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LETTRES PARISIENNES (1837).

drame de madame la duchesse d’Abrantès, qui vient aussi de publier un roman : l’Exilé. Ce drame et cette comédie seront joués chez M. le comte de Castellane par madame la duchesse d’Abrantès, qui a bien voulu se confier à elle-même les principaux rôles. On parle aussi d’une comédie, par madame Sophie Gay, pour le même théâtre. Oh ! si M. le comte de Castellane voulait être le directeur de l’Odéon seulement pendant une année, quel bonheur pour les arts ! Sa troupe s’est enrichie d’une charmante actrice, dont le nom très-célèbre est cependant un mystère pour tout le monde. Son public s’est enrichi de trois cents personnes de moins ; mais cette année on a supprimé les deux précipices qui ornaient ses deux portes cochères : cela déroutera bien des gens qui s’y étaient accoutumés.

Les chevaux de l’empereur sont ce qui arrête caligula ; Alexandre Dumas a déclaré ce soir qu’il retirerait sa pièce, si les chevaux ne répétaient pas demain.


LETTRE TRENTE-SEPTIÈME.

Les mariages. — Les livres et les fleurs.
23 décembre 1837.

Le grand monde est occupé à se marier ; on n’entend parler que de noces, de contrat, de trousseau, de corbeille, et nous ne savons vraiment pas pourquoi l’on se sert encore de ce mot corbeille, puisque l’élégante et gracieuse corbeille de nos mères a été remplacée par un grand vilain coffre en bois. Ô siècle du positif ! ce qui était jadis de satin blanc se fait aujourd’hui en bois de palissandre ; aujourd’hui toutes les œuvres humaines sont solides et durables, excepté les trônes, excepté les ministères et les lois, excepté toutes les choses qui doivent durer ; la légèreté n’est plus dans les plaisirs, elle est dans les affaires : il faut toujours qu’elle soit quelque part. Mais point de réflexions. On se marie, on se remarie, et l’on fait bien. Les mariages se font aujourd’hui avec une grande pompe, et nous approuvons ce retour aux anciennes idées ; toute cérémonie religieuse doit être imposante ; tout enga-