Page:Œuvres complètes, Impr. nat., Actes et Paroles, tome III.djvu/708

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700 MES FILS. descend plus, ceux qui l’ont aimé et qu’il a aime’s. Le National. 24 octobre 1874. Emile Deschanel. Tout le monde lit, en ce moment, l’adieu sublime du vieux lutteur aux deux jeunes athlètes qui sont tombés ; tout le monde admire ces pages douloureuses, inspirées au grand poëte par la mort de ses fils. . . . Comme le laboureur aux pieds meurtris qui, vers la fin du jour, se retourne vers les sillons qu’il a tracés et d’où sortira la moisson nouvelle, le grand travailleur, vers le soir, jette un regard en arière ; mais ses yeux sont mouillés de larmes. De quelque côté qu’il tourne ses regards, le poëte ne voit qu’objets funèbres. Perdra-t-il courage cependant ? Se déclare-t-il vaincu par les coups redoublés du sort ? Non, s’il pleure, ses pleurs ne sont point stériles ; du fond de sa douleur, le père, le citoyen, l’homme relève encore la tête : il croit et il espère encore. S’il se retourne vers le passé, il ne s’arrête pas pour cela 5 comment Victor Hugo pourrait-il s’arrêter . Ne voyez-vous pas qu’il poursuit sans relâche sa marche immortelle, les yeux pleins de larmes, le coeur plein de foi .-’ ... Ainsi sa souffrance même est fo’conde. Famille, devoir, patrie, humanité. Dieu, tels sont les noms sacrés qui sortent de sa bouche abreuvée de douleur, altérée de justice. En présence de tant de résignation, en lisant ces pages sublimes, la belle parole du grand philosophe antique nous revenait à la pensée : Magnitudo cnm mansiietudine. Le Nord. Octobre 1874. Henri de Bornier. Victor Hugo a vu mourir ses deux fils ; l’exil les lui avait gardés, la patrie, plus cruelle, les lui a pris comme elle lui avait pris sa première fille. Maintenant, il les pleure ; et, devant la douleur du père il n’y aurait qu’à s’incliner sans même ajouter un éloge qui serait malséant ; mais en même temps que la douleur du père il sort de cette âme frappée la plainte du poëte et du maître, et il nous est permis de rechercher ce que le poëte ajoute au père.

! Disons mieux : le poëte et le père se confondent 

si bien dans ce grand deuil, qu’il est impossible de séparer l’un de l’autre. Dans ses deux fils, Victor Hugo ne pleure pas seulement deux natures graves et douces, il pleure deux lettrés, deux écrivains, deux jeunes maîtres. Et il ne les pleure pas seulement en père, il les pleure avec des larmes de poëte de de génie qui ont quelque chose de plus terrible et de plus navrant que les larmes des autres hommes. Le Républicain du Finistère. Octobre 1874. (Non signé.) Rien n’est plus poignant, plus doux et plus touchant que le début de cette oraison funèbre, grande, grave, courageuse, austère. Celui qui seul a su chanter et dire en grand style la candeur et la grâce des enfants, a voulu qu’on connût intimement sa souffrance, et tous ceux qui liront la dernière œuvre de M. Victor Hugo seront comme lui dans la douleur. Nous n’insisterons pas sur cette partie de l’œuvre tout entière consacrée k la souffrance du père, nous nous permettrons seulement d’accompagner de quelques réflexions la page de haute philosophie que nous avons choisie pour l’enseignement des lecteurs du Republicain. Il est de bon goût, paraît-il, dans certain monde, de se rire du grand poëte de notre époque, et de le traiter en enfant quand il entre dans le domaine de la politique ; nous avons toujours, au contraire, le plus grand respect et la plus entière admiration pour l’homme politique, — car la voie suivie par le fils d’une mère vendéenne a toujours été celle du progrès, et M. Victor Hugo n’a jamais eu en vue que l’humayiité et l’amour de l’humanité. Aussi s’élève-t-il sans cesse plus haut que les autres ; grands coups d’ailes il plane sur les événements sanglants et toujours mesquins, parfois jusqu’à être ridicules ; voilà pourquoi les êtres rampants se rient de lui. La République française. 21 octobre 1874. (Non signé.) M. Victor Hugo, en parlant de ses fils, nos confrères, nos amis, nos compagnons de