Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 4.djvu/7

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Les feuilletons publiés dans le journal la Presse, de 1836 à 1848, sous le titre de Courrier de Paris, et signés : Le Vicomte Charles de Launay, après avoir servi de modèle aux innombrables imitations que le succès en a fait faire, méritaient, par ce succès même, de rester comme de précieuses empreintes des mœurs et des usages, des modes et des ridicules, des prétentions et des travers, de l’esprit, enfin, de notre temps. Quelle place aurait aujourd’hui sur les rayons de toutes les bibliothèques une pareille correspondance datée de chaque siècle ! C’est cette pensée qui nous a déterminés à réimprimer sous ce titre : le Vicomte de Launay, Lettres parisiennes, et avec le véritable nom de l’auteur, madame Émile de Girardin, cette inimitable correspondance, tour à tour si légère et si profonde, toujours vraie, toujours sensée, et qui atteste à quel degré l’auteur de Madeleine et du Lorgnon, de Cléopâtre et de l’École des Journalistes, de Lady Tartuffe et de Judith, de La joie fait peur et du Chapeau de l’horloger, savait allier la flexibilité de l’esprit à la puissance de l’imagination.

Les Lettres parisiennes, réimprimées en quatre volumes, sont l’histoire de Paris de 1836 à 1848, c’est-à-dire l’histoire du Paris qui échappe à l’Histoire.

L’Histoire, qui se complaît à buriner les batailles, les victoires, les revers, les gloires, les fautes, les persécutions des règnes qui se suivent, ne s’arrête pas à crayonner les usages, les modes, les futilités, les ridicules, les travers, les prétentions des époques qui se succèdent.

Mais la preuve que ces ombres sont nécessaires au tableau,