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LE VICOMTE DE LAUNAY.

— Non… les Français sont envieux des Françaises, et ils ont raison…

Un Italien a plus d’esprit qu’une Italienne,

Un Espagnol a plus d’esprit qu’une Espagnole,

Un Allemand a plus d’esprit qu’une Allemande,

Un Anglais a plus d’esprit qu’une Anglaise,

Un Russe a plus d’esprit qu’une Russe,

Un Grec a plus d’esprit qu’une Grecque ;

Mais une Française a plus d’esprit qu’un Français !

Hâtons-nous de dire que nous ne parlons pas des hommes d’esprit, des hommes supérieurs de France. D’abord, un homme d’un esprit complet est de tous les pays, ce qui ne l’empêche pas d’être plus particulièrement du sien ; mais il n’est pas de génie sans universalité ; ensuite, un homme d’esprit a toujours plus d’esprit qu’une femme d’esprit, par l’excellente raison qu’un homme supérieur, un homme de génie, dans la perfection de sa nature, réunit toutes les qualités de l’intelligence : les qualités de l’homme et les qualités de la femme, la force de l’un et la délicatesse de l’autre. Et la preuve qu’il possède toutes les qualités de la femme, c’est qu’il en a aussi tous les défauts : il est capricieux, nerveux, impressionnable, inquiet, susceptible, jaloux comme un enfant gâté ; il est aussi doué de finesse et d’adresse, ce qui ne devrait pas être permis quand on a déjà pour soi l’énergie et la ténacité… Le génie d’une femme (une brillante exception ne prouve rien) ne possède pas ce double avantage ; il n’a jamais ni les qualités ni les défauts masculins, alors même qu’il s’exerce le plus à les acquérir. L’énergie factice et fébrile qu’une femme donne à son talent par l’excitation est toujours stérile et passagère ; après ces excès, ces attaques d’épilepsie intellectuelle, elle retombe dans le vague, plus faible et plus déroutée ; car elle n’obtient jamais cette énergie d’emprunt qu’aux dépens de sa force naturelle, qui n’est point, comme celle de l’homme de génie, dans la violence des passions, dans la gravité des études, dans la vigueur des pensées, mais dans la profondeur des observations, dans l’exaltation des croyances, dans la sublimité des sentiments.

« Comment, nous dira-t-on, avec de telles idées, excusez-