient parmi ses concitoyens, en descendant par l’extérieur du temple, où sont les cellules sacerdotales. Il est traité avec