Page:Œuvres complètes de Condillac, I.djvu/71

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INTRODUCTION


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La science qui contribue le plus à rendre l’esprit lumineux, précis et étendu, et qui, par conséquent, doit le préparer à l’étude de toutes les autres, c’est la métaphysique. Elle est aujourd’hui si négligée en France, que ceci paraîtra sans doute un paradoxe à bien des lecteurs. J’avouerai qu’il a été un temps, où j’en aurais porté le même jugement. De tous les philosophes, les métaphysiciens me paraissaient les moins sages : leurs ouvrages ne m’instruisaient point : je ne trouvais presque partout que des fantômes ; et je faisais un crime à la métaphysique des égaremens de ceux qui la cultivaient. Je voulus dissiper cette illusion, et remonter à la cause de tant d’erreurs : ceux qui se sont le plus éloignés de la vérité me devinrent les plus utiles. à peine eus-je connu les voies peu sures qu’ils avaient suivies, que je crus apercevoir la route que je devais prendre. Il me parut qu’on pouvait raisonner en métaphysique et en morale avec autant d’exactitude qu’en géométrie ; se faire, aussi bien que les géomètres, des idées justes ; déterminer comme eux le sens des expressions d’une manière précise et inva-