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LE VICOMTE DE LAUNAY.

— Qu’avez-vous remarqué de nouveau cette année dans la littérature de plein vent ?

— Les transformations innombrables des Mystères de Paris. On vous les offre partout, en pantomime et en pain d’épice. Je me suis arrêté devant une baraque dont l’affiche pompeuse représentait tous les personnages de ce roman célèbre : on y lisait ces mots : Mystères de Paris, par Eugène Sue, scène mimique par M. Julien. Et ce même M. Julien figurait tour à tour la Goualeuse, Jacques Ferrand, Rigolette, Pipelet, madame d’Harville, le Maître d’école, lady Sarah et Tortillard. Le public exercé reconnaissait à l’instant tous ces personnages ; moi, je l’avoue, dans chacun d’eux je n’ai jamais très-bien reconnu que M. Julien. Cela se passait au son d’une musique agréable : c’était la seule nouveauté.

Troisième ami ; troisième question : Concert aux Tuileries en l’honneur de madame la duchesse de Kent.

— Qui donc chantait à ce concert ?

— Duprez, Barroilhet, Levasseur, Massol, M. et madame Balfe, et madame Dorus, qui a eu beaucoup de succès.

— Avez-vous remarqué là de bien belles femmes ?

— Oui, plusieurs qui étaient très-jolies, et une qui était trop belle.

— Comment est-on trop belle ?

— Quand on a une taille d’un mètre quatre-vingt-quinze centimètres, et que l’on dépasse de toute la hauteur de sa guirlande les plus grands officiers de carabiniers.

— Les parures étaient-elles brillantes ?

— Un peu trop simples ; le côté des femmes manquait de panaches.

— Mais il y avait beaucoup de diamants ?

— Ce n’est pas la saison.

— Comment était madame la duchesse de Kent ?

— Elle était en noir.

— Et madame la duchesse de Nemours ?

— Elle était tout en rose, coiffée avec des marabouts roses ; tout le monde l’admirait, jamais elle n’avait paru plus belle.

— Vous n’aviez pas vu le roi depuis quelque temps, comment l’avez-vous trouvé ?