Page:Œuvres complètes de Condillac, II.djvu/76

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a des dieux partout ; ils disposent de tout : donc, il n’y a rien qui ne puisse servir à faire connaître le destin qui nous attend. Par ce raisonnement, les choses les plus communes, comme les plus rares, tout devint, suivant les circonstances, d’un bon ou d’un mauvais augure. Les objets qui inspiraient de la vénération, ayant, par-là, quelque liaison avec l’idée qu’on a de la divinité, parurent surtout les plus propres à satisfaire la curiosité des hommes. C’est ainsi, par exemple, que le respect pour Homère fit croire qu’on trouverait des prophéties dans ses ouvrages.

Les opinions des philosophes contribuèrent à entretenir une partie de ces préjugés. Notre âme, selon eux, n’était qu’une portion de l’âme du monde. Enveloppée dans la matière, elle ne participait plus à la divinité de cette substance, dont elle avait été séparée. Mais, dans les songes, dans la fureur, et dans tous les mouvemens faits sans réflexion, son commerce avec le corps était interrompu : elle rentrait pour lors dans le sein de la divinité, et l’avenir se manifestait à elle.

Les magiciens surent encore se prévaloir des connaissances que la médecine leur procura. Ils profitèrent de la superstition qui attribue toujours à des causes surnaturelles les choses dont l’ignorance ne permet pas de rendre raison.

Enfin, la politique favorisa la divination des prêtres ; car on n’entreprenait rien de considé-