Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/315

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importants, ne sont que des misères. Comment s'étonner qu'il leur en arrive ainsi, puisqu' ils n'ont jamais rien soupçonné, rien imaginé qui méritât de leur part une contemplation plus assidue ! Si, du reste, jamais ils avaient pu contempler pareillement tout le globe terrestre et l'étendue des mondes, ils auraient cru devoir accorder moins d'éloges à de petites et minces portions, du moment qu'ils en auraient saisi l'ensemble. C'est pourquoi nous dirigeant d'après Aristote, le plus prudent et le plus éclairé des philosophes, et aussi d'après Théophraste, nous dirons, autant que nos moyens nous le permettront, tout ce qu'il en est de l'ensemble de ces mondes ; nous en embrasserons les natures et les fonctions, et nous expliquerons les secrets qui président à leurs mouvements.

Chapitre 1

Le monde entier se compose de l'assemblage du ciel, de la terre et des substances qui tiennent de ces deux natures. Ou encore : le monde, c'est l'ordre embelli par la providence divine et par la vigilance éclairée des dieux, gravitant autour d'un point cardinal (c'est ainsi que je rendrai le mot grec g-kentros, lequel point, solide et immobile, n'est autre que notre terre, où naissent et vivent des animaux de toute espèce. Les parties supérieures sont entourées et couvertes, comme on peut le voir, d'un air limpide qui en est en quelque sorte le tégument ; au-delà est le séjour des dieux, que nous appelons le ciel. Là rayonnent des