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MONSIEUR LE MARQUIS

de surprises à ses filles quand elles étaient petites ; leur enfance ne fut, pour ainsi dire, qu’un enchaînement de surprises non interrompu.

Elles trouvaient tantôt des bonbons dans leurs sacs à ouvrage, de l’argent dans leurs assiettes à déjeuner, des polichinelles dans leurs lits : c’étaient des petites filles bien heureuses et bien enviées par leurs jeunes amies.

Et madame Bélin, que d’agréables surprises elle éprouva !… chacun des gros diamants qui composaient sa parure lui était venu d’une manière différente.

— Madame, vint lui dire un jour un petit ramoneur, vous venez de laisser tomber votre boucle d’oreille.

Et il lui remit une superbe girandole de diamants.

— Ce n’est pas à moi, mon enfant.

— Si fait, madame, je viens de voir la pareille sur votre cheminée.

Madame Bélin trouva en effet la seconde boucle d’oreille sur sa cheminée… et, plus loin, M. Bélin qui riait de son étonnement, comme un gros bonhomme généreux.

Une autre fois, madame Bélin fut encore plus élégamment fêtée. Elle appelait son chien pour le caresser, et le beau Landry, qui était un chien anglais à poil ras, ne venait pas. Madame Bélin veut savoir quel obstacle le retient, elle court à lui, et voit qu’il est attaché à la commode par une admirable chaîne de diamants ; et M. Bélin était encore là, caché derrière un paravent, qui faisait de gros yeux à Landry pour l’empêcher de remuer, dans la crainte qu’il ne rompît la chaîne.

Toutes ces attentions délicates faisaient le sujet de la conversation pendant un mois. M. Bélin disait avec complaisance d’un homme avare : — Il n’attache pas ses chiens avec des diamants….

Il disait aussi en riant qu’il avait fait à sa fille une agréable surprise : — J’ai deviné qu’elle aimait M. de Marny, je le lui ai donné pour mari… Il ajoutait à cela une foule de malices légères que je vous épargne.

Enfin, M. Bélin n’avait plus qu’une seule personne à surprendre :

Son gendre.